Le destin a parlé: Joe Veleno annonce sa chute

Le destin a parlé: Joe Veleno annonce sa chute

Par David Garel le 2025-10-24

Il y a des joueurs qui promettent beaucoup, qui séduisent par le discours, par le souvenir d’un talent de jeunesse, par une aura entretenue à coups d’entrevues et de déclarations bien "cute".

Et puis, il y a la réalité du hockey professionnel. Joe Veleno, lui, vient de se cogner de plein fouet à cette réalité.

Hier soir, à Edmonton, c’était la confirmation brutale d’un secret que tout le monde commençait à murmurer : Veleno n’est pas un joueur de la Ligue nationale.

Il a joué 9 minutes et 31 secondes, et dans cet infime laps de temps, il a réussi l’exploit d’afficher un différentiel de -2. Deux buts encaissés pendant qu’il était sur la glace, aucune contribution, aucune utilité, aucune énergie. Le néant total.

Il fut un temps où le nom de Joe Veleno faisait frémir les amateurs du circuit junior québécois. Un talent exceptionnel, un patineur élégant, un centre complet, promis à une carrière incroyable.

Il avait été le premier joueur de l’histoire de la LHJMQ à obtenir le statut de joueur « exceptionnel ». Mais cette étiquette, qui aurait dû lancer sa carrière, s’est transformée en malédiction. Chaque année qui passe accentue le gouffre entre les promesses d’hier et la réalité d’aujourd’hui.

Pendant le camp d’entraînement, Veleno avait livré les bons mots : il voulait « se relancer », « regagner la confiance des entraîneurs », « prouver qu’il n’avait pas dit son dernier mot ».

Il parlait de trahison à Seattle, rappelant que le Kraken l’avait laissé tomber après l’avoir brièvement acquis dans l’échange de Burakovsky.

Lorsqu’il est arrivé au camp du Canadien cet automne, Joe Veleno a tenté de réécrire son histoire. En entrevue avec plusieurs médias montréalais, il a confié qu’il s’était senti « trahi » par le Kraken de Seattle, l’organisation qui avait acquis ses droits dans l’échange d’André Burakovsky, avant de le racheter quelques jours plus tard.

« On m’avait dit que j’aurais une vraie chance, que je pourrais me battre pour une place dans la formation, » avait-il raconté.

« Mais à peine arrivé, on m’a fait comprendre que c’était terminé. »

Selon lui, le Kraken aurait joué double jeu, lui promettant une audition honnête tout en sachant déjà qu’il allait être libéré pour dégager de la masse salariale.

C’est ce qu’il a décrit comme « le pire moment de sa carrière », ajoutant qu’il s’était senti comme « un pion dans un échange administratif ».

Ce récit de désillusion, censé émouvoir et rallumer sa flamme, a surtout mis en lumière la fragilité d’un joueur qui cherche désespérément à se convaincre qu’il mérite encore sa place.

En réalité, cet échange n’était qu’un "salary dump", un simple mouvement comptable pour libérer de l’espace sous le plafond. Veleno n’était pas une pièce d’échange : il était un poids.

Hier, c’était flagrant. Sur la glace avec Kirby Dach à gauche et Zachary Bolduc à droite, il devait incarner un centre de soutien capable d’amener du rythme, de stabiliser la ligne.

Au lieu de ça, il a ralenti tout le monde. Dach, frustré, s’est retrouvé à descendre plus bas pour relancer les sorties de zone. Bolduc, de son côté, a dû improviser, cherchant désespérément à créer quelque chose sur des séquences mortes.

Chaque présence de Veleno ressemblait à un trou d’air. Pas d’intensité, pas d’instinct. Un joueur sans identité. Et c’est là le vrai problème : le Canadien, qui cherche désespérément à bâtir une équipe avec de la personnalité, de la hargne et une identité claire, se retrouve à aligner un joueur qui ne représente rien de tout cela.

Owen Beck, rétrogradé à Laval, travaille, progresse, montre un engagement constant. Tout ce que Veleno n’est plus. Dire que Veleno est meilleur que Beck relève désormais de la mauvaise foi.

On parle de deux plombiers. Mais au moins, Owen Beck a été sélectionné par le CH. Pourquoi ne pas lui donner sa chance au lieu de remplir un chandail avec un gars qui ne sera plus dans la LNH l'été prochain.

On voit mal quelqu'un accorder un contrat garanti à Veleno. 

On répète souvent que le quatrième trio doit donner du ton, de la robustesse, de l’énergie. Avec Florian Xhekaj par exemple, on sait ce qu’on obtient : de la méchanceté, du poids, de la douleur.

Avec Veleno, on obtient le vide. Il joue sans conviction, sans flamme, sans le moindre impact sur le déroulement du match.

Ce contrat d’un an à 900 000 $, Kent Hughes l’avait justifié comme une « opportunité à faible risque ». En réalité, c’est devenu un boulet symbolique car il bloque l'arrivée d'un jeune.

Un rappel que Montréal continue de gaspiller des places dans l’alignement sur des joueurs qui ne font pas progresser le projet.

Pourquoi donne-t-on donne du temps de glace à un joueur dont la carrière s’éteint sous nos yeux?

Hier soir, Veleno a livré une performance qui résume tout : 9 minutes 31 secondes d’indifférence, une fiche de -2, aucune chance créée, aucune présence significative en désavantage numérique, aucune touche d’intelligence dans le jeu. Juste un corps sur la glace.

Son passage à Detroit avait déjà révélé les failles. Incapable de percer un alignement pourtant peu garni en profondeur, il s’était graduellement transformé en joueur de passage, trimballé d’un trio à l’autre, d’une ligue à l’autre.

Chicago n’en a rien tiré. Seattle l’a utilisé comme monnaie d’échange pour libérer sa masse salariale, puis l’a aussitôt racheté. Et à Montréal, on a tenté un pari. Un pari déjà perdu.

Ce n’est pas de la méchanceté : c’est un constat. Le hockey de Joe Veleno appartient à une autre époque. Celle où le talent naturel suffisait. Aujourd’hui, il faut du moteur, du cœur, du caractère. Et Veleno n’a plus rien de tout ça.

Dans les bureaux du CH, on commence à s’en rendre compte. Ce joueur n’aura pas de deuxième souffle à Montréal. Il n’y aura pas de miracle. Son avenir est ailleurs... ou nulle part.

C’est peut-être cruel, mais c’est la dure loi de la Ligue nationale : si tu n’imposes pas ton identité, tu n’en auras plus.

Veleno ne sera pas de retour l’an prochain. Tout indique que le Canadien ne renouvellera pas son contrat. Le club veut ouvrir la voie à ceux qui ont faim, ceux qui veulent bâtir une carrière ici. Et tant mieux.

Parce qu’en 9 minutes et 31 secondes, Joe Veleno a résumé pourquoi il n’a plus sa place : il ne fait rien pour la mériter.