Jesse Ylonen. Si son nom évoque encore quelque chose aux partisans du Canadien, c’est probablement un souvenir vague, celui d’un joueur prometteur qui n’a jamais vraiment trouvé sa place à Montréal.
Mais samedi après-midi, dans ce qui ressemblait à un règlement de comptes à la Place Bell, Ylonen a montré à son ancienne équipe – et à tout le monde – pourquoi il n’a pas encore dit son dernier mot.
Avec un but, une passe, et une performance tranchante, il a non seulement conduit le Crunch de Syracuse à une victoire de 5 à 2, mais il a aussi laissé le vestiaire du Rocket secoué, sonné, et, osons le dire, légèrement humilié.
Parce que ce n’était pas juste un bon match pour Ylonen. Non, c’était une revanche. Une déclaration. Une manière bien sentie de rappeler qu’il aurait pu être plus qu’une simple ligne oubliée dans les annales de l’organisation du Canadien.
Dès la deuxième période, il a servi une passe parfaite à Gabriel Szturc pour égaliser le score. Puis, comme pour enfoncer le clou, il a marqué un but en avantage numérique, exploitant une défense de Laval désorganisée.
Deux jeux décisifs qui ont changé le cours du match et laissé le Rocket dans une spirale de confusion.
Dans le vestiaire après le match, l’ambiance devait être lourde. Ce n’est pas tous les jours qu’un ancien coéquipier revient vous hanter de cette façon.
Mais samedi, c’était précisément ce qui s’est passé. Ylonen, qui avait passé 111 matchs avec le Canadien et 148 avec le Rocket, connaissait très bien cette équipe.
Pendant que le Crunch célébrait sa victoire, le vestiaire du Rocket devait se poser de sérieuses questions. Luke Cavallin, qui a réalisé 27 arrêts sur 31 tirs, n’a pas été mauvais, mais il a été abandonné par une défense incapable de contenir l’assaut.
Et que dire de Luke Tuch, récemment critiqué par son entraîneur et réinséré dans la formation ? Si son retour sur la glace était censé inspirer ses coéquipiers, il n’a pas eu l’effet escompté.
Tuch, accusé de “perdre son identité”, a été aussi discret qu’inefficace. Pendant que Ylonen brillait, Tuch peinait à exister.
Ce contraste est particulièrement cruel. D’un côté, un ancien joueur du Rocket qui prospère ailleurs, jouant avec un mélange de confiance et de revanche.
De l’autre, un joueur toujours en quête de validation, incapable de répondre aux attentes. Pour le vestiaire du Rocket, la performance de Ylonen était un rappel brutal des conséquences de ne pas savoir gérer ou développer ses talents.
Et pour Tuch, c’était un rappel encore plus cruel de l’importance de saisir chaque opportunité, car d’autres joueurs, comme Ylonen, n’attendent pas pour capitaliser sur la leur.
Mais Ylonen n’était pas seul à tourmenter le Rocket. Joel Teasdale, un autre ancien de l’organisation montréalaise, a également trouvé le fond du filet, ajoutant un peu plus de douleur à une soirée déjà difficile pour Laval.
Avec des joueurs comme Teasdale et Ylonen brillants sous d’autres couleurs, il devient difficile de ne pas se demander si l’organisation du Canadien, à travers son club-école, n’a pas un problème de gestion de ses jeunes talents.
Parce que samedi soir, ce sont précisément ces “anciens” qui ont exposé les faiblesses de Laval.
Et ce vestiaire, alors ? Ce qu’il fallait probablement, c’était un électrochoc. Parce que cette défaite n’était pas seulement une autre marque dans la colonne des échecs. C’était une humiliation.
Perdre contre Syracuse est une chose. Perdre en étant dominé par des joueurs que vous connaissez intimement, qui portaient votre chandail il n’y a pas si longtemps, c’est une tout autre histoire.
Il est difficile d’imaginer que ce vestiaire n’ait pas ressenti le poids de cette soirée. Une soirée où le Rocket ne s’est pas seulement incliné, mais a été exposé.
L’ironie dans tout cela, c’est que Jesse Ylonen, ce joueur que Laval et Montréal ont jugé dispensable, a trouvé une manière brillante de prouver qu’il a encore beaucoup à offrir.
Le Crunch de Syracuse semble le comprendre. Tampa Bay, une organisation connue pour maximiser les talents qu’elle récupère, semble aussi le comprendre.
Mais Laval ? Montréal ? Pas tant que ça. Et samedi soir, c’était leur erreur qui était affichée en grand sur la glace.
Alors que le Rocket tente de tourner la page et de se préparer pour son prochain match, il est difficile d’ignorer le goût amer laissé par cette défaite.
Mais pour Jesse Ylonen, c’était tout sauf une soirée amère. C’était une revanche, pure et simple. Une revanche qui, si elle ne fait pas réfléchir Laval et le Canadien sur leur gestion des joueurs, devrait au moins les forcer à reconnaître qu’ils ont peut-être laissé partir un talent qu’ils n’ont jamais vraiment su exploiter.
Et dans ce vestiaire du Rocket, sous le choc, ce message doit résonner fort.
Misère