Il y a des villes qu’on quitte… mais qui ne nous quittent jamais.
Pour Kent Hughes, cette ville, c’est Boston.
C’est là qu’il a bâti sa carrière comme agent. C’est là qu’il a tissé son réseau dans les coulisses du hockey.
Et c’est là qu’un certain Don Sweeney est devenu DG des Bruins, pendant que Hughes empilait les contacts et les secrets dans l’ombre des arénas.
Aujourd’hui, ces deux hommes sont de chaque côté d’une ligne de centre bien réelle.
Hughes tire les ficelles du Canadien. Sweeney garde le fort à Boston.
Mais les vieux chemins finissent toujours par se croiser. Et cette fois, c’est un nom précis qui ravive cette tension sourde entre eux : Pavel Zacha.
Zacha n’est pas un joueur flamboyant. Mais il incarne exactement ce qui manque au CH : un vrai deuxième centre. Gabarit de 6’3, capable de jouer à l’aile au besoin, fiable dans les deux sens de la patinoire, bon sur les mises au jeu, capable de prendre du temps sur l’avantage numérique… bref, un profil que Montréal n’a jamais vraiment réussi à clouer depuis les dernières années.
Et à 27 ans, il entre dans ses meilleures saisons.
Le nom de Zacha, ce n’est pas un fantasme de partisan nostalgique. C’est Arpon Basu, à BPM Sports, qui l’a lancé en ondes.
Et pas comme une hypothèse. Comme une cible réaliste.
Ce mot-là, dans la bouche de Basu, veut dire une chose : il y a eu une discussion quelque part. Il y a de la boucane. Et peut-être un feu bien caché sous le bureau d’un DG.
Car si Zacha est accessible — et à Boston, tout est toujours accessible au bon prix — il faudra que Hughes sorte ses cartes.
Et pas ses jokers. Des vraies cartes. Un choix de deuxième ronde. Un jeune défenseur. Un espoir.
Quelque chose qui pique. Parce que Sweeney, même s’il connaît Hughes, ne va pas lui faire un rabais nostalgie.
Ce n’est pas un salon de thé, c’est la guerre froide entre deux organisations qui se détestent officiellement depuis 1924.
Et le sel dans tout ça? C’est que Hughes connaît Boston.
Il y a vécu. Il y a recruté. Il y a tissé ses toiles. Il sait comment l’organisation pense. Il sait comment Sweeney négocie.
Il sait que Zacha n’est pas intouchable, surtout maintenant que Bergeron et Marchand sont partis, que les Bruins se retrouvent coincés entre une fenêtre qui se ferme et une jeunesse qui tarde à émerger.
Pour le Canadien, c’est une occasion rare : ajouter un morceau qui fait du sens sans exploser la banque.
Zacha gagne un peu plus de 4,75 millions par saison. C’est honnête. Très honnête pour un centre établi.
Ce n’est pas un contrat toxique. Ce n’est pas une location. C’est un gars qui peut être là pour deux ou trois ans, le temps de voir si Beck, Roy ou un autre jeune est capable de prendre la relève.
Et surtout, ce n’est pas une décision de panique. Ce serait un move chirurgical. Un ajout stratégique.
Un joueur qui s’insère immédiatement dans le groupe, sans voler la vedette, mais en solidifiant la colonne vertébrale de l’équipe.
Mais est-ce que Hughes osera? Est-ce qu’il acceptera de sacrifier une pièce d’avenir pour régler un problème du présent?
Il le sait : les fans sont patients… jusqu’à ce qu’ils ne le soient plus.
Et avec tout l’espace sous le plafond, avec les sept choix dans les trois premières rondes, avec les jeunes qui cognent à la porte mais qui ne sont pas encore prêts à la défoncer, le moment est peut-être venu de faire un coup de maître.
Et imaginez si ça se concrétise. Imaginez Zacha qui marque un but contre Boston au Centre Bell.
Hughes dans sa loge, calme comme un moine.
Sweeney, sur la galerie, mâchoire crispée. Ce ne serait pas une vengeance. Ce serait une démonstration. Une passe à l’aveugle du destin, qui finit directement sur la palette d’un homme qui connaît ses angles.
Pavel Zacha, dans ce contexte, ce n’est pas juste un joueur. C’est un symbole. Celui de l’intelligence de gestion. Du moment bien choisi. De l’occasion qui tombe entre deux vieilles connaissances qui n’ont jamais vraiment été amis.
Dans la LNH, il n’y a pas de loyauté. Il n’y a que des moments à saisir.
Et parfois, ces moments portent le visage d’un vieux rival… et les couleurs d’un avenir à bâtir.
Ce n’est pas juste une question de talent sur la glace. C’est une question de moment. De contexte. De flair.
Parce qu’un bon DG ne saute pas sur chaque occasion — il attend celle qui peut changer le tempo. Et peut-être que celle-là est arrivée.
La table est mise. Les regards sont croisés. Le passé refait surface.
Et le futur du Canadien, lui, attend juste un pion de plus pour transformer la game.
AMEN