José Théodore nourrit encore une rancune profonde envers Michel Villeneuve, l'ancien journaliste sportif maintenant à la retraite, pour les années d'harcèlement intense qu'il a subies sous l'œil des caméras.
"Lorsque je m’étais blessé chez moi au talon en 2006, certains avaient des doutes et l’animateur Michel Villeneuve avait envoyé un caméraman m’espionner. Il était caché dans les buissons, mais il a bien vu que j’avais des béquilles. Je n’en revenais pas de cette intrusion." (crédit: Journal de Montréal)
Si Cole Caufield pense être traqué par Réjean Tremblay, il n'a rien vu comparé à ce que Théodore a vécu. Pour lui, ce n’était rien de moins qu'un véritable cauchemar, une intrusion constante dans sa vie privée.
On peut encore sentir l’amertume et la frustration qui habitent Théo encore aujourd’hui. Pour lui, être francophone au sein du Canadien, loin d'être un avantage, c'est devoir se battre deux fois plus fort.
« La réalité, c’est quand même ça », déclare-t-il, mettant en lumière les défis uniques auxquels sont confrontés les joueurs québécois.
Théodore, qui a marqué l’histoire du CH en tant que l’un des meilleurs gardiens de but de son époque, vit aujourd’hui une retraite paisible en Floride. Installé avec sa famille, il s’épanouit dans l’immobilier, une carrière qu'il a discrètement commencée durant sa période active dans le hockey.
Avec Serge Savard, Mario Messier et Charles-Félix Messier, il s’est lancé dans des projets immobiliers d’envergure.
« J’investissais avec eux pendant que je jouais, mais personne ne le savait parce que j’étais concentré sur le hockey seulement », confie-t-il.
Loin de la pression des matchs et des caméras, Théodore apprécie cette nouvelle phase de sa vie. Cependant, l’ombre de sa carrière passée plane toujours, notamment à travers les souvenirs de l’époque où il était harcelé par la presse.
Cet épisode de sa vie a laissé des cicatrices, et bien que le temps ait passé, la rancune envers ceux qui l’ont traqué, comme Villeneuve, demeure vive.
« Quand tu es blessé et que tu as des caméras cachées devant chez toi pour s’assurer que tu es vraiment blessé, c’est intense. Je me demandais pourquoi je devais continuer à me torturer avec ça », se souvient-il en entrevue avec La Presse avec beaucoup d’amertume dans sa voix.
"Je voyais ça comme une montagne insurmontable." (crédit: La Presse)
Malgré ces souvenirs difficiles, José Théodore reste un modèle de résilience, démontrant qu’il est possible de surmonter les épreuves et de rester concentré malgrl les rumeurs et les projecteurs.
Voilà un beau message pour Cole Caufield.
Car la situation vécue par José Théodore et celle de Cole Caufield révèlent deux facettes d’une même réalité : la pression immense qui pèse sur les joueurs vedette du Canadien de Montréal.
Si Caufield est aujourd’hui sous le feu des critiques, notamment de la part de Réjean Tremblay, qui l’accuse de faire trop la fête et de négliger son repos, il faut se rappeler que ce genre de traitement médiatique n’est pas nouveau.
José Théodore en sait quelque chose, lui qui a été harcelé par les médias de manière encore plus intense.
José Théodore, pendant les années où il était la vedette du Canadien, a été soumis à une pression médiatique extrême.
Michel Villeneuve, alors journaliste, l’a littéralement traqué jour et nuit, caméras à l’appui, pour capturer le moindre faux pas.
Cette intrusion constante dans sa vie privée est un épisode que Théodore n’a jamais vraiment pu oublier. Pour lui, c'était bien plus qu'un simple suivi médiatique : c'était un harcèlement qui le poussait à bout, même lorsqu'il était blessé.
Le stress et l'inconfort qu'il a ressentis à l'époque ont laissé des traces profondes, et il conserve une rancune tenace envers Villeneuve pour ces années de souffrance.
À l’inverse, Cole Caufield, bien que très surveillé par les médias, n’a pas encore atteint le niveau d’invasion que Théodore a subi.
Les critiques de Réjean Tremblay, même si elles sont virulentes (et véridiques), se concentrent sur ses habitudes de vie et son professionnalisme, mais sans la même persécution constante que Théodore a endurée.
Caufield se trouve dans une situation où sa réputation est en jeu, mais il ne fait pas encore l'objet de cette chasse aux sorcières médiatique jour et nuit.
Les deux joueurs partagent cependant un point commun : la pression démesurée qui accompagne le statut de joueur vedette au sein du Canadien.
Comme le souligne Théodore, c'était encore pire puiqu'il était Québécois. Venir d'ici et jouer pour le CH est loin d'être un avantage.
« Guy Lafleur entendait parler davantage de ses léthargies que Steve Shutt. D’un autre côté, un Québécois qui a un bon camp d’entraînement va faire parler plus de lui qu’un Américain. Tu montes plus vite, mais tu descends plus vite… »
« Je ne me compare pas à eux, évidemment. Ce sont des légendes. Mais on dirait que c’est plus difficile pour les Québécois qui ont eu du succès avec le Canadien."
"Même eux, ç’a été vraiment long avant que la relation se rebâtisse. C’est ma consolation. Mais je ne le comprends pas davantage. »
Dans une ville où le hockey est une religion, les attentes sont énormes, et la critique est d'autant plus féroce pour ceux qui ont des racines québécoises.
Pour Théodore, cette réalité a été omniprésente tout au long de sa carrière, où chaque erreur, chaque baisse de régime était amplifiée par les médias et les fans.
Caufield, même s'il est non-francophone, ressent cette pression d’une manière différente. Son talent indéniable fait de lui une cible privilégiée pour les attentes élevées de la part des fans et des journalistes.
Pourtant, il semble aussi subir un traitement plus clément de la part des médias, du moins jusqu’à présent. Les critiques sont dures, mais n’ont pas encore atteint la cruauté que Théodore a connue.
La résilience est un autre point de comparaison. José Théodore a non seulement survécu à cette période difficile, mais il a réussi à se battre pour rester debout face à la pression médiatique, et aujourd’hui, il en parle avec un mélange de fierté et de frustration.
« Je n’hésitais pas à sortir de la maison et à me mêler aux gens. En fin de compte, le hockey, c’est un jeu. Si mon plus gros problème, c’est que je gagne quelques millions et que je n’ai pas envie de parler au monde, des passionnés de hockey, je ne suis pas fait pour la job."
"Ce n’est pas en te cachant chez vous que tu vas te sortir de mauvaises passes."
Cole Caufield, quant à lui, est encore en plein dans le tourbillon de sa carrière. Il est à un carrefour où la manière dont il gérera la pression actuelle pourrait définir la suite de son parcours.
La comparaison avec Théodore sert de rappel des dangers qui guettent les joueurs sous les projecteurs du Canadien de Montréal.
La question reste de savoir si Caufield saura tirer les leçons du passé et éviter les pièges qui ont piégé tant d’autres avant lui.
Pour José Théodore, la clé du succès à Montréal résidait dans la capacité à gérer cette pression unique, une leçon qu'il espère que Caufield et les autres jeunes joueurs du CH pourront apprendre sans avoir à passer par les mêmes épreuves.
Les deux situations illustrent parfaitement la réalité d’être une figure publique à Montréal, où le hockey est bien plus qu’un simple sport.
Sii Cole Caufield pense être au centre de l’attention aujourd’hui, il n’a encore rien vu par rapport à ce qu’a vécu José Théodore.
« La différence entre jouer à Montréal et ailleurs pour un gardien est énorme. Énorme. Encore plus si tu es Québécois. Quand tu entends les médias dire que la pression est pareille, il ne faut pas les croire"
"Quand tu es numéro un pour le Canadien, la pression passe par le gardien. Neuf fois sur dix, c’est le joueur le mieux payé de l’équipe; Patrick Roy était le mieux payé de l’équipe, moi aussi, Price également. Ça vient avec une pression."
"Chaque jour, on te parle de hockey parce que tout le monde te reconnaît. Boston ou New York, ce n’est pas la même chose que Montréal ou Toronto. Ça ne veut pas dire que c’est mauvais. »
"Avoir commencé ma carrière en Caroline, je n’aurais pas joué pendant 16 ans. Je carburais à la pression et à l’attention."
Le passé de Théodore doit servir de leçon non seulement pour Caufield, mais aussi pour l'organisation du Canadien, qui doit protéger ses jeunes talents contre les démons de la célébrité à Montréal.
Au moins, Caufield n'a pas de Michel Villeneuve qui le suit jour et nuit jusqu'à sa maison. Il doit simplement faire attention aux espions de Tremblay dans les bars de Montréal.