Pendant que les partisans se demandent si Kent Hughes dort la nuit, la vraie stratégie, elle, s'écrit en coulisses. Et dans l'ombre de ce jeu d'échecs complexe, il y a Jeff Gorton, le stratège silencieux, le cerveau de l'opération.
Aujourd'hui, les munitions du Canadien sont connues. Le plan est clair. Et les lignes bougent.
La première chose qu'il faut comprendre, c'est que le Canadien n'est pas à court d'options.
Même après avoir envoyé Logan Mailloux, Emil Heineman et les choix 16e et 17e au total dans la transaction Dobson, il reste encore des pièces capables de faire flancher un directeur général un peu nerveux.
Et ça, c’est sans compter le fait que certaines de ces munitions sont plus stratégiques qu’émotionnelles. On ne parle plus d’un club qui magasine à l’aveugle.
On parle d’une équipe qui veut frapper au bon moment, avec la bonne cible.
La plus grosse? Le choix de premier tour 2026.
Ce choix-là, ce n'est pas une petite monnaie d'échange. C'est une bombe. Un appât. Un crochet à lancer dans une organisation à la dérive qui cherche à tout reconstruire.
Parce que le repéchage 2026 s'annonce déjà comme l'un des plus riches en talent depuis la cuvée McDavid-Eichel.
Des noms comme Gavin McKenna, Ryan Roobroeck, Daxon Rudolph ou encore Maddox Dagenais flottent déjà dans toutes les discussions de recruteurs.
McKenna, en particulier, est vu comme un phénomène générationnel.
Si Kent Hughes décide de mettre cette carte sur la table, il ne le fera pas à la légère.
Et ce serait la première fois dans l’ère Hughes-Gorton qu’on verrait un all-in assumé, une poussée vers l’élite sans retour arrière.
Mais attention : offrir ce choix, c’est aussi envoyer un message clair. Le message que le Canadien considère que sa fenêtre de compétition est ouverte.
Que les années d’attente sont derrière. Que l’avenir, c’est maintenant. Et si une telle carte est jouée, ce sera pour obtenir un joueur d’impact immédiat, pas un pari ou un joueur de soutien.
La mise serait énorme. Et la pression tout autant.
Il faut aussi rappeler que les équipes en reconstruction, celles qui se cherchent un nouveau visage de franchise, savent très bien ce que ce choix représente.
Le repêchage 2026, c’est un potentiel virage à 180 degrés. C’est un billet de loterie ultra-prisé. Et à travers la ligue, il y a des DG qui dorment mal en y pensant.
Ensuite, il y a les joueurs qui gravitent autour du noyau intouchable. Parce que oui, le Canadien a ses intouchables.
Hutson, Reinbacher, Hage, Demidov. Ce noyau-là, c'est sacro-saint. Mais autour, il y a de la matière à échanger.
Joshua Roy, par exemple. Il a dominé dans la LHJMQ, a montré de très belles choses à Laval, et il a une vision offensive rare.
Mais il est coincé dans une organisation qui regorge d'ailiers.
Sa valeur est encore haute. Un directeur général pourrait y voir une opportunité de l'ajouter à son top 9, dans un contexte où le CH pourrait s'en départir sans trop souffrir.
Roy représente exactement le type de joueur que les équipes en transition recherchent : jeune, malléable, coachable, avec un petit contrat.
Et n'oublions pas que Roy a déjà suscité l’intérêt d’autres équipes dans le passé. Son profil de joueur intelligent et discipliné séduit.
Il est perçu comme un joueur capable de s’adapter à différents styles de jeu, ce qui le rend encore plus attrayant pour un DG en quête de flexibilité. Dans les bons contextes, il pourrait exploser.
Puis il y a Kirby Dach. Le mystère. Le joueur qui, s'il était resté en santé, aurait peut-être déjà réglé le problème au centre.
Mais voilà, les blessures s'enchaînent, les interrogations persistent. Il a un bon contrat, un profil unique, et encore beaucoup de potentiel.
C'est un pari. Mais un pari que certaines équipes pourraient être prêtes à prendre. Et dans une transaction, il a assez de valeur pour être une pièce secondaire solide.
Pour une équipe qui n’a rien à perdre et qui veut miser sur la réhabilitation, Dach peut devenir un pari payant à moyen terme.
Le fait que Dach soit encore jeune joue également en sa faveur.
Il n’a que 24 ans. Il est à peine en train de gratter la surface de ce qu’il pourrait devenir.
S’il trouve un environnement plus stable, avec moins de pression médiatique, il pourrait véritablement éclore. Le CH pourrait s’en mordre les doigts… ou récolter gros en échange, selon la tournure des événements.
Et au-delà des noms, il y a les concepts que Gorton et Hughes maîtrisent mieux que quiconque : l’art de vendre le rêve.
Chaque joueur inclus dans une offre est présenté sous son meilleur angle. Roy devient un futur playmaker. Dach devient une machine en dormance. Et autour de ça, on structure des propositions qui rendent tout ça irrésistible.
Mais pour comprendre où le Canadien s'en va, il faut aussi regarder la méthode Gorton. Ce gars-là, c'est pas un vendeur de chars usagés. C'est un architecte.
Quand il est arrivé à New York, les Rangers étaient dans le désordre le plus total. En quelques années, il a empilé les choix, les prospects et les transactions coups-de-poing.
C'est lui qui a mis la main sur Adam Fox. C'est lui qui a repêché Kaapo Kakko, K'Andre Miller, Alexis Lafrenière. Gorton ne panique pas. Il construit.
Et à Montréal, c'est pareil. Le plan, c'est de bâtir un club qui va être prêt à gagner en 2026. Et si la bonne transaction se présente, il va lâcher la bombe. Il a les munitions pour le faire.
Les munitions du Canadien sont rares, mais puissantes. Le choix de 2026 est un missile. Dach est un projet à relancer. Roy est un potentiel top 6 coincé.
Et dans les coulisses, des agents sont déjà conscients que leurs clients pourraient se retrouver impliqués dans une transaction plus grande qu’eux.
Mais ce qu'il faut retenir, c'est que le Canadien n'est pas en pause. Ce n'est pas parce que le marché est calme que le CH dort au gaz.
Le vrai travail se fait maintenant. Dans les bureaux fermés. Dans les coups de fil anonymes. Dans les silences qui veulent tout dire. Et parfois, le silence est le plus grand indice.
Gorton a son plan.
Hughes a les clés.
Et les munitions sont en place.
Le prochain coup pourrait surprendre tout le monde.
Et cette fois, ce ne sera pas juste pour faire plaisir aux partisans. Ce sera pour gagner.
AMEN