Juraj Slafkovsky dans l’eau chaude: il sera rétrogradé

Juraj Slafkovsky dans l’eau chaude: il sera rétrogradé

Par David Garel le 2025-04-08

Juraj Slafkovsky avait beau sourire à pleines dents devant les caméras ce matin, ceux qui connaissent un tant soit peu la dynamique du vestiaire du Canadien de Montréal savaient très bien que derrière cette façade de confiance se cache une anxiété grandissante.

L’arrivée officielle d’Ivan Demidov dans l’environnement du CH change absolument tout. Et s’il y a bien un joueur qui risque de voir son rôle redéfini dès les premiers entraînements, c’est le jeune Slovaque.

Parce que la réalité, aussi brutale soit-elle, c’est qu’Ivan Demidov est meilleur que Juraj Slafkovsky sur l’avantage numérique.

Plus rapide, plus imprévisible, plus créatif. Et Martin St-Louis le sait. D’ailleurs, même si l’entraîneur a toujours défendu la progression linéaire de Slafkovsky, il ne pourra pas ignorer la possibilité de maximiser l’impact de Demidov dès son arrivée.

Pour les matchs restants, et surtout pour les séries, le CH ne peut pas se permettre de gérer des susceptibilités personnelles.

La meilleure attaque possible, c’est celle qui met Demidov aux côtés de Nick Suzuki et Cole Caufield, au cœur du premier power play.

Slafkovsky, lui, en est bien conscient. Derrière ses déclarations enthousiastes du type « On veut être des gagnants, pas des perdants » ou encore « Nous devons simplement l’utiliser à notre avantage », il y a un malaise évident.

Non pas parce qu’il ne croit pas en l’équipe — il est sincère quand il parle de fierté et de confiance collective — mais parce qu’il sent que son rôle est en train de basculer. Il a contribué aux succès récents du CH, il a été un membre efficace du premier trio avec Suzuki et Caufield, mais il sait que Demidov est d’un autre niveau.

Ce n’est pas une question de talent relatif, c’est une question de hiérarchie naturelle. Et il est en train d’être déclassé.

D’ailleurs, il suffit de regarder les tendances du jeu de Slafkovsky en avantage numérique depuis plusieurs semaines pour comprendre que les doutes de l’état-major ne sont pas nouveaux.

Il a souvent eu du mal à se positionner, ses décisions avec la rondelle sont parfois hésitantes, et il n’exploite pas pleinement son gabarit pour imposer sa présence devant le filet.

Dans une Ligue aussi serrée, où chaque opportunité en supériorité numérique compte, St-Louis n’aura pas le luxe d’attendre que le Slovaque trouve enfin ses repères. Avec Demidov dans l’alignement, il aura désormais une option premium.

Le plan est déjà en train de se dessiner : St-Louis ne touchera pas à son premier trio à forces égales, mais en avantage numérique, le changement est imminent.

Demidov s’intégrera sur la première vague. Slafkovsky sera relégué à la deuxième unité ou pourrait même se retrouver sans temps de jeu à cinq contre quatre si d’autres options s’imposent (comme Laine, Anderson ou même Newhook).

C’est un coup dur pour l’orgueil, surtout après avoir contribué à la remontée spectaculaire du CH depuis la pause des 4 Nations.

Mais la LNH est un monde impitoyable. Slafkovsky devra apprendre à composer avec la pression et à accepter de perdre du terrain, du moins temporairement, pour le bien de l’équipe.

Parce que ce que Demidov apporte, c’est non seulement du talent pur, mais aussi une vision du jeu rare, une créativité qu’on ne peut enseigner, et une capacité d’électriser une foule ou de faire basculer un match à lui seul.

Cela dit, ce n’est pas une fin en soi pour Slafkovsky. C’est peut-être même le début d’une nouvelle étape de sa carrière.

À seulement 21 ans, il est encore très jeune, et cette remise en question pourrait lui servir de déclencheur. Mais pour le moment, il devra se contenter d’un rôle secondaire en supériorité numérique. Et faire semblant d’être à l’aise avec ça.

Car derrière ses mots bien choisis, Juraj Slafkovsky sait pertinemment que son univers vient de basculer avec l’arrivée de Demidov.

La course aux séries continue, mais une autre course s’amorce dans l’ombre : celle pour conserver sa place dans l’élite du Canadien.

Depuis le retour de la pause des 4 Nations, Juraj Slafkovsky a livré de belles performances, c’est indéniable. Il s’est imposé avec Suzuki et Caufield dans un trio redoutable à cinq contre cinq.

Mais voilà que l’équilibre précaire qu’il avait réussi à maintenir pourrait bien s’effondrer sous le poids d’une concurrence brutale.

La réalité, c’est qu’Ivan Demidov n’a pas été amené ici pour faire de la figuration. Il vient pour jouer.  Il vient pour transformer l’équipe — et surtout, pour faire la différence sur l’avantage numérique, là où Slafkovsky a peiné à s’imposer malgré de nombreuses chances.

La déclaration de Slafkovsky — « C'est vraiment plate quand tu n'es pas bon » — en dit long. Il fait mine de parler des autres, de l’équipe, mais certains y ont vu un lapsus, une reconnaissance indirecte de ses propres limites.

Sa tentative de désamorcer la pression par l’humour et l’énergie positive trahit surtout une fébrilité grandissante. Il sait que sa place sur la première unité en avantage numérique est comptée.

Il sait que dans un marché comme Montréal, où chaque présence est disséquée, la patience des entraîneurs n’est pas infinie. Et surtout, il sait que Demidov est attendu comme le sauveur.

Slafkovsky n’est pas en danger à court terme. Il reste un élément important de la structure du CH. Mais symboliquement, perdre son rôle sur le power play, c’est un signal.

C’est l’indice qu’il est peut-être en train de glisser, lentement mais sûrement, dans la hiérarchie offensive du club. Et c’est là où les prochaines semaines seront révélatrices : comment réagira-t-il? S’écrasera-t-il sous la pression, ou relèvera-t-il le défi?

L’arrivée d’Ivan Demidov à Montréal provoque une onde de choc. Il y aura les gagnants de cette nouvelle ère, et il y aura ceux qui devront s’adapter, se battre pour préserver leur territoire.

Slafkovsky, lui, a été un soldat exemplaire jusqu’à maintenant, mais son rôle change, et il en est parfaitement conscient.

Les sourires devant les caméras n’effacent pas les doutes, ni les craintes bien réelles de voir le prodige russe lui voler la vedette.

Ce n’est pas une guerre ouverte. Pas encore. Mais c’est une tension qu'on peut se sentir dans l’air. Une sorte de guerre froide entre deux trajectoires qui se croisent.

Slafkovsky, qui a dû prouver sa valeur pas à pas. Demidov, qui arrive comme une star planétaire sans même avoir joué un seul match dans la LNH.

Et pendant que les projecteurs s’allument sur Demidov, Slafkovsky se retrouve dans une nouvelle position : celle de l’homme qui a tout à perdre.

Ce printemps, ce ne sont pas que les séries qui sont en jeu. C’est aussi l’identité offensive du Canadien, et qui en fera partie.

Tout reste à écrire. Mais une chose est sûre : la pression ne fait que commencer.