Le piège de l’ennemi : Brad Treliving met Kent Hughes au pied du mur

Le piège de l’ennemi : Brad Treliving met Kent Hughes au pied du mur

Par André Soueidan le 2025-08-24

À Toronto, on sabre le champagne comme si on venait de découvrir le remède miracle au cancer.

Tout ça parce que Brad Treliving est encore dans la course pour Jack Roslovic.

C’est Frank Seravalli qui le dit.

Le même Frank qui, depuis des années, sort des scoops comme d’autres sortent leurs poubelles.

Selon lui, les Leafs seraient « encore très sérieux » dans le dossier Roslovic.

Et à entendre la frénésie autour du club de la Reine, on dirait que l’arrivée d’un centre tiède de 28 ans va changer la face de la Ligue nationale.

Mais soyons sérieux deux secondes. Jack Roslovic, c’est quoi au juste?

Un joueur de profondeur qui a parfois des éclairs, mais qui, au final, n’est rien d’autre qu’un patchage de bas étage.

Son CV parle pour lui. Deux saisons de 20 buts dans sa carrière.

Sa meilleure, 45 points avec Columbus, il y a déjà trois ans.

L’an dernier, avec les Hurricanes, il a mis 22 buts. Bravo, mais ça s’est arrêté là : 39 points en 81 matchs.

Ce n’est pas un deuxième centre digne d’une équipe qui prétend vouloir aller loin en séries. C’est un gars qui fait le travail sans jamais faire lever personne de sa chaise.

Et pourtant, Brad Treliving s’accroche à lui comme si c’était le Saint-Graal.

Pourquoi? Parce qu’à Toronto, on manque de profondeur au centre derrière Auston Matthews et John Tavares.

Le problème, c’est que Tavares n’a plus ses jambes de 25 ans et qu’il approche du mur plus vite qu’une Tesla en autopilote.

Ajouter Roslovic derrière lui, ça ne règle rien. Ça maquille juste la réalité avec un peu de tape gris.

Pendant ce temps, à Montréal, Kent Hughes observe tout ça avec un sourire en coin.

Lui cherche son fameux deuxième centre, mais il sait que Roslovic n’est pas la réponse.

Pas pour une équipe qui construit un noyau pour gagner dans deux ou trois ans.

Pas pour une équipe qui a Lane Hutson, Ivan Demidov, Juraj Slafkovsky, Cole Caufield et Nick Suzuki comme fondations.

Tu n’ajoutes pas un joueur tiède dans ce noyau explosif juste pour dire que tu as rempli une case.

Tu attends le bon coup, tu prépares une vraie transaction, tu gardes ta flexibilité.

C’est là que le piège de l’ennemi prend tout son sens.

Treliving se précipite, il s’agrippe à Roslovic comme s’il allait sauver son emploi.

Mais en réalité, c’est une bénédiction pour Kent Hughes. Parce que chaque dollar dépensé par Toronto sur un joueur comme Roslovic, c’est un dollar gaspillé qui n’ira pas sur un vrai joueur d’impact.

Frank Seravalli a peut-être lancé un scoop, mais ce qu’il a vraiment révélé, c’est le désespoir des Leafs. Imaginez : tu as Auston Matthews, l’un des meilleurs joueurs du monde, et ta solution pour l’aider, c’est… Jack Roslovic.

Tu veux sérieusement battre les Panthers, les Hurricanes, les Rangers, les Devils, avec ça? Bonne chance.

Et qu’on se comprenne bien : Roslovic n’est pas un mauvais joueur.

C’est un bon soldat, capable de marquer une vingtaine de buts dans une saison correcte.

Mais c’est ça, son plafond. Vingt buts. Une quarantaine de points.

Quand tes rivaux alignent des McDavid, des MacKinnon, des Eichel, des Barkov, tu ne gagnes pas la guerre avec un gars comme ça au centre.

À Montréal, les partisans peuvent dormir tranquilles. Oui, on cherche toujours ce fameux deuxième centre.

Oui, ça devient un running gag chaque été.

Mais la différence, c’est que Kent Hughes n’a pas paniqué.

Il a flirté avec McTavish, il a regardé Kyrou, il a tâté le terrain pour des transactions costaudes.

Mais il n’a jamais cédé à la tentation de patcher avec du tiède. Parce que le plan, c’est de bâtir un club qui pourra gagner, pas juste de survivre une saison.

Si Roslovic signe à Toronto, tant mieux.

Ce sera une autre erreur dans une longue liste d’erreurs qui font du Maple Leaf Sports & Entertainment la compagnie la plus comique de la LNH.

Pendant que Treliving s’accroche à un patch...

En réalité, c’est lui qui se piège. Parce qu’il vient d’annoncer au monde entier qu’il est prêt à investir dans un joueur de profondeur comme si c’était une pièce maîtresse.

Et ça, à Montréal, on appelle ça une claque en plein visage… mais pour Toronto.

Alors, merci Brad. Merci d’avoir libéré Kent Hughes de cette tentation.

Merci de montrer, une fois de plus, que les Leafs restent les Leafs.

Tant qu’ils miseront sur des solutions à rabais comme Roslovic, ils ne feront que patiner dans le vide.

Pendant ce temps, à Montréal, le plan avance.

Et quand viendra le temps de frapper, Hughes le fera avec un vrai joueur d’impact, pas avec un pansement mal collé.

Et c’est là que le vrai piège se referme.

Treliving croit tendre une embuscade à Kent Hughes en se lançant sur Roslovic, comme si le Canadien allait regretter de l’avoir laissé filer.

Mais au contraire, c’est lui qui s’enferme dans son propre stratagème : miser gros sur un joueur tiède, c’est condamner son équipe à l’illusion du progrès.

Hughes, lui, n’a jamais mordu à l’hameçon. Il sait que le futur du Canadien ne s’écrit pas avec des rustines, mais avec des piliers.

Alors oui, sur le coup, on peut avoir l’impression que Toronto « bouge » pendant que Montréal attend.

Mais à long terme, c’est l’ennemi qui se sera piégé lui-même, laissant Hughes libre d’avancer son plan sans tomber dans la panique.

Être au pied du mur, c’est aussi savoir quand ne pas frapper, quand refuser le piège.

Et c’est exactement ce que fait Hughes : il encaisse la pression, il prend le coup, et il attend.

Parce qu’au final, ce n’est pas lui qui va manquer d’air, mais Toronto.

Ouch...