Ah, Martin St-Louis. L’homme de mille discours sur l’identité, la constance et le fameux « next game ». On ne va pas se mentir, il y a encore quelques semaines, certains le voyaient déjà sur le chemin du congédiement.
Les rumeurs fusaient, les experts débattaient, et même Google suggérait « congédiement de Martin St-Louis » dans ses recherches populaires.
Mais comme dans une bonne série Netflix, le script a pris un virage spectaculaire. Le Canadien de Montréal, ce Titanic en reconstruction perpétuelle, semble avoir trouvé un capitaine capable d’éviter les icebergs.
Enfin, pour l’instant.
Le CH a terminé l’année 2024 avec trois victoires consécutives contre des mastodontes de la LNH. Les Panthers ? Expédiés. Le Lightning ? Électrocuté. Les Golden Knights ? Renvoyés à leur casino. Et là, ce soir, le défi, c’est les Blackhawks.
Une équipe tellement à la dérive qu’elle pourrait servir de caution morale pour un documentaire de motivation. Mais attention, St-Louis n’est pas dupe : « Il ne faut pas regarder le classement », a-t-il averti.
Traduction : on est à une défaite d’une nouvelle vague de critiques hystériques.
Mais soyons honnêtes, ce qui se passe avec le CH en ce moment relève presque du miracle. On parle d’une équipe qui, il n’y a pas si longtemps, avait autant d’identité qu’un avatar anonyme sur X.
Puis, quelque chose a changé. St-Louis lui-même l’admet : « C’est de jouer à nos propres standards, à notre identité présentement. »
Oui, ce mot, identité, qu’il balance comme un mantra. Et devinez quoi ? Ça commence à marcher.
Prenez Kirby Dach. Le gars qui, il y a quelques mois, alternait entre spectateur privilégié sur la glace et roi des revirements.
Aujourd’hui ? Il marque des buts gagnants (quand il ne trébuche pas sur ses patins).
Et Patrick Laine, qu’on croyait enterré dans les abysses de Columbus, est en train de redevenir une arme de destruction massive en avantage numérique.
« Quand la rondelle droppe, il faut tout rebâtir durant le match », a dit St-Louis. On dirait bien que ses joueurs ont enfin compris le message.
Mais alors que l’équipe trouve enfin son souffle, la question cruciale approche : que faire à la date limite des transactions ?
Jake Evans, l’homme qui « fait sa job et en fait plus », selon St-Louis, pourrait rapporter gros sur le marché.
Idem pour Joel Armia, David Savard ou Christian Dvorak. Mais est-ce vraiment le moment de jouer aux vendeurs quand on flirte avec une place en séries ?
Montréal n’a pas vu les séries depuis 2017 (et non, on ne compte pas la pandémie).
Le Centre Bell n’a pas vibré au son des serviettes blanches depuis plus d’une décennie. Alors, on fait quoi ? On échange des gars qui commencent enfin à contribuer, ou on mise sur une poussée improbable en séries ?
St-Louis, lui, semble déjà prêt pour le défi. Il parle de « matching nos propres départs récemment » et insiste sur l’importance de rester concentré sur son propre jeu.
Pas sur celui des Panthers, pas sur celui des Blackhawks. C’est un changement rafraîchissant dans une ville où chaque mouvement est scruté et disséqué comme s’il s’agissait d’une élection fédérale.
Alors que Montréal s’apprête à entamer 2025, le Canadien semble avoir trouvé un semblant de stabilité. Mais soyons clairs : une mauvaise série, et tout ce bon travail pourrait être effacé plus vite qu’un mauvais tweet.
Ce soir, contre Chicago, c’est le genre de match piège où tout peut basculer.
St-Louis le sait, ses joueurs aussi. « Ce n’est pas de penser que tu es beau, que tu es correct », a-t-il averti.
Et il a raison. Dans cette ville, il suffit d’une mauvaise passe pour que les sirènes du drame se mettent à hurler.
Alors, le CH est-il vraiment sur la bonne voie ? Peut-être. Mais une chose est sûre : sous Martin St-Louis, l’équipe a enfin une direction, un style et, oserait-on dire, une identité.
Reste à voir si cela suffira à transformer une reconstruction laborieuse en une véritable renaissance. En attendant, comme le dit si bien Martin : « C’est toujours le prochain match. »
Amen