La vérité tombe sur la tête de Pierre-Karl Péladeau

La vérité tombe sur la tête de Pierre-Karl Péladeau

Par Marc-André Dubois le 2024-09-02

Le Réseau des Sports (RDS) fête cette année son 35e anniversaire, une étape qui témoigne non seulement de sa longévité, mais aussi de sa capacité à rester pertinent et apprécié dans un paysage médiatique en constante évolution.

En comparaison, TVA Sports, lancé en 2011, peine à s'imposer et à attirer l'affection du public québécois. Mais pourquoi RDS réussit-il là où TVA Sports échoue?

La réponse réside dans une recette du succès qui mêle passion, expertise, et un profond respect pour les amateurs de sport.

Dès son lancement, RDS s'est imposé comme un pionnier, avec la diffusion de son premier bulletin de nouvelles Sports 30 animé par Chantal Machabée et Serge Deslongchamps.

Selon Michel Y. Lacroix, qui se souvient des premiers jours du réseau, cette réussite initiale s'est fondée sur une préparation minutieuse et une jeune équipe prête à relever les défis.

« On était aux premiers balbutiements de la salle des nouvelles... tout le monde était très, très content du résultat, » se souvient-il.

Pierre Houde, voix légendaire du hockey des Canadiens et de la Formule 1 à RDS, rappelle que le scepticisme régnait dans l'industrie médiatique à l'époque.

« À ce moment-là, on nous donnait six mois, » dit-il, se souvenant des débuts incertains.

Mais ce qui a fait la force de RDS, c'est une passion inébranlable pour le sport et une détermination à offrir une couverture de qualité en français.

Cette passion a permis à RDS de se démarquer comme un « petit village gaulois d'irréductibles » qui, malgré les prédictions pessimistes, a su croître de manière exceptionnelle.

Paul Houde lance un hommage vibrant pour sa "famille" de RDS.

«Comment peut-on tenir l'antenne pendant 24h, en français, dans notre petit cocon d'Amérique, notre petit village gaulois d'irréductibles?

On s'est tous un peu jeté dans le vide. Mais ce qui a été extraordinaire dès le départ, c'est la passion. Et je pense que ça a été la recette à succès de RDS.

On est toujours resté le petit village irréductible dans nos têtes, même si on a eu une croissance exceptionnelle.»

Contrairement à TVA Sports, qui a souvent été perçu comme un projet commercial sans âme, RDS a su créer une connexion authentique avec son audience.

Pierre Houde, en évoquant ce 35e anniversaire, donne une véritable leçon de vie à Pierre-Karl Péladeau, propriétaire de TVA Sports : le succès ne se mesure pas seulement en chiffres, mais en l'impact émotionnel et la fidélité que l'on crée chez les téléspectateurs.

RDS n'est pas simplement une chaîne de télévision; c'est une institution bâtie sur une passion partagée et un engagement envers ses téléspectateurs.

Cette connexion profonde, cultivée au fil des ans par des figures qui ont marqué le temps comme Pierre Houde et Michel Y. Lacroix, est ce qui différencie RDS de TVA Sports.

Tandis que TVA Sports lutte pour trouver sa place, RDS continue d’être le choix de cœur des Québécois, prouvant que la passion et l’authenticité sont les clés du succès durable.

Pierre Karl Péladeau pensait qu'avec son empire et sa fortune, il aurait pu écarter RDS du paysage sportif québécois.

Après tout, avec assez d'argent, tout est possible, non?

Pourtant, malgré les centaines de millions investis, il est clair aujourd'hui que cette stratégie s'est retournée contre lui.

Le contrat signé en 2013 avec la LNH et le Canadien de Montréal, censé propulser TVA Sports au sommet, s'est révélé être un véritable piège financier.

Le Canadien de Montréal a-t-il passé un "citron à TVA Sports? En réalité, c’est Péladeau lui-même qui s’est laissé prendre au jeu.

En signant un contrat de 720 millions de dollars sur 12 ans pour seulement 22 matchs de la saison régulière du CH, il espérait faire un coup de maître.

Cependant, il n’a obtenu que les miettes par rapport à ce que RDS continue de diffuser. Comme l'a dit Gerry Frappier, président de RDS à l'époque :

« On a choisi de ne pas aller à ce niveau-là, parce que ça aurait été la destruction de la rentabilité de RDS. Un suicide financier. »

Et il avait raison.

Pendant que TVA Sports se retrouvait avec un pont d’or à payer pour une poignée de matchs du CH, RDS a réussi à sécuriser 60 matchs du Tricolore pour une somme dérisoire.

La différence entre les deux réseaux est flagrante : RDS a fait preuve de prudence et de stratégie, tandis que TVA Sports s’est lancé dans une aventure financière qui l’a laissé exsangue.

Mais ce n’est pas tout. La vérité est que Molson, propriétaire du Canadien, s’est arrangé pour que l’ensemble des 82 matchs de l’équipe ne se retrouve pas dans le contrat de TVA Sports.

Il a plutôt vendu 60 de ces matchs à Bell, maison mère de RDS, à un prix réduit. Pendant ce temps, TVA Sports, obligé de payer 60 millions de dollars par année pour ses 22 matchs, a découvert amèrement que les Québécois ne s’intéressent pas tant à la LNH en général qu’au Canadien de Montréal en particulier.

Péladeau s’est retrouvé avec un produit que personne ne voulait vraiment.

Même la diffusion des séries éliminatoires, autrefois considérée comme un atout majeur, n’a pas suffi à renflouer les coffres de TVA Sports.

Avec plus de 110 000 abonnés perdus par année, la situation financière de la chaîne est devenue critique, au point que Péladeau doit maintenant en appeler au CRTC pour espérer obtenir plus de redevances de la part de Bell.

Mais croire que la survie de TVA Sports dépend uniquement de cette décision est une erreur. La véritable défaite de Péladeau a eu lieu le jour où il a signé ce contrat astronomique avec la LNH et le Canadien, un contrat qui n’a jamais eu de sens financier.

Pendant ce temps, Bell et Molson ont manigancé un coup de maître, un véritable tour de passe-passe qui a totalement feinté TVA Sports.

La guerre entre les deux géants des médias ne s'est pas jouée de manière équitable, mais comme on dit, à la guerre comme à la guerre.

Bell et Molson ont toujours compris ce concept, et c'est cette compréhension qui leur a permis de sortir vainqueurs.

Péladeau, lui, doit maintenant faire face à la réalité : l’argent ne suffit pas toujours à gagner, surtout quand on est tombé dans un piège si habilement tendu.

Le succès d'une chaîne dépend de l'âme de celle-ci. 

L'argent...ne peut pas acheter la classe....