On est le 1er juillet, tout le monde est nerveux, tout le monde rafraîchit son fil Twitter, et pendant que les plus gros noms ont disparu du marché en douce hier soir, il en reste un seul, debout, au sommet de la montagne : Nikolaj Ehlers.
Il n’est pas Mitch Marner, il n’a pas le CV de Brad Marchand, mais il est tout ce qu’il reste de sexy et de dangereux dans ce marché de joueurs autonomes, et il le sait. Il le sent. Il le savoure.
Ehlers est maintenant le gars qui détient le plus gros bout du bâton. Il peut prendre son temps.
Il peut écouter les offres, faire monter les mises, jouer les clubs les uns contre les autres, comme dans une partie de poker où il a tous les as dans sa manche.
Et pendant ce temps-là, à Montréal, on regarde.
On regarde, parce que le nom d’Ehlers revient chaque année dans les rumeurs liées au Canadien.
On se dit que ce serait le fun. Qu’il cadre bien dans la vision d’une offensive rapide, mobile, qui relance, qui surprend.
On se rappelle qu’il était électrique avec Patrik Laine, qu’il peut marquer, qu’il peut créer, qu’il peut tuer une défense en deux coups de patin.
Mais on sait aussi que ce n’est pas le fit idéal.
Le Canadien, il ne cherche pas un autre ailier de top 6. Il en a déjà trop. Il est même en train de se demander comment il va faire pour faire jouer tout ce monde-là.
On a déjà Demidov et Slafkovsky comme ailier gaucher sur le TOP 6...
Ce que le CH cherche, c’est un centre gaucher. Un vrai. Un gars qui peut jouer sur 200 pieds, enlever de la pression à Suzuki, gagner ses mises au jeu, calmer le jeu quand c’est le chaos, et encadrer les jeunes.
C’est pour ça que le nom de Mikael Granlund avait tant de sens. C’est pour ça que Dvorak ne sera pas re-signé.
C’est pour ça que le nom de Ryan Nugent-Hopkins revient toujours, comme un écho obstiné.
Ehlers, c’est le contraire. C’est un joueur spectaculaire, mais fragile. Rapide, mais pas robuste.
Offensif, mais pas complet. Il va te donner 60 points, mais il va rater 12 matchs.
Il va faire lever les foules, mais il ne va pas soulever ton équipe quand ça dérape. Il est bon, très bon même, mais ce n’est pas ce genre de joueur qu’il faut pour construire autour d’Ivan Demidov.
Et là, il y a l’argument de Laine. Oui, ils sont amis. Oui, ils ont déjà été mémorables ensemble.
Oui, c’est une belle histoire à raconter. Mais on ne signe pas un gars à 8 millions par année pour le folklore.
Mais arrêtons tout de suite avec l’argument de l’amitié avec Patrik Laine. Ce n’est pas un argument.
Ce n’est même pas une donnée pertinente.
Laine, c’est un feu de paille avec un lancer spectaculaire, mais zéro constance, zéro leadership, et une attitude qui a empoisonné plus d’un vestiaire.
Le gars va quitter Montréal à la fin de son contrat, c’est écrit dans le ciel. Il ne veut pas être là, il ne veut pas faire partie d’un projet, il veut juste jouer au hockey en paix sans pression...
Alors si Ehlers est attiré par le CH juste parce qu’il est ami avec un gars qui lui-même est en fuite… on repassera.
En plus, Ehlers ne veut pas se lancer dans une fin de reconstruction. Il a 29 ans. Il a déjà payé sa dette à Winnipeg.
Il veut des séries, il veut un power play, il veut un contrat de 5 ou 6 ans pour finir en paix. Et ça, ce sont des choses que le Canadien ne peut pas lui garantir. Pas aujourd’hui.
Pendant ce temps, il y a des clubs qui s’activent.
Les Hurricanes, eux, ont de l’espace, une structure solide, et un système qui ferait de lui une arme de destruction massive.
Les Capitals veulent une dernière danse avec Ovechkin, et Ehlers serait parfait pour jouer les snipers secondaires. Tampa Bay est toujours prête à surprendre, et les Islanders avec leur nouveau DG en place cherchent un électrochoc.
Et le CH, dans tout ça? Il attend. Il regarde. Il se garde une petite gêne.
Ce n’est pas une question de talent. C’est une question de timing. Et pour une fois, le Canadien ne veut pas se tromper d’époque.
Parce qu’Ehlers soulève une vraie question : est-ce qu’on doit sauter sur le meilleur joueur disponible, même si ce n’est pas le bon fit?
Ou est-ce qu’on reste fidèle au plan, au risque de laisser passer un talent?
À ce stade-ci, la seule chose claire, c’est que Nikolaj Ehlers détient le gros bout du bâton.
Il est en haut de la chaîne alimentaire, il peut prendre son temps, choisir son spot, faire monter les enchères et forcer des DG à se contorsionner pour lui faire de la place.
Ce n’est pas le CH qui dicte le rythme ici. Et c’est peut-être tant mieux. Parce que quand tout le monde se rue sur le même joueur en même temps, c’est souvent là que les erreurs se produisent.
Montréal a ses besoins, ses priorités, son plan.
Est-ce qu’Ehlers y entre? Peut-être. Mais ce n’est pas à nous de le dire. Ce sera à lui de le prouver. Ou pas.
À suivre ...