La ligne est mince pour Kirby Dach : de boulet à héros

La ligne est mince pour Kirby Dach : de boulet à héros

Par André Soueidan le 2024-12-31

Kirby Dach. Ce nom évoque à la fois l’espoir et la frustration pour les partisans du Canadien de Montréal.

Mardi soir, à Vegas, il a encore montré pourquoi son cas divise tant.

D’un revirement coûteux en première période à un but gagnant en troisième, Dach a incarné à lui seul le chaos, la rédemption et, disons-le, un brin de chance.

Tout a commencé par ce que l’on pourrait qualifier de classique Kirby Dach : une sortie de zone mal avisée, une passe directement sur la palette d'un joueur de Vegas.

Noah Hanifin ne s’est pas fait prier et a enfilé la rondelle dans la lucarne de Samuel Montembeault.

“Ce n’est pas une question de talent, mais il faut qu’ils compétitionnent plus”, a lâché Martin St-Louis après la rencontre, visiblement peu impressionné par les décisions douteuses de son jeune centre.

Mais Dach n’est pas qu’un faiseur de bourdes, oh non. C’est aussi un joueur capable de se transformer en sauveur, et mardi soir, il a décidé de jouer sur ce fil tendu entre les deux rôles.

Alors que le Canadien revenait tranquillement dans le match, il s’est retrouvé dans une situation à deux contre un en compagnie de Patrik Laine.

Son geste ? Une tentative de passe qui, par un heureux concours de circonstances (et peut-être un peu de maladresse), s’est transformée en un tir qui a trompé Adin Hill entre les jambières.

“C’est le genre de moment qui te donne confiance”, a déclaré Dach après le match. Et pourquoi pas ? Après tout, un but gagnant, ça reste un but gagnant, peu importe comment il est marqué.

Les chiffres, eux, ne mentent pas. Avant cette victoire contre Vegas, le Canadien avait une fiche désastreuse de 0-13-0 lorsqu’il tirait de l’arrière après deux périodes.

Mardi soir, ce narratif a changé. Et si l’on veut être généreux, on peut attribuer une partie de ce revirement à Dach. Mais soyons honnêtes, il a autant coûté que rapporté dans ce match.

Une bourde, un but. Une soirée bien équilibrée, dirait-on.

“On commence vraiment à croire à ce qu’on fait. Ce n’est pas un jeu magique. On fait des choses simples, constamment”, a souligné Martin St-Louis, visiblement satisfait du résultat, sinon de l’exécution.

Et cette philosophie pourrait bien résumer la trajectoire de Dach. Pas de magie ici, juste des éclairs de génie entrecoupés de moments où l’on se demande s’il a bien lu le manuel des bases du hockey.

Mais revenons à cette victoire à Vegas. Une performance collective qui a permis au Canadien de battre l’un des meilleurs clubs de la ligue et de prolonger sa séquence de succès à trois matchs consécutifs.

Cole Caufield a marqué son 19e but de la saison – et son 100e en carrière, rien de moins.

Emil Heineman a égalisé avec un effort digne des meilleurs travailleurs de fond. Et Montembeault ? Impérial. Avec 27 arrêts, dont deux spectaculaires dans les dernières secondes, il a prouvé qu’il était prêt à rivaliser avec les meilleurs, y compris son futur coéquipier d’Équipe Canada, Adin Hill.

Quant à Dach, la ligne reste mince entre l’échec et la réussite. Une ligne sur laquelle il semble danser depuis son arrivée à Montréal.

Ce but gagnant contre Vegas est une belle ligne à ajouter à son CV, mais il ne suffira pas à faire taire les critiques. Pas encore.

“On commence à voir les résultats du travail collectif qu’on met sur la glace”, a-t-il ajouté, visiblement satisfait de la tournure des événements.

Mais cette constance, ce fameux travail collectif, est encore loin d’être acquis pour lui.

La patience est une vertu, dit-on, et le Canadien semble prêt à en faire preuve avec Dach.

“On est rendu à un point où on joue des mauvaises périodes, mais elles ne durent pas longtemps”, a expliqué St-Louis.

Une belle façon de dire que l’équipe est capable de limiter les dégâts, même lorsque certains joueurs, disons, s’égarent.

Dach, lui, doit maintenant apprendre à faire moins de “mauvaises minutes” et plus de “bons moments”. Parce que mardi soir, c’est bien la magie d’une séquence qui a sauvé son match.

Alors que le Canadien célèbre cette victoire improbable à Vegas, difficile de ne pas y voir une symbolique parfaite pour clore 2024.

Une année marquée par des hauts, des bas, des doutes et des moments d’espoir, un peu comme la soirée de Kirby Dach.

À l’aube du Nouvel An, cette victoire arrachée dans la ville du jeu est une métaphore éclatante : tout peut basculer, parfois en votre faveur, parfois contre vous.

Ce soir, Dach a eu la chance de finir l’année dans la colonne des héros, mais à Montréal, les attentes ne prennent jamais de congé.

Alors, qu’il profite bien de cette lueur d’espoir dans les feux de Vegas, car dès demain, 2025 commencera avec les mêmes exigences : prouver qu’il peut rester du bon côté de cette fameuse ligne mince.

En attendant, levons notre verre à ce moment, car les secondes filent et, comme au hockey, chaque instant compte.

Bonne année, Kirby !