Fragilité dans la chambre: Lane Hutson blême comme un drap

Fragilité dans la chambre: Lane Hutson blême comme un drap

Par David Garel le 2025-11-15

Le vestiaire du Canadien n’était pas bruyant, ni explosif, ni chaotique : il était lourd, au point où même les caméras semblaient hésiter à s’approcher.

La défaite de 3-2 contre les Bruins n’a pas seulement prolongé une séquence négative. Elle a montré une équipe fragilisée, fâchée, et consciente que le problème dépasse les schémas de jeu.

Les entrevues d'après-match ont été ponctuées de confessions brutales, de regards au sol, et surtout d’un thème qui revenait dans chaque bouche : la confiance manque, et ça se voit partout.

Nick Suzuki a été le premier à s’avancer, fidèle à son rôle de capitaine, et il n’a pas camouflé la réalité. À peine installé devant les micros, il a résumé l’esprit du groupe : 

« Je pense que la confiance, présentement, est basse partout et ça affecte notre jeu à cinq contre cinq et en avantage numérique. Quand tes touches manquent de confiance… chaque jeu devient fragile parfois. On a beaucoup de talent ici, mais il faut traverser ça. » 

Il a parlé d’une équipe qui forçait des jeux, qui cherchait des solutions là où il n’y en avait pas, et d’une frustration qui commence à transparaître : 

« Peut-être un peu de frustration. Je pense qu’on essaie de forcer certains jeux. Leur gardien a fait de gros arrêts. On a eu des occasions qu’on aimait, mais ça n’a pas rentré… c’est un peu ce qui se passe dernièrement. »

Et puis, comme si tout le monde savait que le point sensible allait revenir, Suzuki est revenu spontanément sur l’avantage numérique, ce cimetière de momentum depuis trois matchs :

 « On a besoin de tout le monde pour régler ça. Manque d’exécution. On doit améliorer nos mises au jeu… les cinq ensemble, on doit gagner les batailles, et on doit générer plus de tirs. » 

Puis est venu Cole Caufield, visiblement secoué, et surtout fâché. Pas énervé : fâché. Son ton était ferme, son regard bas, ses phrases sans détour. 

« La confiance, c’est quelque chose que tu dois garder avec toi, peu importe comment tu joues. La confiance, c’est la seule façon de rester dans cette ligue. Tu dois avoir un peu de swagger, et je pense qu’on manque de ça. » 

C’est une chose d’entendre ça d’un entraîneur; c’en est une autre de l’entendre d’un joueur dont l’identité même repose sur l’audace.

Caufield a souligné que l’équipe manquait d’exécution, de calme, d’instinct, et que l’avantage numérique les avait sortis du match : 

« C’est frustrant et ce n’est pas ce que tu veux. Ça ne nous a vraiment pas mis dans une bonne position. »

Mais ce n’est rien comparé à ce qui a suivi.

Lane Hutson est apparu devant les caméras blême comme un drap. Son visage était pâle, fermé, et il parlait plus lentement que d’habitude. Avant même que la question ne soit terminée, il a pris la faute sur lui :

 « Je sens que je dois être le cerveau de l’avantage numérique. Il y a eu un manque d’exécution ce soir, et ça doit être beaucoup mieux. »

 Ses mots étaient secs, sans défense, sans détour. Il n’a accusé personne. Il s’est accusé lui.

Quand on lui a demandé pourquoi le jeu au bumper ne fonctionnait pas, il a répété, incapable d’éviter le mot : 

« C’est frustrant… ce jeu-là n’est pas là dernièrement… encore une fois, c’est un manque d’exécution ce soir. »

C’était le moment le plus marquant du vestiaire : un jeune prodige qui porte sur ses épaules la panne collective d’un avantage numérique.

 Jayden Struble, le héros boxeur, s’est présenté devant les journalistes pour parler d’un moment qui a brassé le Centre Bell : son combat avec le géant Zadorov.

Il a raconté ça comme un geste réfléchi, assumé, préparé : 

« C’était une forme de respect mutuel… je suis content qu’il m’en ait donné un. Il n’était pas obligé. » Mais surtout, il a expliqué que ce n’était pas improvisé : ça venait d’un souper avec Arber Xhekaj. 

« On en avait parlé au souper… on voulait faire n’importe quoi pour aider l’équipe à sortir de notre léthargie. »

Ce n’est pas une anecdote banale. Ça dit tout du moment présent : l’équipe est tellement fragile que les défenseurs planifient des combats en avance pour tenter d’injecter de l’émotion.

Au final, les deux ont perdu leur combat. Xhekaj a même été corrigée par Tanner Jeannot:

Struble l’a dit sans détour : « C’est frustrant… je ne pense pas qu’on a joué notre meilleure game aujourd’hui. Je ne sais pas ce que c’est… mais on ne peut pas abandonner. »

Martin St-Louis arrive, et on voit la fatigue.

Il cherche des mots. Il ne les trouve pas tous.

D’abord, il valide le cœur de son équipe : 

« Je pense qu’on avait une volonté à soir de sortir de ça… ça prend du courage. »

 Il donne un « gros crédit » à Struble : « Je respecte le courage. Ce n’est pas un job facile contre cet individu-là. »

Mais dès qu’on lui rapporte les propos de Hutson, ce jeune qui « doit être le cerveau », St-Louis se ferme : 

« Non, c’est un avantage numérique à cinq, pas un joueur. »

 Le message était aussi pour la caméra que pour le vestiaire : il refuse que le blâme repose sur un seul.

St-Louis a d’ailleurs reconnu que son équipe était fragile,  le mot clé de la soirée : 

« Je pense qu’on est un petit peu fragile présentement… il faut calmer le cerveau. »

Il a répété que les lectures n’étaient pas bonnes, que les joueurs serraient le bâton, que tout allait trop vite parce qu’ils voulaient trop que ça marche.

Mais c’est sur l’avantage numérique qu’il a été le plus clair : « On n’est pas calmes. On va regarder ça. On va revenir à la base. »

Une manière polie de dire : on recommence tout.

Ce soir, ce n’est pas la défaite qui a parlé. C’est le malaise.

Entre Suzuki qui parle d’une confiance ébranlée, Caufield qui admet que le swagger a disparu, Hutson qui s’excuse pour des joueurs qui ont mille matchs de plus que lui, Struble qui planifie un combat au souper pour sauver l’équipe, et St-Louis qui admet que son groupe est fragile, on a assisté à quelque chose de rare : un vestiaire qui ne sait plus comment se sortir du trou, mais qui ne se cache pas.

La défaite contre Boston sera vite oubliée au classement.

Mais on se rappellera toujours du visage  "malade" et anxieux de Lane Hutson.