Le Journal de Montréal s’effondre: le départ de Réjean Tremblay coûteux

Le Journal de Montréal s’effondre: le départ de Réjean Tremblay coûteux

Par David Garel le 2024-08-17

Le départ de Réjean Tremblay du Journal de Montréal a marqué le début d'une période de déclin pour la section des sports du journal, autrefois reconnue comme une référence incontournable dans le paysage médiatique québécois.

Dès que Tremblay a quitté, la section des sports a semblé perdre son âme, implosant progressivement sous le poids d'une ère numérique dominée par la course aux clics et la superficialité des contenus.

Avant son départ, le Journal de Montréal était perçu comme un bastion du journalisme sportif, capable de produire des analyses profondes, des reportages captivants, et des opinions tranchées qui faisaient vibrer les amateurs de sport.

Même autour de la LNH, le Journal de Montréal était considéré comme une mine d'or au niveau sportif parmi les journalistes des autres villes.

La section des sports était l'avantage du Journal de Montréal sur la Presse. Mais ce n'est plus le cas. Après la sortie de scène de Tremblay, un vide s'est installé, et ce qui faisait la force du journal s'est effrité.

Certains attribuent cette chute à l'ascension de blogues comme Hockey30 et Danslescoulisses, qui ont su capter l'attention des lecteurs avec des contenus plus accessibles et souvent plus sensationnalistes.

Mais au-delà de cette concurrence, c'est un changement plus fondamental qui a affecté le Journal de Montréal. La transition vers une stratégie axée sur le numérique et la recherche effrénée de clics a dénaturé le contenu sportif du journal, réduisant la qualité et la diversité des articles proposés.

Réjean Tremblay lui-même a évoqué cette dérive en dénonçant "la tyrannie des clics" qui gangrène le journalisme sportif.

Selon lui, ce phénomène a transformé les médias, où le nombre de clics est devenu l'alpha et l'oméga de la pertinence journalistique.

"La Presse a réussi à éviter pas mal ça", déclare-t-il, mais pour d'autres, c'est devenu une obsession. Tremblay regrette la prolifération de titres sensationnaliste et de contenus creux, souvent centrés sur des figures hypermédiatisées comme Cole Caufield, au détriment de sportifs moins populaires mais tout aussi méritants, comme Mikaël Kingsbury.

« Qui va s’intéresser à un gars comme Mikaël Kingsbury s’il n’y a pas de clics ? À un moment donné, est-ce qu’il y a seulement Cole Caufield dans la vie, avec une information programmée par le Canadien ? » demande-t-il en entrevue avec La Presse.

Ce changement de paradigme, où l'information est calibrée pour générer du trafic plutôt que pour informer ou enrichir le débat sportif, a contribué à l'érosion de la crédibilité et de l'influence du Journal de Montréal dans le domaine sportif.

« Le danger suprême, pour le journalisme sportif, c’est la tyrannie des clics. Moi, j’ai vu un changement majeur dans d’autres médias, où le clic c’est tout. Des titres de cinq lignes, des je-me-moi pour aller chercher du clic…." 

Là où le journal brillait autrefois par son indépendance et son audace, il ne reste aujourd'hui qu'un écho affaibli de ce qu'il a été, noyé dans une mer de contenus éphémères et de cliques aseptisés.

Le Journal de Montréal n'aurait jamais dû laisser partir Réjean Tremblay l'année dernière. Selon nos informations, l'audience du Journal a chuté du tout au tout dès qu'il est parti.

C'était la décision de Réjean, mais Quebecor aurait dû fait un plus gros effort pour le retenir. Voilà le problème. On investit au mauvais endroit, au mauvais moment.

Pierre-Karl Péladeau s'est engouffré dans un trou financier sans fin avec TVA Sports. On tente alors de compenser en coupant dans les autres médias et de devenir sensationnaliste....mais sans succès...

Lorsque Tremblay a quitté la Presse, la section des sports s'est effondrée aussi. Le Journal de Montréal a fait la même erreur. Et maintenant, Tremblay est agent libre.

« Ça pourrait être deux, trois chroniques par semaine. Mais ma préférence, c’est d’avoir la pression d’une chronique par jour » affirme Tremblay, qui est déjà en négociations avec un autre média pour écrire. ( crédit: La Presse)

« On n’est pas mort à 80 ans ! Joe Biden nous a beaucoup nui. Ça, je veux que ce soit écrit. Les gens pensent qu’à 80 ans, on est sénile ! »

Dans tous les cas, ce ne sera pas long avant qu'on le revoie...que ce soit à l'écran ou à l'écrit.

« Le 2 septembre, je ne sais pas ce que je fais ! C’est une façon poétique de le dire, parce que j’ai des productions, des documentaires, deux livres à écrire. »,

 « Aux États-Unis, on a 11 projets déposés de longs métrages. Il y en a un qui s’appelle El Magistrado, puis une télésérie sur un gros paquebot de 5000 personnes où il doit y avoir des meurtres, des vols, il doit y avoir une prison… Personne n’a jamais parlé de ça ! »

Pendant que Réjean Tremblay continue de fonctionner comme une véritable machine, le Journal de Montréal semble s'enliser dans une spirale descendante.

Tremblay, infatigable malgré ses 80 ans le 24 août, n'a pas l'intention de ralentir. 

Un rappel que l'âge n'est qu'un chiffre pour celui qui a marqué de son empreinte le journalisme sportif et qui n'a pas l'intention de se retirer de sitôt. Que ce soit à l'écran ou à l'écrit, il ne faudra pas attendre longtemps avant de le revoir en action.

Sa capacité à se réinventer et à explorer de nouveaux horizons en restant lui-même et en n'étant pas à la merci de qui que ce soit, ni des "Wokes", ni de personne, est tout simplement incroyable dans la société d'aujourd'hui.

« Pierre Lambert, j’avais pas besoin des wokes pour qu’il tombe en amour avec une médecin haïtienne, c’était pas une barmaid là ! »

Pendant ce temps, le Journal de Montréal s'enlise. Privé de l'énergie et de l'inventivité de Tremblay, le journal semble incapable de retrouver sa voie, englué dans des contenus qui manquent de profondeur et d'originalité.

Alors que Tremblay multiplie les projets et continue de repousser les limites de sa carrière, le Journal de Montréal donne l'impression de se reposer sur ses lauriers, sans véritablement réussir à se réinventer ou à s'adapter à l'évolution du paysage médiatique.

Voilà pourquoi le journalisme traditionnel est sur le respirateur artificiel: comme la loi de la nature, si tu ne t'adaptes pas, tu disparais....