Si la conférence de presse de Kent Hughes avait pour but de rassurer les partisans et de démontrer un plan clair pour l’avenir du Canadien de Montréal, elle a eu l’effet inverse. Le malaise était absolu, et l’incompréhension régnait dans la salle de presse.
Quand le directeur général a pris la parole, affirmant qu’il avait “récompensé” ses joueurs, la salle est restée suspendue à ses mots. Récompensé?
« Je leur avais promis que leur jeu aurait un mot à dire. Aujourd’hui et cette semaine, ils ont été récompensés pour leurs efforts. » – Kent Hughes
Mais récompensés comment? En n’échangeant ni David Savard, ni Joel Armia, ni Christian Dvorak, tous des joueurs autonomes cet été que le CH ne resignera pas?
En ignorant un marché où les prix atteignaient des sommets et où il aurait pu maximiser ses actifs? En refusant d’être acheteur, alors que des joueurs comme Casey Mittelstadt et Brad Marchand ont été pratiquement donnés?
Le double échec est frappant :
Hughes n’a pas été vendeur, dans un marché où les prix étaient plus élevés que jamais.
Hughes n’a pas été acheteur, alors que des solutions intéressantes étaient accessibles.
Il a fait… rien.
Les journalistes présents étaient visiblement mal à l’aise, cherchant un sens à cette déclaration. Hughes semblait se réjouir d’avoir gardé ses vétérans pour « récompenser » son vestiaire. Pourtant, il a lui-même admis que le marché était extrêmement favorable aux vendeurs.
Pourquoi alors refuser de vendre Savard et Armia, alors qu’ils seront perdus cet été sans retour?
Pourquoi refuser d’améliorer l’équipe, alors que Mittelstadt ne coûtait pratiquement rien?
Le pire, c’est qu’il s’est contredit lui-même en affirmant que l’objectif était de bâtir une équipe aspirante à long terme.
Pourtant, son refus d’échanger des vétérans signifie que le CH ne capitalise pas sur ses actifs, alors que la reconstruction aurait pu être accélérée.
“Nous voulons continuer à améliorer l’équipe. Il y a un équilibre entre bâtir pour l’avenir et ne pas ignorer le présent.” – Kent Hughes
Mais cet équilibre, il ne l’a pas trouvé. Il a gelé, laissant l’occasion deux mains vides.
Ce qui rend la situation encore plus absurde, c’est que Boston a acquis Casey Mittelstadt pour une bouchée de pain. Et Brad Marchand a été échangé pour des peanuts.
En rappel, les Bruins de Boston ont échangé leur capitaine, Brad Marchand, aux Panthers de la Floride pour un choix de deuxième ronde en 2027, qui pourrait se transformer en un choix de première ronde en 2028 si les Panthers atteignent la finale de conférence et que Brad Marchand a joué au moins la moitié des matchs.
Les Bruins ont également échangé l’attaquant Charlie Coyle à l’Avalanche du Colorado en retour du centre Casey Mittelstadt, l’espoir Will Zellers et un choix conditionnel de deuxième ronde en 2025. L’Avalanche a également obtenu un choix de cinquième ronde en 2026 dans cette transaction.
Charlie Coyle, un joueur de centre déclinant, a été l’élément principal du retour pour Mittelstadt. Hughes ne pouvait-il pas battre cette offre ridicule?
Depuis plusieurs semaines, on savait que Dylan Cozens et Mittelstadt étaient les deux options les plus réalistes pour combler le vide au centre. Cozens a été échangé à Ottawa, et Hughes n’a même pas tenté sa chance avec Mittelstadt.
Il semble de plus en plus évident que Kent Hughes a été influencé par Martin St-Louis et son groupe de joueurs. L’équipe voulait croire aux séries, et Hughes a plié.
Mais à quel prix?
Il n’a pas maximisé la valeur de ses vétérans en vente.
Il n’a pas amélioré son équipe pour augmenter les chances de faire les séries.
Il n’a pas suivi son propre plan de reconstruction.
Hughes était censé être froid, méthodique, calculateur. Aujourd’hui, il a démontré qu’il n’avait pas le cran de prendre les décisions difficiles.
Le malaise était trop grand pour être ignoré. Double perdant.
Le malaise était évident dans la salle de presse lorsque les détails des transactions ont commencé à circuler. Le prix payé pour Brad Marchand a rapidement fait sourciller, laissant plusieurs journalistes médusés. Un simple choix de deuxième ronde des Panthers en 2027—qui, en raison de leur statut de puissance de la LNH, équivaut pratiquement à un choix de troisième ronde—était tout ce qu’il fallait pour acquérir un joueur du calibre de Marchand.
Même avec la possibilité que le choix devienne un premier si certaines conditions étaient remplies, l’impact restait minime. Autrement dit, Kent Hughes aurait pu obtenir un joueur comme Marchand pour une bouchée de pain.
Et puis, il y avait l’affaire Mittelstadt. Non seulement il ne coûtait presque rien, mais en plus, l’Avalanche a envoyé un choix de deuxième ronde aux Bruins pour l’accompagner.
En d’autres termes, Charlie Coyle a pratiquement été évalué à un prix plus élevé que Mittelstadt, un centre de 26 ans capable de produire 50 points par saison.
Ce constat a clairement mis Kent Hughes dans l’embarras, lui qui venait d’expliquer qu’il n’avait pas été acheteur parce qu’il ne croyait pas que son équipe était prête à sacrifier des éléments pour gagner la Coupe Stanley.
Mais en même temps, il avait aussi refusé d’être vendeur pour “récompenser” son vestiaire. Le résultat? Ni acheteur, ni vendeur, le CH est resté immobile, une décision qui semblait de plus en plus incohérente à mesure que le prix payé pour Marchand était dévoilé pendant la conférence de presse.
Pendant ce temps, les rivaux directs se sont renforcés. Ottawa a acquis Dylan Cozens, Boston a obtenu Casey Mittelstadt, et le Canadien regarde passer la parade.
Hughes voulait « récompenser » son vestiaire?
Il vient plutôt de leur envoyer le message qu’il n’avait pas ce qu’il fallait pour les mener à un vrai objectif.