C’est la gifle que tout Montréal redoutait. Le genre de moment où, dans le bureau de Kent Hughes, les murs ont tremblé, sans tambour ni trompette.
Un simple écho dans les propos de Frank Seravalli, mais suffisant pour geler le sang dans les veines des partisans du CH.
Invité au podcast The Big Show sur Sportsnet 960 à Calgary, Seravalli n’a pas eu besoin d’en dire long pour que le message passe.
Interrogé sur la possibilité que Connor McDavid teste le marché des joueurs autonomes, il a répondu avec le ton résigné de quelqu’un qui connaît déjà la fin du film :
« Je ne pense pas qu’il ait beaucoup réfléchi à ça… mais si vous parlez d’un joueur de ce calibre, vous pensez tout de suite aux Leafs, aux Rangers, aux Blackhawks, aux Kings. »
Ce n’est peut-être pas une déclaration officielle, mais c’est tout sauf une bonne nouvelle pour Montréal.
Le message est clair : les gros marchés anglophones mènent la course… et le bleu-blanc-rouge n’est même pas dans le rétroviseur.
Et ce n’est pas seulement une affaire de contrat ou d’argent. Non.
C’est bien plus cruel que ça. C’est une affaire de volonté. De désir. De plan de carrière.
McDavid, comme Gretzky avant lui, a compris qu’on ne vit qu’une seule fois.
Et dans une vie de joueur de hockey, on n’a qu’une poignée d’occasions de tout contrôler.
Il semble que ce moment approche pour lui. Et selon les sources de Seravalli, il a déjà commencé à regarder ailleurs.
Pas vers le nord. Pas vers Montréal. Pas vers Kent Hughes. Ailleurs.
À 29 ans en 2026, Connor McDavid sera à la croisée des chemins.
La fin d'un contrat, une fenêtre dorée pour devenir le joueur autonome le plus convoité depuis… Wayne Gretzky lui-même.
Rappelez-vous quand Wayne Gretzky avait décidé de signer avec les Rangers de New York à l’été 1996.
C’était la première ... et seule ... fois de sa carrière qu’il avait le luxe de choisir sa destination comme joueur autonome.
Après un court passage à St. Louis, le plus grand joueur de tous les temps avait opté pour la Grosse Pomme, retrouvant son ancien coéquipier Mark Messier et profitant de l’adrénaline d’un marché immense.
Un choix de cœur, de prestige, mais aussi de liberté. Un peu comme ce que Connor McDavid semble convoiter aujourd’hui.
Et la vérité, c’est qu’il sait exactement ce qu’il veut. Il veut un marché médiatique.
Il veut une chance réelle de gagner la Coupe. Il veut un endroit où il pourra laisser une trace, dans un marché où il peut devenir une légende, pas un martyr.
Montréal, malheureusement, ne fait pas partie de cette équation.
Le CH est encore en reconstruction. Malgré les beaux discours, malgré Lane Hutson et Ivan Demidov qui font saliver les partisans, la vraie question que McDavid se pose est simple : combien d’années encore avant que ce club-là soit prêt à aspirer à la Coupe? Trois? Quatre?
Il n’a plus ce luxe. Lui, c’est maintenant. Et ce maintenant-là, il semble pointer vers des destinations qui font grimacer Kent Hughes dans son sommeil.
Toronto. C’est là que tout a commencé.
Et c’est peut-être là que tout va se finir. McDavid l’a souvent dit : il a grandi avec les Leafs dans le cœur.
Son père était un fan fini. Et même si le poids de l’échec pèse lourd sur cette organisation, il suffit d’un changement de décor ... Auston Matthews, William Nylander, John Tavares…
Ce noyau pourrait facilement être ajusté pour accueillir un joueur générationnel. La pression serait immense. Mais les moyens sont là. Et surtout, c’est la maison. La vraie.
Mais ce serait presque trop logique. Trop canadien. Parce que le nom qui revient de plus en plus souvent, c’est Los Angeles.
La ville où Gretzky a changé le sport. La ville où McDavid pourrait, lui aussi, écrire sa légende.
Les Kings ont un bon noyau. Anze Kopitar, véritable monument de la franchise, vient tout juste d’annoncer qu’il prendra sa retraite à la fin de la saison.
Le timing est presque trop parfait : Connor McDavid pourrait venir prendre la place de la légende, endosser le flambeau, et écrire son propre chapitre à Los Angeles.
Et l’ironie est délicieuse : ces mêmes Kings ont été éliminés des séries au cours des quatre dernières années par… Connor McDavid et les Oilers.
Il les connaît par cœur. Il sait qu’ils sont proches. Il sait que cette équipe aspire à de grandes choses.
Ajoutez à ça le soleil, l’argent, la liberté médiatique d’un marché californien, et surtout, la possibilité de dominer la LNH dans un environnement glamour sans le fardeau d’un marché canadien : McDavid n’est pas insensible à ce scénario.
Et que dire de New York? Les Rangers, avec Artemi Panarin, Adam Fox, JT Miller et Igor Shesterkin…
Un club à une superstar près d’un vrai sprint vers la Coupe.
L’image de McDavid traversant le Madison Square Garden ferait frissonner n’importe quel producteur de la LNH.
ESPN en baverait. Et lui, il serait la star des stars. Le roi de Manhattan. Et ça, ça pèse lourd dans la balance. Il le sait.
Même Vegas, dans son ambiance de carnaval doré, représente un danger.
Jack Eichel a déjà gagné là. Shea Theodore, Alex Pietrangelo, Mark Stone ... et maintenant Mitch Marner... ils ont l’expérience.
Et ils ont prouvé que les grandes vedettes pouvaient gagner vite là-bas.
McDavid, dans ce contexte, n’aurait qu’à enfiler l’uniforme et embarquer dans le cirque. Il serait la tête d’affiche d’un spectacle permanent.
Et chaque soir, 17 000 spectateurs seraient prêts à parier leur maison pour le voir jouer.
Tout ça, pendant que Montréal… regarde. Attends. Espère. Rêve.
Mais ne fait pas partie du plan. C’est ça, la tragédie. Kent Hughes peut bien offrir le Centre Bell, la culture du CH, des pancartes en français, et une salle pleine à craquer tous les soirs.
Ce n’est pas suffisant. Il ne peut pas offrir la Coupe, pas maintenant. Il ne peut pas offrir le soleil de la Californie, ni le glamour de New York, ni la familiarité rassurante de Toronto.
Et McDavid, lui, ne veut pas d’un projet. Il veut un sommet.
Frank Seravalli n’a pas dit ça textuellement. Il a fait ce que font les insiders : il a laissé fuiter le fond sans en assumer la forme.
Il a dit que McDavid « n’y avait pas beaucoup réfléchi », mais qu’il « penchait vers une prolongation ».
Il a nommé les Leafs, les Kings, les Rangers, les Blackhawks… mais jamais le Canadien.
Et pourtant, Montréal vibre.
La fenêtre est grande ouverte, l’organisation inspire enfin confiance, et le Centre Bell a littéralement explosé d’admiration lors du passage de McDavid au tournoi des Quatre Nations.
Mais malgré l’engouement, malgré l’amour évident du public montréalais, Frank Seravalli n’a même pas soufflé un mot sur la possibilité que le #97 envisage Montréal.
Pas par mépris. Pas parce qu’il n’aime pas la ville. Mais parce que c’est illogique.
Connor McDavid ne quittera pas Edmonton pour se lancer dans une autre aventure canadienne… sauf peut-être pour son vrai chez-lui, Toronto.
Quitter le poids d’un marché canadien pour en retrouver un autre, aussi exigeant, aussi intense, ce serait simplement changer de cage.
Son choix, c’est clair, tend vers un marché où il peut respirer, gagner, et façonner sa propre légende, sans devoir porter le fardeau d’un pays entier sur ses épaules.
Comme si Montréal ne méritait même pas une ligne de texte. C’est froid. C’est brutal. Et c’est peut-être ça, le plus dur à avaler.
Et dans ce silence, le message est clair : Montréal n’est pas sur la liste. Le rêve est mort. Pas avec fracas. Pas avec une déclaration officielle.
Juste un non-dit, glissé dans un podcast, confirmé dans les murmures des coulisses de la LNH. Et pourtant, Kent Hughes, lui, l’a entendu comme une explosion.
La stratégie de patience du Canadien pourrait coûter cher. Parce qu’un joueur comme McDavid, ça ne passe qu’une fois. Une seule.
Et quand il décide qu’il veut prendre le contrôle de sa destinée, comme il est en train de le faire, aucune culture, aucun marketing, aucun historique ne peut le retenir. Il ira où il veut. Point.
Il n’y aura pas de sauveur à Montréal. Pas cette fois-ci. Le train est passé. Et pour une fois, ce n’est pas la faute du DG, ni des partisans.
C’est juste que l’heure n’était pas la bonne. Et McDavid, lui, a décidé que son heure, c’est maintenant. Ailleurs.
Alors oui, on pourra toujours rêver à un miracle au repêchage.
À une montée éclair du CH dans le classement. Mais pour Connor McDavid, le rêve est terminé.
Et pendant que lui commencera déjà à planifier son été 2026 ... la décision de sa vie ... Kent Hughes, lui, devra regarder ailleurs.
Si ce n’est pas McDavid, ce doit être quelqu’un d’autre. On ne peut pas rester les bras croisés alors que la fenêtre commence enfin à s’ouvrir.
Ce noyau mérite du renfort. Et si Montréal ne fait pas partie des plans du meilleur joueur au monde, alors c’est à Hughes de trouver celui qui veut l’être ici.
Pas en rouge. Pas à Montréal. Ailleurs.
À suivre ...