Le Journal de Montréal dérape : tentative gênante de salir Jacob Trouba

Le Journal de Montréal dérape : tentative gênante de salir Jacob Trouba

Par André Soueidan le 2025-12-06

Une drôle d’odeur flotte ce matin autour du Journal de Montréal. L’odeur d’un titre monté de toutes pièces, d’un faux scandale bricolé pour gratter des clics, d’un moment où l’indignation forcée masque surtout un profond manque de connaissance du jeu.

Parce qu’il faut être drôlement déterminé pour regarder la mise en échec de Jacob Trouba sur Ryan Leonard, révisée sur place, passée au peigne fin par les arbitres… et conclure quand même qu’on a affaire à « l’expert incontesté des coups à la tête ».

On est ailleurs.

La séquence, elle, dit exactement le contraire.

Leonard se débarrasse de la rondelle à l’aveuglette derrière le filet.

Trouba arrive à pleine vitesse, prend l’angle, et le contact se fait épaule à épaule ... ce que la reprise montre clairement.

Pas de point de contact primaire à la tête.

Pas de surélévation intentionnelle. Pas de saut. Pas de coude.

Et surtout, pas de pénalité. Même pas une petite mineure pour rassurer un banc nerveux. Rien.

Les arbitres avaient devant eux l’option de revoir la séquence sous tous les angles, et ils ont tranché : mise en échec légale.

Mais ça, évidemment, c’est un détail qui dérange la machine à indignation.

Parce qu’avouer que Leonard a payé pour une erreur de débutant ...

Avouer que la ligue est remplie de défenseurs massifs qui punissent ce genre de décision, c’est moins croustillant que d’inventer un récit où Trouba se lève chaque matin en ciblant un joueur au hasard pour satisfaire ses pulsions.

Et parlons-en, du fameux ton moralisateur du Journal de Montréal.

« Le temps que Leonard tourne la tête, l’épaule de Trouba avait déjà fait l’essentiel de son chemin vers sa figure. »

On dirait presque une description littéraire d’un meurtre au ralenti, sauf que les caméras montrent autre chose : un joueur de 20 ans qui doit encore apprendre que, dans la LNH, la vitesse et la puissance sont décuplées, que les défenseurs ne vont pas enlever le pied du gaz pour épargner un jeune qui s’expose.

Même Tom Wilson ... qui ne passe pas exactement pour un enfant de chœur ... a flairé l’opportunité de jouer la carte de l’indignation.

« Je l’ai invité à se battre, il n’a pas voulu. »

Ben oui. Parce qu’un geste légal ne crée pas une obligation de jeter les gants.

Et surtout, parce que Wilson connaît très bien le jeu politique d’un vestiaire : faire monter la pression pour protéger son coéquipier, tout en sachant pertinemment que la ligue ne donnera aucune sanction.

Ce qui dérange vraiment le Journal de Montréal, ce n’est pas Trouba.

C’est le fait que la reprise vidéo ne soutient pas leur narratif.

C’est le fait que les arbitres ont confirmé que tout était légal.

C’est le fait que le jeune Leonard s’est mis lui-même en danger. C’est le fait que, parfois, dans la LNH, les collisions sont violentes, brutales, et parfaitement dans les règles.

Plutôt que d’expliquer le jeu, on choisit de crier au scandale.

Plutôt que de décrire la réalité, on préfère théâtraliser la violence.

Plutôt que de former le public, on l’indigne avec du sensationnalisme creux.

Résultat : un article qui rate la cible, un titre qui frôle le ridicule, et une tentative désespérée de relancer la vieille croisade anti-Trouba.

La vérité est simple : Trouba n’a pas « récidivé ».

Trouba n’a pas chassé personne. Trouba a mis en échec un joueur qui n’était pas prêt pour l’impact, dans une ligue où ne pas être prêt a des conséquences.

Mais ça, évidemment, ce n’est pas une version qui génère assez de clics.

Peut-être qu’eux aussi veulent leur part du gâteau Hockey30.

Peut-être qu’eux aussi veulent jouer dans la cour du sensationnalisme assumé, où on force un peu la note pour faire réagir.

Peut-être qu’au fond, le JdeM ne fait que nous rendre hommage sans le dire.

Qui sait? Prochaine étape : un abonnement corporatif pour apprendre à mieux exagérer.

Hahaha...