Le destin a parlé: un gardien du CH sera échangé

Le destin a parlé: un gardien du CH sera échangé

Par David Garel le 2025-09-23

Le destin a parlé

Ce n’est pas une question de si, c’est une question de quand. Depuis qu’il a mis les jambières sur la glace du Centre Bell, Jacob Fowler a déclenché un séisme dans la hiérarchie des gardiens du Canadien de Montréal. Et tout le monde le sent : c’est lui, le prochain. C’est lui, le gardien qui va ramener la Coupe Stanley à Montréal.

Et pendant ce temps, Samuel Montembeault, le pauvre, sourit en public, mais sait au fond de lui que la fin approche.

 Non seulement il est condamné à ne jamais revoir ce qu’il mérite sur le plan salarial ou sportif, mais voilà qu’on lui vole la vedette… dans sa propre province, devant un public qui scandait encore son nom… il y a six mois.

Le choc Fowler-Montembeault est un duel aux allures de passation de pouvoir

Lors du premier match préparatoire, Montembeault a été impérial. Vingt arrêts en 30 minutes. Des séquences de feu. Une mitaine affûtée. Des déplacements nets. Rien à redire. Il a même frustré Anthony Mantha à bout portant, arrachant les applaudissements d’un Centre Bell en feu.

Mais voilà. Jacob Fowler est arrivé. Et Montréal a chaviré.

L’enfant chéri de la NCAA, le récipiendaire du trophée Mike-Richter, celui que tout le monde dans l’organisation adore, a gardé le calme d’un vétéran de 35 ans.

Et la cerise sur le sundae : la fusillade. Fowler enchaîne les arrêts. Ferme la porte. Gagne le match. Montréal explose. Le Centre Bell sait. Le public sait. Les journalistes savent. Et Martin St-Louis aussi.

Dans l’ombre du futur s’élève le gardien sacrifié. Samuel Montembeault est tout sauf médiocre. Il a livré une saison 2024-2025 héroïque, traînant une équipe jeune vers les séries éliminatoires.

Depuis le 22 février, seul Andrei Vasilevskiy a remporté plus de matchs que lui. Renaud Lavoie l’a dit :

 « Montembeault, c’est un top gardien depuis des mois. »

Mais le problème, c’est le contrat.

Montembeault entre cette année dans la deuxième saison de son pacte de 3 ans à 3,15 M$ par année. Et tout le monde dans la LNH sait qu’il ne prolongera pas à Montréal. 

Son agent, Paul Corbeil, n’a pas protégé son client. Il voulait rester proche de sa famille, rester au Québec, jouer au Centre Bell. Mais il a signé trop vite. Trop tôt. Trop bas.

Et Kent Hughes ne perd jamais ses joueurs pour rien. Ça ne fait pas partie de son ADN de DG. Il n’attendra pas que Montembeault parte sans retour. Une transaction est inévitable. Et maintenant que Jacob Fowler explose, les discussions s’accélèrent.

Et pendant que Fowler monte, Samuel Ersson s’écroule.

Le lendemain, au Centre Bell, lors du 2e match préparatoire, le gardien partant des Flyers de Philadelphie se fait battre par… Florian Xhekaj. Un but bidon. Une erreur impardonnable. Et un malaise collectif.

Daniel Brière est en panique.

Il a tout tenté cet été pour obtenir Montembeault. Et le nom de Sam Monty continue de circuler dans tous les corridors à Philadelphie. Dan Vladar n’est pas la solution à lomg terme. Carter Hart ne veut pas revenir à Philadelphie. Ersson est un chokeur en série. Philadelphie est désespérée.

Et pendant que Montembeault éteint les tirs des Penguins… les Flyers se noient.

Ils savent que le Canadien ne pourra pas garder Montembeault, Fowler, Dobes et Kahkonen. C’est mathématiquement impossible. Un va partir.

Edmonton, Utah...: la course est ouverte

Et ce ne sont pas seulement les Flyers qui sont à l’affût. Il faudrait même nommer les Hurricanes et les Golden Knights de Vegas qui se battent pour Carter Hart.

Les Oilers d’Edmonton cherchent désespérément un gardien fiable. Ils ont vu Stuart Skinner les abandonner en séries. Ils savent que le CH a une surabondance de gardiens. Ils gardent un œil très attentif sur Kahkonen et Dobes, surtout que Hart les a rejetés.

Le Mammoth de l'Utah veut établir une base solide dès maintenant. Ils veulent un gardien numéro un avec de l’expérience, et Montembeault est sur leur radar. Mais ils se contenterait de Jakub Dobes si le Tchèque devient disponible avant Monty.

La Caroline tente toujours de combler le vide devant le but. Ils sont agressifs sur le dossier Carter Hart. Ils le seront aussi pour Montembeault s'ils perdent le derby pour le "bad boy" qui vient tout juste d'être acquitté pour agression envers une jeune fille.

Et les Golden Knights de Vegas ? Ils ont tout gagné avec Adin Hill. Mais Hill n’est plus l’ombre de lui-même. Vegas veut un gars d’impact. Et Montembeault ou Jakub Dobes a un profil parfait pour eux d'ici 2026.

Et il ne faudrait surtout pas oublier le Lightning de Tampa Bay dans cette grande foire aux gardiens. Depuis le début du camp d’entraînement, Andrei Vasilevskiy est mystérieusement absent. 

Quatre entraînements d’affilée sans la moindre apparition sur la glace. Pas une seule séquence, pas une seule photo, rien. Silence radio. On murmure qu’il « deal encore avec une blessure », comme ce fut le cas pendant une bonne partie de la dernière saison.

Et au sein de l’organisation du Lightning, on commence à s’inquiéter sérieusement. Parce qu’une équipe bâtie pour gagner maintenant, Tampa, n’a pas le luxe d’espérer que Vasilevskiy guérira miraculeusement s'il est blessé sérieusement. 

Le plan B? Il n’existe pas. Jonas Johansson? Inutile. C’est pourquoi Julien BriseBois a les deux yeux rivés sur le camp des gardiens du Canadien, où Jacob Fowler impressionne, Jakub Dobes monte, et Samuel Montembeault deviendra une monnaie d’échange plus précieuse que jamais. 

Au cœur de tout ce chaos, un autre duel fait rage : Jakub Dobes contre Kaapo Kahkonen.

Kahkonen a du vécu. 140 matchs en LNH, une solide présence en séries dans la AHL l’an passé. Il a fait mal au Rocket avec Charlotte. Il a été réclamé et échangé cinq fois en un an. Mais il s’accroche. Il veut rester. Il sait que Montréal est sa dernière chance de revenir dans la LNH pour de bon.

Dobes, lui, a déjà goûté à la LNH. Il a été solide l’an passé, il a même disputé trois matchs de séries avec le CH. Il est jeune, il est aimé, il est prometteur. Mais s’il est retranché, il ne passera pas au ballottage. Et Edmonton, Utah ou Philly ne pourront pas le réclamer sur-le-champ.

Contrairement à Kahkonen, qui devrait être réclamé au ballottage s'il y est soumis. Mais ce soir, le Finlandais a choké comme jamais. 

Martin St-Louis l’a dit lui-même : « Le poste est à gagner. On évalue chaque jour. » C’est la guerre. Une guerre froide de sourires et de poignées de main, mais une guerre de destinées. Parce qu’un va rester… et l’autre va partir.

Kahkonen sera rétrogradé. Et ne devrait pas être réclamé au ballottage.

Et pendant que ces vétérans se battent pour rester à flot, Jacob Fowler plane.

Le kid originaire de la Floride est impassible. Inébranlable. NHL ready. Il pourrait déjà s’imposer comme gardien numéro deux, mais on veut lui donner le plus de natchs possibles à Laval.

Son calme, sa technique, sa maturité : c’est du matériel d’élite.

Il le dit lui-même :

« Je veux juste profiter de chaque moment. Être ici, c’est spécial. »

Il sait. Le vestiaire sait. L’organisation sait.

Jacob Fowler n’est pas venu pour apprendre. Il est venu pour gagner.

Et le public ne s’y trompe pas. Dès la fin de la fusillade, les murmures ont commencé.

« C’est lui. C’est le prochain. C’est notre Price. »

Et tout le monde le sent. Dans deux ou trois ans, il soulèvera la Coupe Stanley avec un chandail bleu-blanc-rouge sur le dos. Il sera le mur derrière Demidov, Slafkovsky, Reinbacher, Hutson, Guhle, Dobson, Caufield, Suzuki...

Et Montembeault ? Il partira avant la fin de son contrat en 2027. Pas parce qu’il n’est pas bon. Mais parce que Jacob Fowler est meilleur.

Et ce n’est pas une tragédie.

C’est le cycle du hockey.