Le studio de TVA Sports s'effondre: une soirée difficile pour Elizabeth Rancourt

Le studio de TVA Sports s'effondre: une soirée difficile pour Elizabeth Rancourt

Par David Garel le 2024-11-09

TVA Sports se retrouve ce soir à un carrefour décisif, symbolisé par la diffusion en direct du match du Canadien contre les Maple Leafs sur l'ensemble du réseau TVA.

Malgré la pression écrasante pour relever ses cotes d'écoute, la chaîne a choisi de ne pas modifier son équipe de commentateurs, défiant ainsi les critiques persistantes du public.

Pourtant, avec une moyenne de seulement 400 000 téléspectateurs depuis le début de l'année, les signaux d’alarme sont énormes.

Les dirigeants espérent qu’une telle soirée va redonner un souffle à la chaîne, mais la réponse des Québécois, de plus en plus enclins à passer sur Sportsnet, risque de dévoiler une réalité cruelle.

Cette désertion expose les défis profonds de TVA Sports, qui, après une décennie d'existence et des pertes cumulées approchant le demi-milliard de dollars, peine à captiver les amateurs de sport.

Pour les commentateurs Félix Séguin et Patrick Lalime, ainsi qu’Élizabeth Rancourt, qui tente d’imposer son style depuis le départ de Louis Jean, les enjeux sont immenses.

Leurs performances sont scrutées, amplifiées par les réseaux sociaux, alors que la moindre erreur pourrait marquer une étape supplémentaire vers la chute de la chaîne.

Voilà pourquoi Elizabeth Rancourt semblait si nerveuse en introduction.

Pierre Karl Péladeau mise gros sur cette diffusion, espérant que le retour à une télévision accessible redynamisera l’audience, au risque de redéfinir la stratégie de Québecor dans le domaine sportif.

Mais comment redynamiser une chaîne...en proposant toujours la même chose qui ne marche pas.

Rancourt à la voix tremblotante, Maxim Lapierre et Guillaume Latendresse qui répète leur poche bleue, Félix Séguin hésitant, Patrick Lalime et ses fautes de français, Renaud Lavoie qui protège les joueurs du CH (il le fait bien et avec un bon français contrairement à Lalime)...bref, rien de nouveau au soleil.

TVA Sports est au bord du précipice ce soir. En refusant de revoir son équipe de commentateurs malgré les critiques croissantes, la chaîne semble s’entêter dans une trajectoire descendante.

L'enjeu est colossal pour ce diffuseur qui a misé lourdement sur le hockey, au point de risquer la viabilité de toute son existence.

Ce soir, alors que le Canadien de Montréal affronte les Maple Leafs de Toronto en direct, la diffusion sur TVA est une tentative désespérée de Pierre Karl Péladeau de sauver un modèle qui est déjà passé date.

Depuis des années, TVA Sports accumule des pertes à un rythme effarant, avoisinant aujourd'hui les 300 millions de dollars.

On assiste à un véritable gouffre financier dans l’univers de Québecor.

Péladeau, fidèle à sa réputation d'avoir un orgueil qui pourrait déplacer des montagnes, refuse de plier sous la pression.

Pour lui, le hockey est plus qu'un simple sport : c'est un vecteur de culture québécoise, un rendez-vous d'émotions brutes qui, s’il est bien géré, pourrait réunir des foules immenses.

Mais voilà, la réalité actuelle est bien différente, et les chiffres parlent d’eux-mêmes : le Québec ne veut plus rien savoir de TVA Sports.

On saura ce soir si le Québec veut savoir quelque chose de TVA.

À la barre de cette équipe de commentateurs figure Félix Séguin, vétéran dont la réputation s’est usée au fil des ans.

Séguin peine à satisfaire un public exigeant qui, tanné, cherche une alternative et migre sur Sportsnet.

Ses années de travail acharné ne lui assurent pas le respect.

Avec chaque hésitation, chaque imprécision, les critiques s’abattent. En parallèle, Patrick Lalime, ancien joueur de la LNH, fait face à une vague d’insatisfaction : ses analyses manquent de profondeur et de nuance, son français manque de rigueur et plusieurs fans veulent un changement.

Malgré une carrière sur la glace, il ne semble pas parvenir à traduire son expérience en commentaires percutants qui captivent l’auditoire.

Les fans, implacables, n’ont que faire de ses états de service passés ; ils veulent des explications claires, des insights directs, et non une simple répétition des faits de jeu.

Élizabeth Rancourt, qui a pris les commandes à la suite de Louis Jean, vit également une situation difficile. La jeune animatrice subit de plein fouet une forme de rejet qui ne s’explique pas toujours par la qualité de son travail.

Depuis son arrivée, les audiences n'ont cessé de décliner, et des commentaires désobligeants, parfois ouvertement misogynes, s’accumulent. Rancourt fait face à un double fardeau : non seulement elle doit s’imposer dans un environnement hostile, mais elle doit aussi naviguer dans une période d’incertitude pour TVA Sports, où chaque faux pas devient un argument contre elle.

Certains fans, habitués à la voix de Louis Jean, semblent incapables d’accepter ce changement, cherchant le moindre prétexte pour la critiquer.

En arrière-plan, l'ombre de Dave Morissette plane toujours sur TVA Sports. Largement apprécié pour son approche authentique et sa proximité avec les téléspectateurs, son départ a laissé un vide que la chaîne peine à combler.

Et on va encore avoir le malaise de le voir à l'après-match, les miettes que TVA a accepté de lui donner par pitié, en compagnie de Guillaume Latendresse et Maxim Lapierre qui semblent aussi avoir pitié du pauvre Dave l'indésirable.

Pour une large portion du public, Morissette représentait ce lien humain, cette voix qui savait s’adresser au fan de hockey avec une simplicité désarmante.

Son retrait progressif a été perçu comme une trahison par plusieurs abonnés, qui ne retrouvent plus cette même chaleur avec l'équipe actuelle.

Le voir relégué en après-match, dans une fonction qui ressemble plus à un « bouche-trou » qu’à un rôle valorisant, est presque insultant pour ses fidèles admirateurs.

TVA semble avoir voulu le garder dans un coin, sans vraiment lui donner l’espace pour briller.

Ce soir, avec la diffusion sur TVA, Péladeau joue le tout pour le tout. Ce choix stratégique s’inscrit dans un contexte où la chaîne spécialisée ne parvient plus à attirer les abonnés comme auparavant.

Les téléspectateurs semblent préférer le contenu varié et rafraîchissant de Sportsnet, délaissant progressivement TVA Sports pour un diffuseur anglophone mieux rodé.

Et si ce pari de Péladeau ne fonctionne pas, cela pourrait signifier la fin de TVA Sports dans sa forme actuelle.

Il pourrait être plus rentable de simplement fermer le département sportif, sans les coûts exorbitants associés à une chaîne spécialisée en continu.

Netflix, Prime Video, Apple TV sont en train de gruger Péladeau de l'intérieur : ces plateformes grugent l’audience des chaînes traditionnelles, obligeant Québecor à se repositionner pour éviter la marginalisation, voire la disparition.

En rendant le hockey accessible sans abonnement au câble, Péladeau espère capter une audience massiv ce soir, prouver aux commanditaires que le hockey demeure un rendez-vous de choix, et finalement convaincre la LNH de lui accorder plus de droits lors du renouvellement de contrat en 2026.

Mais pour les commentateurs et analystes de TVA Sports, le poids de cette soirée est écrasant. Chaque commentaire, chaque mot sera analysé, disséqué, et le moindre faux pas sera amplifié sur les réseaux sociaux.

C'est une ironie cruelle : leur performance ce soir pourrait bien signer leur propre perte. Si les cotes d'écoute ne sont pas au rendez-vous, cela démontrera qu'une chaîne spécialisée n’est plus nécessaire, que TVA peut se passer de TVA Sports et concentrer sur ce qui fait vraiment de l'argent.

Pour Péladeau, ce serait une libération financière, une chance d’alléger un bilan plombé par les déficits accumulés de TVA Sports.

Les chiffres parlent d’eux-mêmes : depuis 2011, TVA Sports n’a jamais été rentable. Cette chaîne qui devait être une locomotive pour Québecor s’est avérée être un boulet.

En diffusant ce match sur une chaîne gratuite, accessible à tous, Péladeau veut mesurer l’ampleur de l’engouement et voir si le hockey peut redevenir ce rendez-vous télévisuel qui unit la province.

Mais si le pari échoue et que les cotes d'écoute déçoivent, cela pourrait marquer la fin des ambitions sportives de Québecor.

Ainsi, cette soirée du 9 novembre 2024 n'est pas seulement une confrontation sportive entre le Canadien et les Maple Leafs.

C'est la dernière chance pour Péladeau de prouver qu'il peut, envers et contre tous, réinventer la diffusion sportive au Québec, qu’il peut redonner ses lettres de noblesse à une passion québécoise en déclin.

Le sort de TVA Sports, et peut-être même l’avenir du hockey francophone à la télévision, repose ce soir entre les mains d’un public dur, désabusé, mais toujours amoureux du Canadien de Montréal.

Amoureux du CH...mais méprisant envers TVA Sports.

Il y a une odeur, un sentiment d'urgence qu'on peut sentir, un parfum de dernière chance qui flotte autour de cette soirée.

L'histoire retiendra peut-être le 9 novembre comme le jour où TVA Sports a trouvé une nouvelle raison d'être, ou, plus tragiquement, comme celui où elle a signé son propre acte de disparition.