- Le témoignage d'Enrico Ciccone dans un CHSLD...nous donne des SUEURS FROIDES dans le dos...
Durant mes deux premières heures au CHSLD Nazaire-Piché, j’ai été affecté à la lessive, à la distribution et à la collecte des plateaux repas ou à faire manger les bénéficiaires. Mais deux heures plus tard, je me suis retrouvé au quatrième étage où se trouvent le plus de cas de COVID-19 aux côtés d’une aide-infirmière et de deux préposées.
J’ai commencé ma journée à 7 h 30. Dès 9 h 30, les deux préposées nous ont dit qu’elles devaient quitter parce qu’elles avaient été testées positives à la COVID-19. Il restait alors une préposée et deux aides [dont Ciccone lui-même, NDLR] sans expérience. C’est là que mon rôle a changé.
Ce n’était pas son rôle, mais il n’avait plus le choix. Il a dû faire tout ce que les préposées font sur une base quotidienne : laver les patients, changer les culottes, appliquer des crèmes sur des plaies.
Il y a énormément de sentiments. Il y a de la peine, il y a de la colère. Tout ça est mélangé. Quand j’ai donné à manger à une première bénéficiaire, j’en avais les larmes aux yeux. J’ai eu de la difficulté à le faire parce que j’étais en contact direct avec quelqu’un qui n’est pas capable de communiquer avec toi. Quand je changeais des patients, j’avais le sentiment de brimer leur dignité parce que j’étais proche de leurs parties intimes. Une personne comme moi n’est pas prête ni formée pour faire ces choses-là.
On peut parler d’augmenter les salaires, mais il faut plus que ça. Ça prend des gens capables et formés pour faire face à des choses difficiles de la sorte. C’est la raison pour laquelle je me demande pourquoi on ne ferait pas rentrer l’armée. On n’a pas seulement besoin du monde de la santé ou du monde médical. Il faut aussi des bras pour assister les préposées.
- Chapeau Cicco!!!