La fin de RDS: Pierre Houde a peur pour son avenir

La fin de RDS: Pierre Houde a peur pour son avenir

Par David Garel le 2025-02-15

L’entrevue de Pierre Houde avec Louis Morissette et Jean-Philippe Wautier dans La Poire et le Fromage a offert un moment rare et révélateur : le vétéran des ondes de RDS a laissé transparaître une inquiétude évidente quant à l’avenir de son réseau.

Sans l’avouer explicitement, on pouvait ressentir à travers ses paroles un malaise profond, un mélange de nostalgie et d’incertitude face à un avenir plus que jamais incertain.

Le contrat de diffusion de la Formule 1 chez RDS arrive à échéance dans un an, et celui des matchs régionaux du Canadien de Montréal expire à l’été 2026.

Deux piliers majeurs du réseau sont donc sur le point de devenir des cartes maîtresses dans une guerre médiatique où seul un joueur survivra : RDS ou TVA Sports.

Dans l’entrevue, Louis Morissette a mis le doigt sur une vérité brutale :

« Il y a deux choix. Il y a deux choix et il n’y en aura peut-être pas deux pour longtemps. »

Traduction ? RDS et TVA Sports ne pourront pas coexister éternellement. Et à voir la situation actuelle de Bell Média, les paris ne sont pas favorables à RDS.

On pouvait le sentir dans sa voix, dans son ton hésitant, dans sa façon d’esquiver certaines questions sans jamais les confronter directement : Pierre Houde sait que la fin approche pour RDS, mais il refuse de le dire clairement.

Le légendaire commentateur a livré une réflexion qui en disait beaucoup plus qu’il ne voulait en révéler. Quand Morissette, avec sa franchise habituelle, lui a lancé : « Il y a deux choix. Il y a deux choix et il n’y en aura peut-être pas deux pour longtemps. », Houde a simplement répondu : « On verra. » 

Un "on verra" qui pesait une tonne. Ce n’était pas l’enthousiasme d’un homme convaincu que son réseau allait surmonter la tempête, mais plutôt la résignation de quelqu’un qui sent que le sablier est en train de s’écouler.

Et pour cause : le contrat des matchs régionaux du Canadien de Montréal chez RDS expire en 2026, celui de la Formule 1 prend fin dans un an, et toutes les rumeurs indiquent que Bell cherche à vendre RDS.

À chaque question qui touchait à l’avenir, Houde avait ce réflexe quasi instinctif d’adopter une posture prudente, cherchant à éviter un aveu trop direct, mais l’inquiétude transparaissait dans ses réponses. 

Morissette n’a pas hésité à pousser plus loin, soulignant que la situation actuelle du paysage médiatique sportif québécois laissait de moins en moins de place à deux diffuseurs majeurs, et que forcément, un allait tomber.

Il a même évoqué la possibilité qu’il n’y ait plus qu’un unique réseau sportif francophone au Québec, une remarque qui, dans un contexte où TVA Sports est en négociations avancées avec la LNH, ne pouvait être ignorée. 

« Est-ce que ça va durer longtemps encore ? », lui a demandé Morissette, et c’est là que Houde a lâché une bombe déguisée sous des mots soigneusement choisis : 

« Oh oui, j’ai encore beaucoup de plaisir. Mais j’ai beaucoup de plaisir… avec de moins en moins de contrôle. » 

De moins en moins de contrôle. On ne pouvait pas être plus clair sur ce qu’il sous-entendait. Pierre Houde voit son monde changer, voit RDS lui glisser entre les mains, et il sait qu’il n’a aucun pouvoir sur ce qui s’en vient. 

Le ton était posé, mais la fatalité était évidente. Il a enchaîné en admettant que « ça va durer un an et demi. »

 Un an et demi, le temps que le contrat des matchs régionaux du Canadien arrive à échéance. Un hasard ? Non. Il sait que tout pourrait basculer en 2026, et que son avenir à RDS, comme celui du réseau lui-même, est en suspens. 

Morissette a lancé une question qui en disait long sur son propre sentiment par rapport à la situation .

Une question qui semblait anodine, mais qui cachait une hypothèse bien plus troublante : et si Pierre Houde, après toutes ces années, devait tout simplement quitter la télé québécoise ? 

Houde, fidèle à lui-même, a tenté de donner une réponse rassurante : 

« Je pense que je sui dans la bonne famille professionnelle aussi."

On pouvait sentir dans ces quelques mots que l’incertitude plane non seulement sur l’avenir du réseau des sports, mais aussi sur le sien. 

Il ne se projette plus à long terme avec le réseau, il commence déjà à envisager d’autres possibilités. Il n’y a pas si longtemps, Pierre Houde était le visage, la voix et l’âme de RDS.

Aujourd’hui, il semble lui-même incapable de garantir qu’il y sera encore dans deux ans. Et lorsqu’il a évoqué le passé, on pouvait sentir cette nostalgie, cette manière subtile de comparer la situation actuelle à celle des débuts de RDS, quand personne ne croyait à leur survie. 

« Ceux qui se souviennent des débuts de RDS… selon les experts, on devait mourir après six mois. » 

Mais à l’époque, l’avenir était incertain, mais il y avait de l’espoir. Aujourd’hui ? Il n’a parlé d’aucun espoir. Il n’a pas dit « RDS va rebondir », ni « On va traverser cette crise. » Rien. Rien d’autre que de l’incertitude. 

Cette fois, plus aucun doute possible. Il sait que le compte à rebours est enclenché.

L’heure est grave. Bell cherche à se désengager du sport, et des rumeurs insistantes évoquent une possible vente de RDS. Ce qui, il y a dix ans, aurait semblé impensable, est aujourd’hui une hypothèse bien réelle.

Pierre Houde le sait.

Il a parlé du passé glorieux de RDS, de ses débuts difficiles où le réseau devait mourir après six mois d’existence, d’un temps où l’avenir semblait incertain… sauf qu’à cette époque, il y avait de l’espoir.

Aujourd’hui ? Plus personne n’est capable de garantir que RDS pourra tenir le coup face aux changements brutaux de l’industrie.

TVA Sports est en négociations avancées avec la LNH pour prolonger ses droits exclusifs sur le hockey, une entente qui serait un coup fatal pour RDS.

Si TVA Sports parvient à sécuriser une entente de plusieurs années, RDS se retrouvera complètement dépouillé, n’ayant plus que quelques miettes de contenu sportif à diffuser.

Et ça, Pierre Houde en est bien conscient.

Sa déclaration sur son plaisir au travail qui demeure, mais avec de moins en moins de contrôle, en dit long. Ce n’est pas un homme qui voit un avenir stable devant lui, c’est un commentateur légendaire qui sent la fin arrivermais qui refuse de l’admettre ouvertement.

Le contrat de la F1 prend fin dans un an.

Le contrat des matchs régionaux du CH expire en 2026.

Bell veut vendre.

TVA Sports est déjà en négociations.

RDS ne peut pas survivre sans ces droits de diffusion. Si TVA Sports met la main sur la totalité du hockey, ce sera un arrêt de mort pour RDS.

Le compte à rebours est enclenché, et Pierre Houde le sait. Son ton hésitant, ses phrases remplies de sous-entendus, son refus d’affirmer clairement qu’il a un avenir garanti dans l’organisation.

Tout laisse croire qu’il ne croit plus au futur de RDS.

Houde voit la fin venir, mais il veut rester en contrôle jusqu’au bout.

Que fera-t-il ensuite ? Va-t-il prendre sa retraite après plus de 35 ans à RDS ? Va-t-il tenter de se repositionner ailleurspour poursuivre sa carrière ?

Une chose est certaine : il ne semble pas convaincu que RDS existera encore sous sa forme actuelle d’ici 2027. Et si l’homme qui incarne le réseau depuis trois décennies n’a plus confiance… qui le pourrait encore?

RDS joue ses dernières cartes, mais tout indique que la partie est déjà perdue.