Depuis quelques jours, le Combine de la LNH à Buffalo prend des allures de speed dating.
Et dans ce bal d'entrevues, un nom commence à circuler un peu trop vite autour du CH : Benjamin Kindel.
Petit attaquant de 5 pieds 10 pouces, gros sens du jeu, 99 points en 65 matchs avec les Hitmen de Calgary.
Et surtout : un amour débordant, presque caricatural, pour le Canadien de Montréal.
« Je suis un fan fini du CH. Je regarde tous leurs matchs. Mes joueurs préférés? Jake Evans et Christian Dvorak. »
Excuse-moi Ben... quoi? Evans et Dvorak? Il y a des gars qui aiment Suzuki, Caufield, même Montembeault.
Mais fan de Jake Evans? C’est pas une opinion, c’est une tentative de séduction. Un clin d’œil trop calculé pour être sincère.
Et c’est exactement là que réside le danger pour Kent Hughes et Nick Bobrov.
Depuis que le CH est devenu un club jeune, excitant, avec un pipeline rempli de talent et un coach au charisme contagieux, les jeunes veulent jouer à Montréal.
Pas juste pour le hockey. Pour l'image, pour la médiatisation, pour le marché. Et certains sont prêts à tout pour s'attirer les bonnes grâces du duo Hughes-Bobrov.
Or, Nick Bobrov n'est pas un imbécile. Il a déjà vu passer des gars qui révisent leur discours en fonction du logo sur leur horaire d'entrevue.
Il a même été l'un de ceux qui testent le plus la sincérité des réponses. Et désolé, mais l'histoire du ratel comme animal fétiche, c'est charmant, mais ça sent la réplique de TikTok.
Cette année, plus que jamais, Kent Hughes doit se méfier des déclarations d'amour faciles. Le CH est courtisé. Trop courtisé.
Chaque prospect rêve maintenant de Montréal. C’est nouveau. C’est flattant. Mais c’est un leurre.
Les décisions doivent se baser sur des faits : talent, potentiel, profil physique, intelligence sur glace.
Pas sur des discours bien montés par des jeunes qui savent ce que le CH veut entendre.
Et surtout pas quand ton club veut se grossir. Parce que oui, Kindel est dynamique, oui il est intelligent.
Mais il fait 5'10». Et en séries, les 5'10», ça se fait écraser dans le coin par des gars comme Tom Wilson et Matthew Tkachuk.
Kent Hughes ne peut pas tomber dans le piège de l'affectif.
La NHL, c’est pas une histoire de cœur, c’est une guerre de tranchées.
Et Bobrov devra regarder au-delà des mots. Parce que les jeunes flairent que Montréal est rendu hot. Ils veulent tous leur part du buzz.
Mais entre un discours de Combine et un véritable fit à la Gallagher, y'a une énorme différence.
Le CH est maintenant la destination trendy. Mais la tendance, c’est aussi le bluff. Et le boulot de Hughes, c'est de voir clair dans le manège.
Parce qu’il ne faut pas se leurrer : Kent Hughes n’est pas en train de magasiner des poètes sur patins ou des romantiques du CH.
Il cherche des gars capables de renverser un match en frappant fort, en provoquant une mêlée, en bloquant un tir avec la gorge s’il le faut.
Le modèle qui gagne en séries, c’est plus Matthew Tkachuk que Trevor Zegras.
C’est le gars qui dérange. Le gars qui se fait haïr.
Tu veux un exemple? Regarde les Panthers. Regarde les Oilers. Chaque club encore en vie mise sur au moins trois joueurs qui marchent la ligne entre la suspension et la domination.
Des gars comme Sam Bennett, Evander Kane, Corey Perry, Matthew Tkachuk, Brad Marchand. Du papier sablé sur patin. C’est ça, le profil recherché.
Alors quand un jeune te dit qu’il rêve de jouer avec Jake Evans… ça fait sourire, mais ça ne colle pas avec la nouvelle ligne dure du CH. Montréal s’est fait tasser pendant trop longtemps.
Kent Hughes l’a dit lui-même : il faut devenir plus difficiles à affronter.
Traduction? Fini les passagers. Fini les profils lisses.
Ce qu’il veut, c’est du poids, de l’impact, du sale. Et surtout : des gars qui veulent jouer à Montréal… pour les bonnes raisons. Pas pour flatter l’ego de Bobrov.
Pas pour se vendre au combine. Mais pour amener cette équipe plus loin que la sympathie.
Et c’est là que le piège se referme.
Car plus Montréal devient une destination à la mode, plus les beaux parleurs vont se pointer. Mais Kent Hughes et Nick Bobrov n’ont pas besoin d’un coup de foudre, ils ont besoin d’un guerrier.
Un vrai. Pas un kid qui rêve de Dvorak, mais un gars qui peut remplacer Dvorak et l’envoyer en tribune.
Parce que la reconstruction est finie. La séduction aussi. C’est le moment de bâtir une équipe qui fait peur. Pas qui fait plaisir.
AMEN