Il y a des limites à l’ignorance. Et Jean Perron vient une fois de plus de les franchir.
Lors de son passage remarqué (pour les mauvaises raisons) à La Poche Bleue, l’ancien entraîneur du Canadien a tenté d’expliquer pourquoi Ivan Demidov ne devrait même pas être considéré pour les séries éliminatoires à Montréal.
Selon lui, le jeune russe serait un joueur à problème, incapable de jouer de façon régulière, et son absence dans l’alignement du SKA serait la preuve ultime qu’il n’est « pas prêt ».
Problème : Jean Perron n’a tout simplement aucune idée de ce qui se passe réellement. Et c’est une honte pour quelqu’un qui se présente encore comme analyste de hockey.
Parce que non, Jean, Demidov n’est pas laissé de côté parce qu’il ne travaille pas assez fort. Il n’est pas un passager.
Il n’est pas un problème de vestiaire. Il est tout simplement la cible d’un jeu de pression politique et stratégique de la part du SKA de Saint-Pétersbourg, une équipe qui fait tout pour lui tordre le bras et lui faire signer une prolongation de contrat en KHL.
Or, le jeune homme résiste. Il tient bon, parce qu’il a le rêve nord-américain dans la tête, parce qu’il veut jouer pour le Canadien de Montréal.
Et pourtant, malgré ce contexte archi-connu, Jean Perron débarque sur une plateforme très écoutée pour répéter que Demidov ne joue pas parce qu’il ne mérite pas de jouer.
Comme si c’était lui l’entraîneur du SKA. Comme s’il n’avait jamais entendu parler du chantage sportif. Comme s’il vivait dans une autre époque.
Le plus consternant dans tout ça, c’est qu’à quelques jours du début des séries éliminatoires en Russie, Demidov a encore été humilié.
Le SKA a annoncé qu’il allait amorcer les séries comme 13e attaquant, malgré ses 49 points en 65 matchs — le meilleur total de l’équipe.
Même le coach Roman Rotenberg n’a pas osé lui reprocher ses performances. Il a simplement parlé de « compétition interne ».
C’est-à-dire : on le punit pour lui mettre la pression afin qu'il signe une prolongation de contrat avec le SKA. Et ce message, Jean Perron n’a pas l’air de le comprendre.
Il faut que La Poche Bleue fasse quelque chose. Il est grand temps que l’équipe de production envoie un mémo à Jean Perron, un résumé très simple, très accessible, de la situation d’Ivan Demidov.
Qu’on lui explique noir sur blanc pourquoi il est envoyé dans les gradins. Qu’on lui rappelle qu’on ne parle pas ici d’un joueur quelconque, mais d’un espoir de premier plan, d’un Kirill Kaprizov 2.0, d’un futur pilier du Tricolore.
Parce qu’il est inadmissible qu’un commentateur, même retraité, même utilisé comme un « personnage comique » dans une émission de divertissement, propulse des faussetés aussi graves sur un jeune joueur qui traverse une situation aussi délicate.
C’est de l’irresponsabilité. C’est de la paresse intellectuelle. Et c’est surtout un manque de respect profond pour Demidov, pour ses proches, pour l’organisation du Canadien et pour les partisans qui s’informent sérieusement.
Car au fond, ce n’est pas Demidov le problème. C’est le fait qu’on le juge sans comprendre. Qu’on l’analyse avec une grille des années 80.
Qu’on traite un prodige comme un élément perturbateur, alors qu’il est justement celui qui endure les perturbations.
Il est temps que ça cesse. Et si Jean Perron n’est pas capable de se mettre à jour, alors peut-être qu’il est aussi temps qu’on lui retire le micro.
Parce que de toutes les raisons pour lesquelles Demidov est dans les gradins, la seule vraiment honteuse, c’est que certains ici continuent de faire croire que c’est de sa faute.
Merci, David. Voici la deuxième partie du texte, dans le même ton, sans répétition, mais en accentuant la dérive verbale de Jean Perron, son utilisation du mot étranger, et son historique bien connu avec les joueurs russes.
Mais le plus troublant dans toute cette sortie de Jean Perron, c’est qu’elle ne s’arrête pas à une mauvaise lecture de la situation de Demidov.
Elle dégénère en jugement de valeur, en mépris à peine voilé, qui flirte dangereusement avec des préjugés d’un autre temps.
En pleine discussion sur l’opportunité d’amener Demidov en séries avec le Canadien, Perron n’a pas hésité à lâcher le mot “étranger”, pour justifier son rejet pur et simple du jeune joueur.
Oui, “étranger”.
Comme si ce terme, lourd, chargé, n’était pas déjà utilisé depuis des décennies pour exclure, marginaliser, refuser l’intégration de ceux qui ne cadrent pas dans une culture qu’on croit homogène.
Dans le contexte actuel, où Demidov apprend le français, où il se prépare à venir s’installer au Québec, où il montre plus de respect envers la culture montréalaise que bien des joueurs nord-américains, lui coller l’étiquette d’“étranger” est tout simplement répugnant.
Et ce n’est pas qu’un mot lancé au hasard. C’est le prolongement d’un vieux discours qu’on connaît trop bien de la part de Jean Perron.
Un discours anti-russe qu’il traîne depuis des années. Perron n’a jamais caché son inconfort avec les joueurs venus de l’Est.
Dans ses interventions passées, il s’est souvent montré condescendant, méfiant, voire carrément méprisant à leur endroit.
Ce qu’il a dit à propos de Demidov n’est donc pas un accident. C’est un réflexe anti-Russe.
Mais cette fois, ça va trop loin. On ne parle pas d’un joueur en fin de carrière. On ne parle pas d’un mercenaire débarqué pour un chèque.
On parle d’un jeune prodige de 19 ans, encore prisonnier d’un contrat dans ;a KHL, pris en otage par son propre club, qui rêve de traverser pour jouer au Centre Bell… et qui se fait traiter d’“étranger” à Montréal, alors qu’il n’a même pas encore posé un pied sur la glace du CH.
Ce genre de discours est non seulement honteux, il est dangereux. Il nourrit l’idée qu’un joueur talentueux ne sera jamais “des nôtres” s’il ne parle pas français avec un accent local ou s’il ne vient pas de l’Abitibi.
Il renforce l’idée qu’un russe, même s’il est poli, humble, studieux, passionné… reste un suspect par défaut.
Et ça, dans une ville comme Montréal, dans un vestiaire qui se veut international, multiculturel, inclusif, c’est inacceptable.
Il est plus que temps qu’on fasse le ménage dans ce genre de discours inacceptable, et surtout qu’on cesse de donner une tribune à ceux qui se servent de leur micro pour rabaisser au lieu d’élever.
Si Jean Perron pense vraiment que traiter un espoir de la trempe de Demidov comme un “étranger” qui menace la chimie de l’équipe, c’est encore acceptable en 2025, c’est peut-être lui, le vrai problème dans le vestiaire médiatique du hockey québécois.