Jacob Fowler veut se faire rappeler dans la LNH.
Il y a parfois, dans une organisation sportive, des non-dits qui deviennent tellement lourds qu’ils finissent par étouffer tout le monde.
Et aujourd’hui, dans l’entourage du Canadien de Montréal, ce non-dit porte un nom très précis : Jacob Fowler. L’espoir numéro un devant le filet, dominant à Laval, mûr avant l’heure, prêt depuis des semaines et pourtant, toujours ignoré par un club qui s’enfonce dans une spirale de défaites et d’hésitations.
Selon des gens de son entourage, Fowler ne comprend plus pourquoi on le garde en bas.
Il répète qu’il est prêt pour la LNH, qu’il n’est « pas trop jeune », qu’il a « se sent NHL-ready ». Il dit littéralement à ses proches qu’il attend l’appel du CH chaque soir, qu’il garde son téléphone ouvert après les matchs, convaincu que l’organisation va finir par le rappeler.
Cet appel ne vient jamais. Et ce silence n’a qu’une seule explication : Le Canadien ne veut pas gagner maintenant. Fowler n’est pas naïf. Il voit tout.
Il voit Samuel Montembeault qui est au fond du gouffre : moyenne de buts alloués de 3,71, pire que tous les gardiens numéro un du circuit sauf Joel Hofer, et un taux d’efficacité qui traîne sous le seuil du respect (852).
Non seulement il accorde trop de buts, mais il accorde des buts faibles, des tirs sans écran, des lancers qui démoralisent l’équipe.
Dobeš, de son côté, a littéralement explosé depuis son départ canon : 22 buts accordés à ses six derniers matchs, deux matchs où il a été retiré après une demi-rencontre, une moyenne de buts alloués qui frôle les 4,40, et un pourcentage d’arrêts sous .815 en novembre.
Quand Fowler voit que le CH présente un taux d’arrêts combiné de .845 en novembre, ce qui est catastrophique dans la LNH moderne, il comprend encore moins pourquoi l’organisation refuse de simplement faire ce que toutes les autres équipes feraient : rappeler le seul gardien de l’organisation qui arrête réellement les rondelles.
Il voit Martin St-Louis, décontenancé et sauter sa coche en parlant de ses gardiens aux médias.
Il voit le vestiaire perdre confiance dans ses gardiens. Et surtout, il voit Kent Hughes refuser obstinément de réparer la situation.
Ce qu’il ne peut pas accepter, c’est d’entendre que « c’est trop tôt » pour lui, alors que l’histoire du Canadien, et de la LNH moderne, dit exactement le contraire.
Ce n’est pasvrai qu’un gardien doit attendre 150 matchs en LAH avant d’arriver dans la LNH. C’est une mentalité de perdant, une mentalité de peur, une mentalité d’organisation qui a oublié comment on forme des gagnants.
Le journaliste de La Presse, Mathiais, Brunet rappelle des évidences historiques que les dirigeants du CH font semblant d’ignorer :
Patrick Roy, LNH et Coupe Stanley à 20 ans.
Carey Price, LNH à 20 ans.
Martin Brodeur, LNH à 21 ans.
Roberto Luongo, LNH à 20 ans.
Marc-André Fleury, LNH à 18 ans.
Carter Hart, LNH à 20 ans.
Jesper Wallstedt, deux matchs à 21 ans, dominant à 23 ans.
Yaroslav Askarov, deux matchs à 21 ans, partant à 23 ans.
Spencer Knight, premiers matchs à 19 ans, auxiliaire à 20 ans.
Tous ces gardiens ont franchi la barrière bien avant 22 ans. Tous ont grandi en jouant dans la ligue, pas en se tournant les pouces dans la LAH en attendant que les propriétaires décident que c’est « le bon moment ».
Jacob Fowler le sait. Il a dominé à Boston College. Il domine à Laval. Il domine chaque fois qu’il monte de ligue.
Et il regarde le CH se noyer en se faisant dire qu’il doit « attendre ». Pour lui, c’est incompréhensible.
Selon ce qui circule dans les coulisses, Martin St-Louis veut Fowler. Il voit le calme, les rebonds contrôlés, la lecture du jeu, la technique.
Il voit, surtout, un gardien mentalement stable, ce que Montembeault et Dobeš ne sont plus.
Mais St-Louis n’a plus le dernier mot.
Et il le sait.
Kent Hughes, lui, a une vision très différente : garder Fowler en bas coûte que coûte, protéger le développement, éviter le scénario Primeau, et, surtout, laisser la saison se détériorer suffisamment pour entrer dans la loterie Gavin McKenna.
Ce n’est pas dit publiquement, mais c’est un secret de polichinelle : il semble que le CH ne veut pas se battre pour une 8e place cette année.
Le top-5 du repêchage 2026 est beaucoup trop riche :
Gavin McKenna, le futur Connor McDavid.
Tynan Lawrence, centre élite two-way, le futur Nicolas Hischier.
Keaton Verhoeff, le défenseur, futur Ekblad-Pronger.
Ethan Belchetz, ailier Slafkovsky-like mais plus complet.
Ivar Stenberg, le petit ailier suédois explosif.
Alberts Smits, monstre défensif en Liiga.
L'Est est congestionné. Hughes voit une opportunité : laisser la pente glisser. Fowler, lui, le comprend. Et ça le tue.
À ses proches, Fowler le dit sans détour : il se sent prêt pour la LNH maintenant. Fowler ne se voit pas comme un projet. Il se voit déjà comme la solution immédiate, et il ne comprend pas pourquoi l’organisation refuse de le traiter comme tel.
Le Canadien préfère s’enfoncer plutôt que de donner une chance à son meilleur gardien.
Mais tant que Kent Hughes verra McKenna, Verhoeff ou Belchetz en néon devant lui, Fowler restera en bas…
Martin St-Louis va sauter une coche...
