20 millions dans les poches : Kent Hughes prépare un coup de théâtre pour la date limite

20 millions dans les poches : Kent Hughes prépare un coup de théâtre pour la date limite

Par André Soueidan le 2025-10-25

Le Canadien de Montréal est en train de réaliser ce que personne n’avait osé espérer après dix matchs : une vraie course aux séries éliminatoires.

Et pendant que Martin St-Louis se bat chaque soir pour maximiser un alignement en pleine mutation, Kent Hughes et Jeff Gorton avancent leurs pions en silence, armés d’un chiffre que peu de partisans ont encore compris : 20 millions de lousse.

Oui, 20 millions de marge salariale à la date limite des transactions. Et non, ça n’a rien à voir avec la liste des blessés à long terme (LTIR). C’est justement là toute la beauté du plan.

Quand Patrik Laine a été déclaré blessé pour une longue période samedi, plusieurs ont cru que le CH allait l’inscrire sur la LTIR pour libérer son contrat de 8,7 M$.

Erreur monumentale, comme l’a brillamment démontré Nicolas Cloutier de TVA Sports dans une analyse chirurgicale de la situation.

Avec les nouvelles règles instaurées cette saison, il existe désormais deux types de LTIR : l’une pour les joueurs susceptibles de revenir, l’autre pour ceux dont la saison est officiellement terminée.

Dans le cas de Laine, qui pourrait revenir d’ici avril, seule la première catégorie s’appliquerait… et elle est pratiquement inutile pour un club qui n’est pas collé sur le plafond salarial.

La logique est mathématique. Le plafond ne peut être dépassé que de 3,8 M$ moins la marge déjà disponible.

Et comme le CH dispose déjà de 4,4 M$ d’espace, le calcul donne une valeur… négative.

En clair, le Tricolore ne gagnerait rien à utiliser la LTIR dans ce contexte.

L’arme secrète : le « daily cap accrual »

En ne touchant pas à la LTIR, le CH accumule de l’espace salarial chaque jour, un peu comme des intérêts dans un compte d’épargne.

Chaque fois qu’un joueur est blessé, ou que le CH joue avec une formation réduite ou rappelle un joueur à faible salaire, cette marge grossit tranquillement.

À ce rythme, selon les projections de PuckPedia, Kent Hughes aura environ 20 M$ de marge d’ici le mois de mars.

Et ça, c’est un levier gigantesque pour faire des acquisitions stratégiques sans se ruiner ni hypothéquer l’avenir.

Une stratégie sans émotion, mais ultra-efficace

On comprend maintenant pourquoi le CH a tenu à se débarrasser de Carey Price l’été dernier.

Tant que son contrat occupait de l’espace fictif sur la LTIR, le club n’amassait rien.

Le départ de Price a mis fin à cette logique de béquille et a permis à Hughes de rebâtir sa flexibilité de manière organique, en refusant de tomber dans le piège de la LTIR avec Laine.

C’est froid. C’est chirurgical. Mais c’est brillant.

Et surtout, c’est un signe clair que l’organisation se prépare à frapper un coup à la date limite.

Le moment de vérité s’en vient...

Avec 20 M$ en poche, Hughes pourra viser plus qu’un simple joueur de soutien.

Il pourra accueillir un centre établi, un ailier top-6, un défenseur top-4, ou même un joueur de location de calibre élite, tout ça sans sacrifier l’équilibre budgétaire du noyau.

Et c’est là que l’identité de cette équipe va vraiment se révéler.

Si le CH est encore dans la course en février, il faudra décider si l’avenir s’écrit avec Ivan Demidov et Lane Hutson en séries éliminatoires… ou si on continue de tout miser sur le long terme.

Mais peu importe la direction, Hughes ne sera pas coincé. Il sera armé.

Et ce n’est pas le fruit du hasard. C’est le résultat d’une stratégie discrète mais redoutablement efficace, construite sur la patience, la discipline et un mépris total pour les solutions à court terme.

Les partisans ont longtemps reproché à l’organisation son inaction sur le marché.

Mais dans quelques mois, ils risquent de comprendre que le vrai jeu d’échecs n’avait pas encore commencé.

Kent Hughes n’a pas besoin de faire de vagues.

Il a juste besoin de continuer à accumuler ses millions dans l’ombre.

Et quand viendra la date limite, il pourra faire ce que les autres DG rêvent de faire : choisir son coup, sans avoir à défaire son équipe.

Parce qu’à Montréal, depuis 2022, le vrai plafond salarial… c’est la patience.

AMEN