Déprime à Laval: mauvaise nouvelle à la Place Bell

Déprime à Laval: mauvaise nouvelle à la Place Bell

Par David Garel le 2025-10-21

On assiste à un revirement de situation complet à Laval: le Canadien de Montréal n’a plus de relève dans la ligue américaine... ou presque...

Ce qu’on voit à Laval cette saison n’a rien d’excitant.

Un club-école pratiquement vide, un vestiaire sans moteur offensif, et surtout, une absence criante de jeunes capables de forcer la main à la grande organisation.

C'est ce qui arrive quand l'équipe en haut termine sa reconstruction et est remplie de talent.

À Laval, tout est terne.

Les estrades sont pleines, le public fidèle, mais la glace, elle, raconte une autre histoire : une équipe sans profondeur, sans inspiration, sans avenir immédiat.

Et c’est ce qui inquiète le plus dans l’entourage du Canadien de Montréal : le fameux “pipeline” d’espoirs, si vantée ces dernières années, si important pour la profondeur en cas de blessure... fait pitié...

Ce n’est pas une surprise pour les recruteurs de la LNH : le Rocket, aujourd’hui, n’a aucun joueur dominant, à part Jacob Fowler le futur Carey Price et Adam Engstrom, qui cogne à la porte de la LNH.

Il n’y a pas si longtemps, la Place Bell vibrait d’une euphorie contagieuse.

Le Rocket de Laval dominait la Ligue américaine, empilait les victoires et faisait rêver leurs fans avec des jeunes prêts à frapper à la porte du grand club.

C’était une époque bénie où chaque match à Laval donnait le sentiment de voir éclore la prochaine génération du Canadien.

Mais aujourd’hui, le rêve s’est effondré.

Ce qui se déroule à Laval cette saison, c’est le prix caché d’une reconstruction réussie.

Tout le talent est désormais à Montréal.

Et ce qu’il reste dans la filiale, c’est une coquille vide, un alignement bricolé, des vétérans de passage et quelques espoirs égarés dans un contexte sans étincelle.

En l’espace d’une saison, Laval est passé du club le plus redouté de la Ligue américaine à une équipe qui peine à aligner deux trios capables de créer du jeu.

L’an dernier, le Rocket avait une fiche de 48-19-5, atteignant le carré d’as en séries.

On se demandait même si le Canadien aurait assez de place pour accueillir tous les jeunes prometteurs.

Résultat, un an plus tard : un seul d’entre eux a obtenu un poste permanent à Montréal, Oliver Kapanen.

Ironie du sort, Kapanen n’a même jamais joué un match régulier à Laval.

C’est dire à quel point le modèle de développement est devenu une illusion.

Car dans la Ligue américaine, on forme rarement des vedettes.

On y façonne des soutiens, des troisièmes trios, des gardiens, des soldats de transition.

Les vrais talents, eux, filent directement dans la grande ligue.

C’est ce qui explique pourquoi Laval se retrouve aujourd’hui à sec.

Tout le talent est monté.

Montréal aligne cette saison cinq nouveaux joueurs : Ivan Demidov, Noah Dobson, Zachary Bolduc, Joe Veleno et Oliver Kapanen.

Demidov a trop de talent pour passer par la ligue américaine, alors que Kapanen est NHL-ready, lui qui a seulement joué en séries à Laval et qui a fait ses classes en Europe.

Le grand club a simplement siphonné toute la qualité disponible.

À Laval, le constat est brutal : les meilleurs sont partis, les autres plafonnent.

David Reinbacher, blessé, n’a toujours pas amorcé sa première vraie saison complète.

Sean Farrell, jadis perçu comme un petit génie offensif, n’inspire plus personne.

Filip Mesar et Jared Davidson, autrefois présentés comme de futurs atouts offensifs, sont maintenant devancés par Demidov, Bolduc, Kapanen… et même par Michael Hage, encore à l’université.

Rafaël Harvey-Pinard (club-école des Penguins) et Alex Barré-Boulet (club-école du Colorado), symboles de la cuvée dprécédente de plombiers, ont été balayés du décor et continuent leur carrière ailleurs.

Les partisans vont encore remplir la Place Bell, mais il n’y a plus de relève à regarder grandir.

Parmi ceux qui restent, Joshua Roy est le seul nom qui suscite encore un minimum d’intérêt.

Mais même lui semble fatigué, à bout de souffle, enfermé dans une relation d’amour-haine avec l’organisation. Et le voilà rappelé pour le voyage dans l'ouest.

Chaque rappel est une promesse brisée, chaque renvoi un pas de plus vers la sortie.

Roy avait tout pour réussir : un flair offensif rare, une intelligence de jeu supérieure, un profil de marqueur naturel.

Mais son développement a été mal géré.

Un soir, on lui demande d’être un grinder.

Le lendemain, un fabricant de jeu.

Et maintenant, il est dans la vitrine.

Sa présence à Laval ne sert plus à apprendre, mais à maintenir un mince espoir de valeur marchande.

C’est tragique, car c’est l’un des rares jeunes Québécois qui avait réussi à rallumer l’étincelle locale.

Pour combler les trous, le Rocket s’appuie sur une poignée de gabarits :

Florian Xhekaj, Luke Tuch, Tyler Thorpe.

Trois gaillards qui aspirent tout au plus à des rôles de quatrième trio dans la LNH.

Des joueurs utiles, mais sans réel potentiel offensif.

À 23 ans, Luke Tuch est déjà à la croisée des chemins.

Florian Xhekaj, malgré son intensité, reste un projet brut.

Et Thorpe ne semble pas avoir la vitesse pour suivre le rythme moderne.

À court terme, ils serviront à protéger les plus jeunes.

Mais à long terme, ils ne changent rien à la trajectoire du club.

En défense, le portrait n’est pas plus reluisant.

Le cas le plus frappant est celui d’Adam Engström.

À 21 ans, il est prêt pour la LNH.

Mais le Canadien lui a préféré un vétéran de 26 ans, Marc Del Gaizo, simplement pour combler la profondeur dans les estrades lors du voyage dans l’Ouest.

C’est un symbole : même pour le poste de 7e défenseur, on choisit la sécurité au lieu de la progression.

Engström, pourtant doté d’un bon potentiel, se retrouve prisonnier d’un embouteillage derrière Struble, Xhekaj, Guhle, Matheson et Dobson.

Il n’a plus d’espace pour respirer.

Quant aux autres défenseurs à Laval, ils approchent la trentaine.

Des joueurs honnêtes, mais qui ne feront jamais le saut.

Même William Trudeau, blessé, semble écarté du plan à long terme.

Le seul rayon d’espoir dans tout cette déprime c’est Jacob Fowler.

Le jeune gardien de 20 ans incarne l’avenir du filet montréalais.

Posé, calme, concentré, il inspire déjà la confiance qu’on n’a jamais eue avec Montembeault.

Mais il est seul.

Et le pire, c’est que même à ce poste, la hiérarchie est floue.

Car à Montréal, Jakub Dobeš vole la vedette en ce moment, avec des performances qui forcent la direction à réévaluer la succession.

Fowler, pourtant censé dominer à Laval, se retrouve donc dans une situation paradoxale :

il performe, mais personne ne regarde.

L’ambiance, à Laval, reste extraordinaire.

Le bâtiment est magnifique, le public fidèle, le hockey local vivant.

Mais sur la glace, c’est une autre histoire.

Ce n’est pas qu’on joue mal, c’est qu’on ne joue pour rien.

Le Rocket est devenu un club décoratif, sans fonction claire.

Un organisme vivant qui respire, mais qui ne produit plus de sang neuf.

Et quand on y pense froidement, la situation est logique :

Le Canadien a monté tout son talent.

Laval ne développe plus rien, parce que le bassin d'espoirs a sauté une étape.

C’est le paradoxe du succès.

Quand tu reconstruis bien, tu finis par vider ta base.

Montréal a monté tous ses joyaux en un temps record, et maintenant, la filiale paye la note.

C’est la loi du hockey moderne : les meilleurs jeunes ne passent plus par les rangs mineurs.

Ils sont prêts à 19 ou 20 ans, ou ils restent en Europe ou en NCAA jusqu’à leur pleine maturité.

Michael Hage devrait passer de la NCAA à la LNH directement, alors qu'Alexander Zharovsky devrait aussi passer de la KHL à la LNH sans passer par la ligue américaine.

Et pour le partisan lavallois, c’est dur à avaler.

Parce que pendant que Montréal s’enthousiasme pour Demidov et Hutson, Laval s’apprête à jouer une saison de survie, sans espoir, sans star, sans but réel.

La situation du Rocket est la conséquence directe d’une organisation qui monte, pas qui tombe.

Mais sur le plan sportif, c’est d’une tristesse infinie.

Laval ne sert plus à rêver : Laval sert à patienter.

Le prochain joueur qui recevra les passes de Lane Hutson ou de Nick Suzuki n’est pas à Laval.

Et tant que cette réalité demeurera, la Place Bell sera triste à mourir...