La soeur de Juraj Slafkovsky suivie jusqu’à l’école: sa famille ébranlée

La soeur de Juraj Slafkovsky suivie jusqu’à l’école: sa famille ébranlée

Par David Garel le 2024-11-24

Juraj Slafkovský, le jeune prodige slovaque autrefois vu comme l'élément central d’une nouvelle ère pour le Canadien de Montréal, traverse aujourd’hui la période la plus sombre de sa carrière.

Relégué au quatrième trio lors du dernier match, sa chute semble sans fin.

Derrière cette dégringolade, il y a bien plus que des performances décevantes sur la glace. La pression immense de son nouveau contrat à 8 ans et 7,6 millions de dollars par saison, combinée à des problèmes personnels et familiaux qui le poursuivent depuis des mois, pèse lourdement sur ses épaules. 

Slafkovský est au fond du trou, et sa lutte pour remonter la pente s’annonce vertiginieuse.

En début de saison, l’annonce de son énorme contrat à long terme a été accueillie avec optimisme. 8 ans, 7,6 millions par saison, un pactole qui faisait de lui l’un des joueurs les mieux payés du Canadien.

Mais ce contrat, censé symboliser la confiance de l’organisation envers lui, est rapidement devenu une source de pression immense.

Les attentes se sont multipliées, les critiques aussi. Chaque match, chaque mauvaise décision, chaque présence fade est analysée à la loupe.

Pour un joueur de seulement 20 ans, cette pression semble insurmontable. Le public montréalais, impitoyable, n’a pas tardé à exprimer son mécontentement face à ses performances inégales.

Et pour ajouter à ce fardeau, la comparaison constante avec d’autres jeunes joueurs qui performent ailleurs renforce l’idée que Slafkovský est en train de choker son début de carrière.

En Slovaquie, le pays où il est vu comme un héros national, la pression est tout aussi intense. Slafkovský n’est pas seulement un joueur de hockey : il est un symbole, une fierté nationale. Mais ces derniers mois, les critiques ont explosédans son pays natal.

Les médias slovaques n’ont pas hésité à pointer du doigt ses performances décevantes, qualifiant son début de carrière à Montréal de « déception ».

Les réseaux sociaux, là-bas comme ici, sont remplis de commentaires acerbes, certains allant jusqu’à remettre en question son travail et son éthique professionnelle.

La vie privée de sa famille est devenue une cible : sa sœur, qui est encore jeune, aurait été suivie à l’école par des journalistes en quête de scoops sur la famille Slafkovský.

Non, sa sœur cadette, Lucia, n'est pas épargnée. Âgée de 14 ans et nageuse prometteuse qui vise les Olympiques, le fait d'être suivie sur le chemin de l'école affecte sa sécurité et sa tranquillité d'esprit. 

Sa mère, Gabriela, ancienne nageuse de haut niveau et actuelle entraîneuse de natation et instructrice de Pilates, est constamment dérangée par les journalistes dans son propre gym.

Sa salle de sport a fait l'objet de reportages, et des photos d'elle en bikini ont été publiées sans son consentement.

La résidence familiale près de Košice est devenue une cible pour les curieux, certains allant jusqu'à sonner à leur porte, de jour comme de nuit, pour obtenir des autographes ou apercevoir Juraj. 

Cette intrusion dans leur intimité a profondément affecté Juraj, qui n’a pas hésité à qualifier la situation de « toxique ».

Pour un jeune joueur qui essaie déjà de gérer les attentes professionnelles, ces attaques personnelles sont une charge émotionnelle qu’il n’est pas équipé pour supporter.

Ces critiques, tant au Québec qu’en Slovaquie, ont un effet dévastateur sur la confiance fragile de Slafkovský. Sur la glace, il est méconnaissable :

Il hésite à prendre des tirs, malgré son talent naturel pour décocher des lancers puissants.

Ses décisions avec la rondelle sont lentes, le résultat d’un joueur qui réfléchit trop au lieu d’agir instinctivement.

Sa place sur le quatrième trio, une sanction visible, est une preuve supplémentaire qu’il n’a plus la confiance de son entraîneur, Martin St-Louis.

Lors du dernier match, sa frustration était évidente. La caméra l’a capté sur le banc, le regard vide, les épaules basses, un jeune homme au bord de l’effondrement.

Et ce n’est pas la première fois : les épisodes où il brise son bâton ou se replie sur lui-même deviennent une habitude inquiétante.

En plus des critiques publiques, Slafkovský doit gérer des tensions au sein même de sa famille. Les journalistes font intrusion dans leur vie privée, à un point qu'ils sonnent à leur maison pendant la nuit ou qu'ils tentent de les prendre en photo dans leur intimité 24 heures sur 24.

Ces conflits, bien que non confirmés publiquement, auraient aggravé son stress.

Sa mère, Gabriela, a tenté de lui offrir du réconfort lors d’une récente visite à Montréal, mais même ces moments d’accalmie sont insuffisants pour compenser la pression constante.

Slafkovský lui-même a avoué qu’il demande souvent à sa mère d’éviter de parler de hockey, car cela ne fait qu’ajouter à son anxiété.

La relation entre Slafkovský et Martin St-Louis est complexe. D’un côté, St-Louis est un mentor exigeant qui voit en lui un potentiel immense.

De l’autre, ses méthodes de coaching intensives, qui incluent des leçons publiques comme le "benching" récent, semblent parfois écraser un joueur déjà au bord du gouffre.

Slafkovský a reconnu qu’il entendait souvent la voix de St-Louis dans sa tête, un signe de l’impact psychologique que son entraîneur a sur lui.

Mais il a également laissé entendre qu’il trouvait cette voix oppressante lorsqu’elle s’ajoutait à toutes les autres — sa propre voix intérieure, celle de sa famille et celle des critiques.

Aujourd’hui, la question est claire : Juraj Slafkovský peut-il retrouver son chemin ? Ou est-il destiné à rejoindre la longue liste des premiers choix qui n’ont jamais répondu aux attentes ?

Pour rebondir, il devra retrouver sa confiance. Cela implique de simplifier son jeu, de se concentrer sur les bases et de recommencer à jouer instinctivement.

Il devra aussi Ignorer les critiques au Québec et dans son pays. Une tâche quasi-impossible dans une ville comme Montréal, mais essentielle pour protéger sa santé mentale.

Enfin, il doit s’appuyer sur ses proches : Malgré les tensions familiales, sa mère, son père et sa soeur restent ses piliers émotionnels. Il ne doit pas avoir peur de les affecter en parlant de ses problèmes.

Juraj Slafkovský est au bord d’un précipice, mais il a encore le temps de reprendre le contrôle de sa carrière. Ce sera un chemin difficile, semé d’obstacles, mais il possède le talent brut nécessaire pour surmonter cette épreuve.

Cependant, pour y parvenir, il devra apprendre à gérer non seulement la pression de son contrat et des attentes, mais aussi les démons personnels qui le hantent, des critiques dans son pays natal à l’intrusion médiatique dans la vie privée de sa famille.

Dans une ville comme Montréal, où les héros sont idolâtrés et les échecs exposés, la chute peut être brutale.

Le temps presse, mais tout n’est pas encore perdu.

Il doit simplement relever la tête.