Jakub Dobes perdu et abandonné: une triste histoire

Jakub Dobes perdu et abandonné: une triste histoire

Par Marc-André Dubois le 2025-03-24

Le rêve s’estompe, le conte de fées se transforme en cauchemar. Pour Jakub Dobeš, la descente est brutale et sans pitié.

En quelques semaines, celui qu’on voyait déjà comme le futur de la cage montréalaise est désormais la cible d’un tir nourri de critiques. Et pas des moindres.

Mais plus que les statistiques décevantes ou les récentes défaites, c’est la manière dont ses lacunes sont exposées, disséquées et diffusées qui plonge Dobeš dans une tempête médiatique sans précédent.

La magie du début de saison s’est évaporée. Et ce qui reste, c’est une réalité froide et tranchante : Dobeš est vulnérable, et tout le monde le sait.

Ce n’est plus un secret. La faiblesse de Dobeš sur les tirs élevés est devenue une obsession dans les arénas de la LNH.

Pour Jakub Dobeš, ce n’est plus seulement une question de technique ou de positionnement. C’est une épreuve de caractère.

Depuis les propos incendiaires de Pierre McGuire à son sujet, l’attention médiatique autour du jeune gardien tchèque pris une tournure brutale. Un joueur prometteur qui goûtait à ses premières victoires en Amérique du Nord il y a quelques mois à peine, se retrouve désormais à lutter pour son identité devant le filet.

Le diagnostic de McGuire est froid, chirurgical, mais surtout public :

« Les joueurs dans la LNH savent qu’il faut élever la rondelle contre lui. Il tombe trop vite, et il ne lit pas encore les intentions avec la vitesse d’exécution des tireurs. » 

Le problème, c’est que ce genre de commentaire, lorsque lancé par un analyste aussi influent dans les cercles de hockey, ne se contente pas de rester dans les coulisses. Il alimente les doutes, les critiques, les doutes dans le vestiaire… et même, parfois, les décisions d’un directeur général.

Et c’est là toute la controverse. Si un attaquant ratera cinq chances de marquer, il aura encore droit à une sixième. Si un gardien accorde trois buts sur des tirs dans la lucarne, son match est terminé… et sa réputation commence à se fissurer.

Dobeš vit donc, au quotidien, avec cette pression décuplée. Chaque lancer haut devient un test.

La situation devient également embarrassante pour Kent Hughes et Jeff Gorton. On se souvient que le CH a décidé de protéger Dobeš au détriment de Cayden Primeau lors de certaines discussions internes à la dernière date limite des transactions.

On se souvient aussi que Dobeš, en début de saison, faisait figure d’étoile montante dans les plans à moyen terme. Et maintenant? Le joueur que plusieurs voyaient comme le successeur potentiel de Samuel Montembeault est relégué au rôle d’observateur... pendant qu’on se bat pour le Coupe Stanley (en séries, tout peut arriver)

La franchise, elle aussi, est confrontée à une décision difficile. Doit-on protéger le moral de son jeune gardien ou admettre publiquement que ses lacunes techniques menacent sa progression? Et surtout : que fait-on si Montembeault se blesse à nouveau?

Il ne faut pas oublier que le poste de gardien dans une organisation de la LNH est l’un des plus volatils. Les années passées à peaufiner sa technique dans les ligues mineures peuvent rapidement être jetées aux oubliettes lorsqu’un problème précis est exposé au grand jour.

Et dans le cas de Dobeš, ce problème n’est plus un secret. Les équipes adverses ajustent leur plan de match. Les recruteurs discutent entre eux. Les journalistes posent les questions qui dérangent. Et le joueur, lui, doit affronter tout cela, sans pouvoir se permettre de faire la moindre erreur sur la glace. Chaque tir devient une menace pour sa carrière.

Le plus troublant dans ce feuilleton, c’est que Jakub Dobeš possède encore les outils pour réussir. Son physique impressionne, sa lecture du jeu s’améliore, et il démontre une attitude combative lors des entraînements. Mais la clé ne se trouve plus seulement sur la patinoire.

C’est dans sa capacité à reconstruire sa confiance malgré le feu médiatique, à ignorer le bruit ambiant et à corriger un défaut technique bien documenté, qu’il jouera son avenir. Il lui faut transformer cette humiliation publique en carburant pour sa rédemption.

Car oui, Dobeš peut revenir plus fort. Il peut prouver que McGuire avait raison de pointer la faiblesse, mais tort de le considérer comme un flop.é

Les prochains mois détermineront si Jakub Dobeš deviendra un pilier du Tricolore ou un simple nom oublié parmi tant d'autres. Mais une chose est certaine : le luxe du temps lui a été enlevé. Avec Primeau encore sous contrat, avec Montembeault en voie de s’imposer, et avec d’autres jeunes espoirs qui poussent, Dobeš ne peut plus se permettre de n’être que bon. Il doit être excellent. Rapidement.

Dans le fond, Pierre McGuire lui a rendu un bien triste service. Il a précipité l’échéance. Désormais, Dobeš joue sa survie. Et le hockey, à ce niveau, ne pardonne pas ceux qui prennent trop de temps à ajuster leur jeu.

Il ne cherchent même plus à le battre à ras la glace. Ils visent la lucarne, le haut du filet, et avec raison.

On ne parle plus d’un problème à corriger. On parle d’un trou béant dans son jeu, et tout le monde paye la note,

Pour un jeune gardien, c’est la pire des malédictions : être démasqué. Être identifié, non plus comme un potentiel prodige, mais un simple joueur en reconstruction.

Le plus tragique dans cette histoire, c’est la vitesse de l’effondrement. Il n’y a pas si longtemps, Jakub Dobeš représentait une solution excitante pour le poste de gardien du CH. Alors que Samuel Montembeault cherche toujours à convaincre qu’il peut tenir un rôle de numéro un, que Cayden Primeau piétine dans sa revanche, Dobeš arrivait comme une bouffée d’espoir. Grand, athlétique, intense. Tout y était.

Mais la réalité du hockey professionnel est impitoyable. Les projecteurs allument aussi les zones d’ombre. Et celles de Dobeš, on les voit désormais de partout. Il n’est plus ce mur infranchissable de l’université. Il est un gardien qui doute, qui hésite, qui réagit au lieu d’anticiper.

Et à Montréal, l’environnement est tout sauf indulgent.

Quand un jeune joueur est ciblé aussi durement, il y a toujours un danger : celui de briser l’élan, d’éteindre l’étincelle. Dobeš, désormais relégué au statut de remplaçant, regarde les matchs du CH depuis le bout du banc.

Mais ce n’est pas l’absence de temps de glace qui fait mal. C’est l’humiliation silencieuse, le regard des autres, l’étiquette de "flop" qui commence à lui coller à la peau.

Il faut un mental d’acier pour traverser ça. Mais Dobeš n’est pas dans une équipe qui peut se permettre la patience. Le CH n’a pas de marge d’erreur.

À court ou moyen terme, les dirigeants devront trancher. Est-ce qu’on bâtit avec lui, ou est-ce qu’on coupe avant que le mal ne soit irréversible?

Et dans tout ça, où est Kent Hughes? Où est la direction du Canadien? Depuis que Dobeš a été mis sur la glace médiatique, pas un mot, pas une déclaration pour calmer le jeu ou recentrer le discours. Silence radio.

Ce silence veut tout dire.. Il témoigne de l’embarras, de l’incertitude. Le CH, qui aime contrôler son message, ne sait pas comment gérer le cas Dobeš. Et cette absence de leadership dans la communication ajoute au malaise général.

Car si Dobeš est laissé seul face aux critiques, aux analyses impitoyables et aux rumeurs de déclassement, c’est toute l’organisation qui semble fuir ses responsabilités.

Vers un point de non-retour?

Dans ce contexte, il est légitime de se poser une question brutale, mais nécessaire : est-ce déjà trop tard pour Jakub Dobeš?

La réponse dépendra de lui, certes. De sa capacité à encaisser, à corriger, à se réinventer. Mais elle dépendra aussi d’un système qui, trop souvent, broie les espoirs à la moindre fissure.

Et là, Dobeš est plus qu’une fissure : c’est une fracture qui s’élargit à chaque match.

Et ce n’est pas une coïncidence si certains dans l’entourage du CH commencent à murmurer le nom de Devon Levi, ou même à réclamer un gardien d’expérience via transaction vet été.

Le fait même qu’on pense à le remplacer si tôt est un aveu d’échec.

Et pourtant, tout n’est pas perdu. Il reste encore une fenêtre. Fine, étroite, mais réelle.

Si les entraîneurs des gardiens prennent le taureau par les cornes. S’ils s’attaquent à la technique de Dobeš avec urgence, rigueur et clarté. S’ils parviennent à stabiliser son jeu haut dans le filet, à lui apprendre à rester plus haut dans ses déplacements. Alors peut-être.

Mais cela exigera un engagement total. Et surtout, une volonté organisationnelle de croire encore en lui. Une volonté que le CH, pour l’instant, ne démontre pas clairement.

Le cas Jakub Dobeš est le reflet parfait des dérives du hockey moderne : une hypermédiatisation toxique, une culture du jugement instantané, et un manque de soutien structurel. Ce jeune gardien, autrefois source d’espoir, est désormais vu comme un pari incertain, une promesse trahie.

Mais dans ce tumulte, une vérité s’impose : Dobeš est à la croisée des chemins. Il peut soit devenir un autre nom ajouté à la longue liste des gardiens que le CH a brûlés, soit renaître et forcer le respect à nouveau.

Mais pour cela, il faudra plus que du talent. Il faudra du courage. Il faudra du feu dans les yeux. Et surtout, il faudra que l’organisation cesse de regarder ailleurs, cesse de le juger en silence, et décide enfin de l’accompagner. Vraiment.