Déconfiture Montréal-Anaheim: Jake Evans annonce sa chute

Déconfiture Montréal-Anaheim: Jake Evans annonce sa chute

Par David Garel le 2025-11-02

Rien ne va plus pour Jake Evans. Rien. Celui qui devait être la conscience défensive du Canadien, le meneur invisible des missions ingrates, s'effondre devant nos yeux.

Hier soir, contre les Sénateurs d’Ottawa, il a offert l’un des pires matchs de sa carrière. L’un de ces soirs où chaque présence semble un cauchemar, où le joueur perd ses repères, son intensité, et jusqu’à sa raison d’être sur la glace.

Il a été directement responsable sur le troisième but des Sénateurs, celui qui aurait dû sceller le sort du match avant qu'Ivan Demidov sauve le derrière du plombier et de Samuel Montembeault en égalisant le match.

Il a littéralement offert la rondelle à l’adversaire. La Presse ne l’a pas raté. Tous les chroniqueurs ont dit la même chose : Evans n’est plus le même joueur. Le fameux trio des « vétérans », Anderson, Gallagher, Evans, censé incarner l’expérience et la sécurité, est devenu le point faible du Canadien.

Une unité qui ne génère rien offensivement, qui peine à défendre, et qui se fait dominer à cinq contre cinq.

C’est d’autant plus inquiétant que le Canadien, collectivement, va bien. Neuf victoires en douze matchs, un rythme de tête de division, une énergie retrouvée.

Et au milieu de cette euphorie, Evans semble hors tempo. Son différentiel de -6, dans une équipe qui gagne, est une gifle statistique. Il n’a qu’un but (un but de consolation marqué dans un filet désert) et une maigre passe en douze matchs.

Sa fiche avancée est encore plus cruelle : son taux de possession est une honte et son incapacité à créer la moindre menace donne mal au coeur.

Bref, l’homme qui devait stabiliser la quatrième ligne l’enfonce dans le sable.

Le plus troublant, c’est que ce déclin n’a rien d’un accident. Depuis le début de la saison, Evans semble vidé, sans conviction.

Son coup de patin, qui n'a jamais été sa force, manque d’explosivité, sa lecture du jeu est hésitante, son instinct défensif, autrefois redoutable, semble complètement perdu.

Plusieurs observateurs à Brossard l’ont remarqué : Evans n’est plus le joueur hargneux qui multipliait les replis et les sacrifices. Il patine par automatisme. On dirait un vétéran usé, pas un joueur de 29 ans censé être dans la force de l’âge.

Et tout ça ramène à une question qui dérange : à quoi sert Jake Evans aujourd’hui? Il n’est pas offensif. Il ne produit pas. Il ne neutralise plus les meilleurs adversaires.

Son rôle, celui de « shutdown center », n’a de sens que si le rendement suit. Or, depuis le début de la saison, il nuit plus qu’il aide. Et quand on réalise qu’il gagne 2,85 millions de dollars par année pour encore trois saisons après celle-ci, le malaise devient lourd.

On avait vanté cette signature comme l’un des « deals » les plus rentables de Kent Hughes. On disait que c’était un contrat intelligent, un pari sur la fiabilité, la constance. Aujourd’hui, c’est tout le contraire. Evans est devenu un fardeau. Pas assez performant pour un troisième centre, trop cher pour un quatrième, trop limité pour un rôle offensif, trop inconstant pour un rôle défensif.

Les critiques médiatiques ne laissent plus de place à l’ambiguïté. La Presse, RDS, BPM Sports, TVA Sports, tout le monde l’a noté : Evans semble perdu.

Les mots employés sont durs. « Invisible », « dépassé », « hors synchronisation ». Un vétéran qui devait être un la pierre angulaire du 4e trio est devenu une faiblesse évidente.

Et le plus inquiétant, c’est qu’il tire vers le bas ses compagnons de trio. Josh Anderson, déjà en panne de confiance, et Brendan Gallagher, pourtant combatif, n’arrive plus à compenser pour son corps magané, lui qui pompe l,huile comme jamais.

Le trio, sur papier, devait être celui qui fatigue l’adversaire, qui impose le rythme, qui ferme les espaces. Dans les faits, il donne du souffle aux équipes adverses.

Les images d’hier soir parlent d’elles-mêmes : Evans a perdu trois rondelles en zone neutre, raté deux dégagements simples, et laissé son homme libre sur le troisième but.

Ce sont des fautes mentales, des fautes de concentration, pas des fautes techniques. Ce genre d’erreur n’arrivait jamais avant. Et c’est peut-être là le plus inquiétant : Evans n’a plus cette étincelle, cette intensité nerveuse qui le rendait indispensable. Il ne dégage plus rien. Il subit le jeu.

La différence avec le reste du groupe est saisissante. Pendant que des jeunes comme Newhook, Slafkovský ou Demidov multiplient les efforts pour justifier leur place, Evans semble résigné.

Même ses coéquipiers paraissent le protéger du bout des lèvres. Suzuki, après le match, s’est contenté de dire :

« On a tous des soirs difficiles. »

Le message est clair: on ne veut pas l’enfoncer, mais on voit le problème.

Et dire que ce même Jake Evans a failli être la clé d’une transaction qui aurait changé le visage du Canadien. Anaheim réclamait un centre de soutien et un choix pour libérer Trevor Zegras.

Daniel Brière l’a compris et a sauté sur l’occasion.

La transaction entre Anaheim et Philadelphie a pris tout le monde par surprise par sa simplicité. Les Ducks ont envoyé Trevor Zegras aux Flyers en retour de Ryan Poehling, d’un choix de deuxième ronde (45e au total) et d’un choix de quatrième ronde.

Un prix dérisoire pour un joueur de 24 ans dont le talent sort par les oreilles. Daniel Brière a sauté sur l’occasion pendant que Kent Hughes, lui, refusait d’inclure Jake Evans dans une offre similaire. Les Flyers ont mis la main sur un talent élite pour presque rien, pendant que le Canadien est resté immobile.

Le refus d'inclure Jake Evans déjà absurde à l’époque, paraît aujourd’hui grotesque. Le Canadien aurait pu obtenir Zegras pour un prix dérisoire : Evans, un choix de deuxième tour et un de quatrième.

Mais Hughes a dit non. Il a préféré garder son « shutdown center », un joueur défensif qui, un an plus tard, n’arrive même plus à être sécuritaire avec la rondelle.

Evans n’est pas un mauvais gars. Il est apprécié, professionnel, discipliné. Mais le hockey de la LNH ne récompense pas l'attitude. Il récompense l’efficacité. Et aujourd’hui, Evans ne livre pas.

Son contrat, signé comme une aubaine, est devenu un piège. Le genre de contrat qui empêche une équipe de bouger et qui bloque la progression de jeunes comme Owen Beck.

Honnêtement, le plus triste dans tout ça, c’est de voir un joueur aussi intelligent sur la glace perdre sa confiance au point de devenir inutile.

Evans était un exemple. Il s’était taillé une place à force d’efforts, de persévérance, de courage. Mais la LNH est cruelle : elle ne pardonne pas les plombiers si ces derniers perdent leur fiabilité.

Et Evans, depuis deux ans, stagne. Le jeu s’accélère, les jeunes poussent, et lui s’essouffle.

Kent Hughes peut bien parler de progression collective, il sait qu’un trio Anderson–Evans–Gallagher n’est plus viable. Ce n’est pas une question de volonté, c’est une question de niveau et d'âge. (Gallagher fait de plus en plus pitié à voir tellement il est au bout du rouleau).

Chapeau à Daniel Brière pour avoir "flairé le sang". Il a pris Zegras pour trois fois rien pendant que Montréal s’enlisait dans la fidélité envers un joueur en perte de vitesse.

Dire qu'on parlait de déconfiture à Anaheim pour le talentueux attaquant. 

Aujourd’hui, Zegras brille à Philadelphie. Evans, lui, s’éteint à Montréal. Et quand on repense à tout ça, on ne peut s’empêcher de se dire : le Canadien aurait pu transformer un quatrième centre en superstar. Au lieu de ça, il garde un joueur fatigué, sous-performant, et sans impact.

Heureusement qu’on ne l’a pas surpayé. Dire qu'il aurait pu aller chercher près de 4 M$ par année sur le marché des agents libres. 

Ouch.