Double transaction CH-Flyers-Ducks: Kent Hughes regrette sa vie

Double transaction CH-Flyers-Ducks: Kent Hughes regrette sa vie

Par David Garel le 2025-11-15

Kent Hughes a dû passer une nuit blanche hier soir.

Le hockey devient une leçon d’humilité pour le DG du CH au moment où l'on se parle.

Hier, à St-Louis, le spectacle était brutal pour quiconque suit encore le Canadien de Montréal avec un minimum d’espérance. 

Christian Dvorak et Trevor Zegras ont encore une fois pris d’assaut la LNH, cumulant buts, passes, et domination dans les deux sens de la patinoire, dans une victoire spectaculaire de 6-5 des Flyers de Philadelphie contre les Blues de St-Louis.

2 buts 1 passe pour Dvorak. 2 buts 1 passe pour Zegras... et le but de la victoire en fusillade:

Pendant que Montréal, impuissant, réalise l’étendue du désastre : Kent Hughes a laissé filer deux joueurs qui auraient transformé son équipe.

La scène résume à elle seule la tragédie : Zegras et Dvorak, côte à côte sur le banc des Flyers, complices, efficaces, dangereux à chaque présence.

L’un redonne du sens à l’expression “hockey intelligent”, l’autre fait lever les foules par ses gestes de génie. Et dire qu’ils auraient pu être tous deux au Centre Bell, sous les couleurs du Tricolore.

D’abord, Christian Dvorak. L’attaquant que tout le monde croyait fini à Montréal, usé, incapable de renaître. Il est aujourd’hui méconnaissable.

À Philadelphie, Rick Tocchet l’utilise comme pivot défensif du top 6, entre Trevor Zegras et Owen Tippett, et les résultats sont spectaculaires : 5 buts, 7 passes, 12 points en 17 matchs, un différentiel de +5, et un rendement constant dans les deux sens de la patinoire.

Tocchet, pourtant avare de compliments, l’a dit sans détour :

« C’est notre joueur le plus complet depuis le début de la saison. Il mérite d’être dans la conversation pour le trophée Selke. »

Dvorak ne se contente pas d’empiler les points : il gagne des mises au jeu cruciales, il tue les pénalités, il dicte le tempo en zone neutre.

Il ne joue même pas sur le jeu de puissance. Tout ce qu’il fait, il le fait à cinq contre cinq, dans les zones sales, contre les meilleurs trios adverses. À Montréal, on l’a laissé partir presque sans un mot, convaincu que Jake Evans pouvait assumer le même rôle pour moins cher.

Et c’est là que la première erreur de Kent Hughes prend toute son ampleur. Le DG croyait avoir fait une affaire en préférant Evans à Dvorak.

On disait que son contrat à 2,85 millions de dollars par saison était une aubaine, qu’il représentait une économie intelligente dans une ère de plafond salarial serré. Mais la réalité donne mal au coeur : Evans s’effondre, tandis que Dvorak s’impose.

Evans affiche maintenant un différentiel de -11, un des pires de toute la ligue. Seulement cinq joueurs font pire. Et c’est d’autant plus alarmant qu’il est censé être un joueur défensif qui ne sert à rien offensivement.

Même dans les années noires du Canadien, Evans parvenait à maintenir des statistiques raisonnables, souvent envoyé contre les meilleurs adversaires.

Aujourd’hui, il est constamment dépassé, perd ses mises au jeu, rate ses couvertures. Il se défend en disant que « le différentiel est une statistique surestimée », mais les faits donne mal à la tête : il nuit à son équipe.

Ce n’est pas un manque d’effort, c’est un manque d’impact. Evans est devenu un joueur neutre dans une ligue qui n’a plus de place pour la neutralité. La différence avec Dvorak est cruelle pour Kent hughes. L’un accumule les points et les victoires, l’autre accumule les excuses.

Et c’est là que la deuxième erreur de Kent Hughes vient enfoncer le clou : le refus d’inclure Evans dans l’offre qui aurait permis au Canadien d’obtenir Trevor Zegras.

Daniel Brière, lui, n’a pas hésité. Les Ducks voulaient un centre de soutien et un choix de deuxième ronde. Les Flyers ont envoyé Ryan Poehling, un choix de deuxième tour et un choix de quatrième.

Montréal aurait pu offrir la même chose, avec Evans en pièce principale. Hughes a refusé. Résultat : Zegras brille à Philadelphie, Montréal se morfond dans la banalité.

Zegras, lui, vit un début de saison d’exception. 6 buts, 13 passes, 19 points en 17 matchs. Le plus spectaculaire, c’est qu’il ne se contente plus d’être un joueur de finesse. Il défend, il se replie, il s’engage physiquement.

Tocchet le décrit comme un « prodige qui apprend à jouer un hockey complet ». Il est le meilleur joueur de l'histoire de la LNH en fusillade avec un pourcentage d’efficacité supérieur à 66 %. Hier encore, il a scellé la victoire des Flyers en tirs de barrage... les yeux fermés...

Et pendant que Zegras et Dvorak réinventent le jeu ensemble à Philadelphie, Montréal continue de justifier son immobilisme par la « culture ».

Une culture de prudence, de peur, de petits calculs. La même qui a conduit le club à refuser d’aller chercher Matvei Michkov, la même qui l’a poussé à prolonger Evans plutôt qu’à parier sur le talent.

Ce qui rend cette double erreur encore plus insupportable, c’est le contexte. Avant sa prolongation, plusieurs équipes comme le Wild, les Devils, les Kings et même le Lightning de Tampa Bay s’étaient montrées agressives pour obtenir Evans.

À la date limite des transactions, Tampa Bay offrait un choix de deuxième ronde et un espoir. Montréal a dit non, croyant avoir trouvé son pilier défensif. Aujourd’hui, ce même Evans est invendable, surpayé, sans valeur de marché.

Le verdict montre Hughes coupable sur toute la ligne : le DG a manqué deux rendez-vous historiques. Il aurait pu avoir Dvorak sous contrat à long terme.

Le joueur voulait rester à Montréal et aurait accepté 5 millions par année sur plusieurs saisons. Il aurait pu échanger Evans pour Zegras, et bâtir un trio explosif Dvorak–Zegras–Demidov, qui aurait incarné l’avenir offensif du Canadien.

Au lieu de ça, il a choisi la sécurité, et le Canadien est redevenu cette équipe qui se contente de « travailler fort » pendant que d’autres gagnent.

Aujourd’hui, Dvorak flambe à Philadelphie, Zegras est en route vers une prolongation qui fera exploser la banque, et Montréal se débat avec une ligne Evans–Gallagher–Anderson qui peine à créer une seule occasion de qualité par match. Ce n’est pas une simple erreur de gestion. C’est une faillite de vision.

Pendant que Daniel Brière transforme les Flyers en une équipe redoutée de la Conférence Est, Kent Hughes... ne dort plus..

Il répète qu’il faut « bâtir sur des bases solides », mais il oublie que sans audace, une base solide devient une prison.

Si le Canadien veut redevenir pertinent, il devra un jour cesser de craindre le talent. Il devra accepter que des joueurs comme Zegras et Dvorak, avec leurs imperfections, sont ceux qui font gagner des matchs. Tant qu’il misera sur des Evans, il ne fera que prolonger la reconstruction.

Et quand Trevor Zegras, à Philadelphie, soulèvera un trophée ou Christian Dvorak obtiendra une nomination au Selkie, il faudra se souvenir de cette phrase : Montréal aurait pu les avoir tous les deux.