Jeff Gorton, l’homme censé être la tête pensante derrière la reconstruction des Canadiens de Montréal, est aujourd’hui sous un feu nourri de critiques.
Les deux pieds dans l'eau chaude.
Et pour cause : l’architecte de cette équipe a lui-même bâti un château de cartes prêt à s’effondrer. Ce qui semblait être une vision audacieuse pour moderniser l'organisation s’est transformé en une débâcle qui éclate au grand jour.
Revenons aux origines du problème. Gorton, homme de hockey d'expérience avec une feuille de route enviable dans la LNH, a accepté de prendre le rôle de vice-président des opérations hockey à Montréal.
Mais il y avait une condition non négociable : le directeur général devait parler français. Ce critère, bien que compréhensible dans le contexte montréalais, a mené à un choix risqué : Kent Hughes, un agent de joueurs sans aucune expérience en gestion d’équipe.
Le meilleur ami...de Jeff Gorton...
Plutôt que d’assumer lui-même le rôle de DG, Gorton s’est retrouvé dans une position paradoxale : il porte la responsabilité des échecs de l’équipe, mais il n’a pas le contrôle total des décisions.
Le choix de Hughes, bien que politiquement acceptable, s’avère être une erreur stratégique monumentale. C’est comme si Gorton avait volontairement mis un pilote novice aux commandes d’un avion en pleine turbulence, tout en prétendant que tout allait bien.
Et puis, il y a eu Martin St-Louis. Engager une légende du hockey comme entraîneur, sans aucune expérience derrière un banc professionnel, était un geste audacieux.
Mais où est le filet de sécurité? Aucune équipe de la LNH ne confie les rênes à un coach recrue sans l’entourer d’un staff expérimenté.
Pas Montréal. Ici, l’approche est unique : recruter des entraîneurs qui, comme leur chef, n’ont jamais navigué les eaux tumultueuses de la LNH.
Trevor Letowski : 0 match d’expérience dans la LNH avant son arrivée.
Stéphane Robidas : 0 match comme entraîneur dans la LNH avant son arrivée.
Roger Grillo : Consultant en entraîneurs, lui aussi sans expérience au plus haut niveau.
À eux seuls, ils incarnent le rêve naïf de Jeff Gorton : une équipe d’entraîneurs « modernes » qui apprend sur le tas. Mais après trois saisons, il est évident que ce rêve vire au cauchemar.
La liste des échecs sous la direction de Gorton est longue et embarrassante.
Le refus d’embaucher un entraîneur d’expérience est ridicule.
Alors que d'autres organisations insèrent toujours un vétéran dans leur staff pour épauler les jeunes entraîneurs, Gorton a laissé Martin St-Louis apprendre à coups d’essais et d’erreurs.
Résultat : une équipe désorganisée, des jeunes talents mal gérés, et des défaites humiliantes.
Il faut parler des transactions désastreuses qui font mal aujourd'hui.
Lehkonen contre Barron et un choix de 2e ronde est catastrophique.
Artturi Lehkonen est devenu une pièce maîtresse pour l’Avalanche du Colorado, tandis que Justin Barron est un défenseur réserviste dans l'âme.
Newhook contre un choix de 1ère et 2e ronde est une blague. Alex Newhook a été un échec jusqu’ici, incapable de justifier le prix payé pour l’acquérir.
Kirby Dach pour Alex Romanov est peut-être la pire de toutes. Faut-il rappeler qu'on a aussi sélectionné David Reinbacher à la place de Matvei Michkov?
Ce n'est pas tout.
Le refus de vendre haut a coulé l'équipe et retardé la reconstruction de plusieurs années.
Mike Matheson et Josh Anderson avaient une valeur maximale à un moment donné. Gorton et Hughes ont refusé de tirer profit de cette opportunité, et leur valeur s’est effondrée depuis.
On pourrait continuer comme ça pendant longtemps.
Quand Dante Fabbro, un défenseur droitier avec une expérience solide, a été placé au ballottage, les Canadiens avaient une opportunité en or de combler une lacune criante.
Mais non, Hughes et Gorton ont choisi de passer leur tour. Aujourd’hui, Fabbro brille à Columbus, tandis que Montréal continue de souffrir d’une défense remplis de trous.
Mais le pire dans tout cela, c’est que Martin St-Louis est en train de devenir la risée de l'histoire en ce qui concerne les entraîneurs-chefs de la LNH.
En lui offrant un contrat de 5 millions par saison jusqu’en 2027, Gorton et Hughes ont créé une catastrophe médiatique.
Quand viendra le moment de mettre fin à la reconstruction et de viser les séries, St-Louis sera probablement sacrifié. Il portera alors seul le blâme pour des décisions qui, en réalité, reviennent à Gorton.
La réalité est brutale : Jeff Gorton est le véritable architecte de ce désastre. Son refus de prendre les commandes lui-même, son choix d’un directeur général inexpérimenté, et son pari risqué sur un staff d’entraîneurs sans expérience sont autant de décisions qui plombent le Canadien.
Dans 30 ans, on se rappellera peut-être de cette période comme celle où Montréal a essayé quelque chose de différent.
Mais pour l’instant, c’est une catastrophe en temps réel. Et Jeff Gorton, qui devait être le sauveur, est devenu l’homme à blâmer.
Quand le Canadien est dernier de la conférence, il est facile de pointer Martin St-Louis ou Kent Hughes du doigt.
Mais le vrai problème, c’est que Jeff Gorton a perdu le contrôle. Et à ce rythme, il pourrait perdre bien plus que ça.
Jeff Gorton est aujourd'hui au cœur d'une tempête qu'il a lui-même déclenchée. Ses récentes frustrations rapportées par Michel Therrien – concernant une prétendue "culture pro-joueurs" au sein des Canadiens de Montréal – sont non seulement révélatrices, mais également profondément ironiques.
Comment peut-il critiquer un environnement qu'il a lui-même contribué à instaurer?
Lorsque Gorton est arrivé à Montréal, il portait le costume du sauveur, le dirigeant comparé à un dieu tout puissant censé mener l'équipe hors de l'ombre de ses échecs passés.
Pourtant, c'est lui qui a installé ce fameux environnement « pro-joueurs » qu'il critique aujourd'hui. Il a recruté Kent Hughes, un ancien agent de joueurs, connu pour son approche centrée sur le bien-être de ses clients.
Ce choix n'était pas anodin : Gorton savait qu'Hughes amènerait une philosophie différente, plus conciliante, visant à séduire les joueurs.
Puis est venu le tour de Martin St-Louis, un entraîneur sans aucune expérience dans la LNH, choisi davantage pour son nom légendaire et sa capacité à inspirer que pour son savoir-faire tactique.
Avec ces deux figures à la tête de l'équipe, il était évident que la discipline stricte et l'autorité ne seraient pas les maîtres-mots du vestiaire. Ce que Gorton critique maintenant était prévisible dès le départ.
La réalité aujourd'hui est brutale : l'approche douce de Hughes et St-Louis a peut-être donné une impression de confort aux joueurs, mais elle n'a produit aucun résultat.
L'équipe stagne. Pire encore. Elle régresse. Les jeunes talents ne se développent pas comme prévu, et le vestiaire ressemble davantage à un club social qu'à une équipe de hockey professionnelle.
Pourtant, ce climat a été soigneusement construit par Gorton lui-même.
En choisissant un directeur général inexpérimenté et un entraîneur recrue, il a mis en place un cadre où les joueurs sont choyés mais où la rigueur et la responsabilité sont aux abonnés absents.
Pour St-Louis, les critiques sur sa gestion douce et son incapacité à faire progresser des joueurs comme Juraj Slafkovsky ou Kirby Dach sont un coup dur.
Mais il est important de noter que ces problèmes découlent d'une philosophie imposée par Gorton et Hughes. St-Louis est simplement l'employé suivant les ordres d'une entreprise qui ne sait pas où elle va.
Le plus ironique dans toute cette situation est que Jeff Gorton semble vouloir se distancier des problèmes qu'il a lui-même créés.
En critiquant la culture pro-joueurs, il tente de se laver les mains d'une stratégie qu'il a encouragée dès le premier jour.
Mais il est temps que Gorton se regarde dans le miroir. Les Canadiens ne sont pas dans la cave par accident. Les décisions douteuses, le manque de vision à long terme, et l'absence de discipline dans l'organisation sont le reflet direct de sa gestion.
Ce n'est pas Kent Hughes ni Martin St-Louis qui ont permis à cette situation de dégénérer : c'est lui.
Si Jeff Gorton est si frustré par l’état actuel des Canadiens, il n’a qu’une seule personne à blâmer : lui-même. En choisissant d’imposer une philosophie pro-joueurs sans filet de sécurité, en recrutant des novices à tous les niveaux et en s’abstenant de faire des mouvements décisifs sur le marché des transactions, il a transformé les Canadiens en une équipe sans direction claire.
Les partisans méritent mieux. L’histoire récente des Canadiens ressemble étrangement à celle d’une reconstruction interminable, avec un dirigeant principal qui refuse d’assumer ses erreurs.
Gorton, qui se vantait de son côté "hard" et de son expérience en arrivant, est aujourd’hui la figure d’un système qui n’a ni autorité ni résultats.
Si Gorton veut vraiment changer la culture, il devra commencer par changer ses propres habitudes. Mais à ce stade, il semble plus préoccupé par son image que par le succès de l’équipe
Un triste constat pour celui qui devait être le sauveur du CH, mais qui en est aujourd’hui l’un des principaux destructeurs.