Alors que tout Montréal vibre à l’idée de voir Ivan Demidov enfiler le chandail bleu-blanc-rouge pour la première fois, José Théodore a lancé une douche froide monumentale sur l’excitation collective.
Invité à s’exprimer au micro de Mario Langlois, l’ancien gardien du Tricolore a été cinglant et sans pitié.
Son message ne passe pas par quatre chemins : attention à la jalousie dans le vestiaire, et gare à ceux qui pensent qu’un jeune venu de Moscou va tout régler à lui seul.
C’est peut-être la sortie la plus controversée d’un ancien joueur du Canadien depuis des années. Alors que les partisans scandent déjà le nom de Demidov à l’aéroport, Théo soulève une inquiétude dont personne n'a parlé, mais bien réelle : et si l’arrivée du prodige russe semait la zizanie chez ceux qui se battent depuis le mois d’octobre?
« Tu enlèves un joueur qui a mérité, qui a travaillé pendant toute la saison pour être là? Il faut quand même faire attention à la façon dont on l’utilise.
Tu peux pas aller vexer un vétéran ou quelqu’un qui a travaillé pendant 70 matchs pour avoir sa place sur la deuxième vague d’avantage numérique, pour avoir sa place sur les deux premiers trios. »
Ces propos ont résonné comme un avertissement direct lancé à Martin St-Louis et à la direction du club. Car si Demidov arrive avec tout le talent du monde, et une aura digne des plus grandes vedettes, la réalité d’un vestiaire de la LNH, c’est que tout se gagne. Rien n’est donné.
Théodore ne remet pas en doute le talent du jeune Russe. Au contraire, il sait que Demidov peut offrir une étincelle unique en séries. Mais il insiste : ce n’est pas un sauveur.
« Je ne dis pas qu’on ne devrait pas lui donner une place, je te dis juste que Martin St-Louis... L’organisation devra faire attention à la façon qu’on le gère. »
Selon lui, l’arrivée de Demidov représente un casse-tête émotionnel pour l’équipe. Un défi de gestion humaine plus que de stratégie hockey.
Et dans une formation où plusieurs jeunes joueurs – Joshua Roy, Juraj Slafkovsky, Alex Newhook – tentent encore de s’imposer, il suffirait d’un faux pas pour briser la chimie si durement construite.
Il faut le dire : Montréal n’avait pas connu un buzz comme celui-ci depuis l’arrivée de Cole Caufield. Les partisans s’enflamment.
Les billets se vendent à prix d’or. Les enfants demandent des chandails #93 de Demidov pour leur fête. Mais pendant que les gens s'excitent, Théo, lui, sonne l’alarme.
En séries, la moindre friction peut faire sauter une équipe. Et si un joueur voit son rôle réduit pour faire de la place à un « kid qui arrive de Moscou », comme le dit Théodore, les non-dits peuvent devenir de véritables poisons dans un vestiaire.
Le vétéran gardien ne remet pas en question le noyau du Canadien. Il croit en Suzuki, en Caufield, en Montembeault.
Il admet que Lane Hutson est déjà une fondation pour le futur. Mais c’est précisément pour cette raison qu’il appelle à la prudence : le groupe est fort parce qu’il a grandi ensemble, et l’ajout d’un facteur externe aussi médiatisé que Demidov peut être un coup de dés risqué.
« Les entraîneurs doivent bien gérer l’intégration de Demidov. Il ne faut pas lui mettre tout sur les épaules. »
Ce n’est pas une attaque contre Demidov. C’est une mise en garde contre l’euphorie. Une façon de rappeler que dans le sport professionnel, chaque geste compte, chaque message envoyé dans le vestiaire peut avoir des répercussions.
La déclaration de José Théodore est beaucoup plus qu’un simple avis personnel. Elle montre une réalité trop souvent ignorée : le succès d’une équipe passe autant par les performances sur la glace que par la santé psychologique de son vestiaire.
Demidov, malgré son talent exceptionnel, représente un test ultime pour l’organisation montréalaise. Sa gestion dira tout de la maturité du club.
Ce n’est pas seulement un test pour Martin St-Louis, mais pour Kent Hughes, Jeff Gorton et tous ceux qui tirent les ficelles derrière les rideaux.
Car oui, le Canadien vise les séries. Oui, on rêve de grandeur. Mais à quel prix?
José Théodore pose la question qu’aucun autre n’osait verbaliser : et si cette arrivée spectaculaire se transformait en cauchemar? Et si Demidov déchirait le vestiaire?
Dans une chambre où certains jeunes se sont sacrifiés toute l’année, Théo est persuadé que Demidov pourrait froisser les gars.
L'ancien gardien n’a pas voulu briser la fête. Il a voulu rappeler une vérité. Dans un monde où l’excitation efface souvent la raison, sa voix est venue poser les deux pieds sur terre.
Demidov n’est pas un sauveur. Il est un joueur de hockey exceptionnel, qui devra gagner ses galons comme tous les autres.
Et si Montréal veut éviter une catastrophe en coulisses, il faudra écouter les avertissements des anciens.
Théodore ne parle pas pour choquer. Il parle avec l’expérience d’un homme qui a vu ce vestiaire. Qui a senti les regards. Les non-dits. Les blessures invisibles.
Si Montréal veut réussir l’intégration de Demidov, il faudra gérer avec intelligence, respect, et surtout, avec une sensibilité humaine.
Parce que ce n’est pas seulement une saison qui est en jeu.
C’est la cohésion d’une équipe qui rêve à nouveau.
Et dans ce rêve, il n’y a pas de place pour les égos malmenés.
Pas même pour ceux qui, comme Alex Newhook, se fait casser les oreilles qu'il doit céder sa place sur le 2e trio pour faire de la place à Dvorak, car il n'est pas assez intelligent pour jouer avec Demidov.
Parions que Théo parlait bel et bien de Newhook.