Si la date limite des transactions devait être le grand coup de Kent Hughes, ce fut tout sauf ça. Le DG du Canadien, pourtant reconnu pour ses manœuvres chirurgicales, est sorti de cette semaine avec une sensation étrange de vide.
Pas d’achats significatifs, pas de ventes majeures, pas de coup de maître. Simplement un club qui continue son chemin en espérant que la foi et la persévérance suffiront à combler le manque de talent brut.
Une décision qui soulève bien des questions, car dans une LNH où le statu quo est souvent synonyme de recul, le Canadien semble s’être enfermé dans une zone grise, un entre-deux où on ne sait plus trop si on reconstruit encore ou si on essaie vaguement de compétitionner.
Mais que s’est-il réellement passé? Pourquoi Kent Hughes a-t-il refusé de bouger? Lui-même a donné la réponse : c’est l’équipe qui lui a dicté son plan.
« Ce qu’on ferait aujourd’hui serait dicté par l’équipe. »
Voilà la phrase-clé qui a guidé la dernière semaine. Avant la pause des 4 nations, l’équipe se dirigeait tout droit vers une vente de liquidation, comme les dernières années.
Mais là, ils ont gagné cinq matchs de suite. Cinq victoires qui ont tout changé.
« J’avais promis aux joueurs à Tremblant que pour la première fois depuis que je suis ici, on n’avait pas un plan établi en début de saison et que leurs performances allaient influencer nos décisions. »
Résultat? Aucun mouvement. Pas de vente, pas d’achat. Juste le groupe en place qui a gagné son droit de finir la saison ensemble.
Pourtant, il y avait des candidats évidents pour un départ.
David Savard? Il aurait pu rapporter un choix de premier tour dans ce marché complètement fou pour les défenseurs.
Joel Armia? Sa valeur n’a jamais été aussi élevée depuis qu’il s’est réveillé en 2025.
Christian Dvorak? Personne n’en voulait visiblement, ce qui en dit long. Mais Hughes a préféré garder tout le monde.
« On a regardé beaucoup de choses. On a fait des appels. On a demandé aux équipes s’ils étaient ouverts à des échanges joueur contre joueur. »
Pourtant, rien n’a abouti. « Ce sont des discussions que nous pourrons reprendre cet été, mais nous n’étions pas prêts à le faire maintenant. »
Hughes le sait, il a marché sur une ligne très mince. Le Canadien est à un point des séries aujourd’hui, mais rien ne garantit que cette équipe va réussir à s’y qualifier.
Si la séquence de cinq victoires était un simple mirage, il aura gaspillé une opportunité en or de capitaliser sur des vétérans. Il l’admet d’ailleurs sans détour :
« Ce marché était un marché de vendeurs. Les prix étaient élevés. Et si tu étais acheteur, tu savais que tu allais payer un prix excessif pour un joueur qui allait aider seulement en surface. »
Jake Evans, la “grosse acquisition”
Si le plus gros ajout du Canadien cette semaine est une signature, et non une transaction, c’est tout un symbole. Hughes l’a répété :
« Nous avons récompensé nos joueurs pour leurs efforts. »
Une phrase qui résume tout. Il n’était plus question de vendre des morceaux, mais de prouver aux joueurs que leur travail était reconnu.
Alors on a sorti le chéquier pour Jake Evans, un joueur apprécié dans le vestiaire, et on lui a donné un contrat de 4 ans à 2,85M$. Hughes était catégorique :
« Jake est un bon joueur de hockey, mais c’est surtout une très bonne personne. » Traduction? On mise sur la stabilité, pas sur la réinitialisation.
Mais cette signature soulève une autre question épineuse. Si Jake Evans est là pour rester, qu’arrive-t-il à Owen Beck?
Le jeune joueur qu’on a catapulté dans la peau d’un centre de la LNH par manque de profondeur est maintenant coincé dans un rôle flou.
Est-il vraiment dans les plans ou est-ce qu’il devra attendre une éventuelle transaction? Hughes reste vague : « Nous devons encore construire cette équipe pour atteindre nos objectifs. Mais comment? Je ne peux pas vous le dire aujourd’hui. »
Traduction : on n’a pas trouvé le deuxième centre qu’on cherchait, et on verra cet été.
Patrik Laine : déjà un pied dehors?
Et puis, il y a le cas Patrik Laine. Le finlandais est le plus grand point d’interrogation du club. Hughes n’a rien voulu confirmer, mais sa déclaration en dit long sur l’avenir du joueur.
« Il vit des hauts et des bas. Il a un talent offensif rare, mais il doit continuer à progresser défensivement. »
Bref, on parle d’un joueur talentueux, mais problématique, qui ne cadre pas totalement avec la philosophie du Canadien. Est-ce qu’on a assisté aux derniers mois de Laine à Montréal?
Tout porte à croire que le dossier sera chaud cet été.
Et maintenant?
Alors que d’autres équipes se sont renforcées, que d’autres ont fait le ménage, le Canadien a choisi l’immobilisme. Une décision risquée qui va maintenant mettre une pression énorme sur Kent Hughes.
S’il avait bougé, il aurait eu une excuse : nous avons pris une direction. Là, il devra répondre aux résultats du club.
« On n’a pas encore bâti une équipe qui peut gagner la Coupe Stanley. »
Voilà ce que Hughes a lancé à la presse, en guise de conclusion.
On comprend qu’il a voulu donner une chance à son équipe, mais on comprend aussi qu’il a les mains liées. Il ne pourra pas se cacher derrière l’excuse du développement éternellement.
L’été sera brûlant à Montréal. Parce que Kent Hughes devra prouver que son pari de ce printemps ne se transformera pas en échec monumental.
À suivre ...