La retraite de Paul Arcand marque une page tournée dans l'histoire de la radio québécoise.

Animateur vedette du 98,5 FM pendant près de 35 ans, sa voix a résonné dans les foyers, les voitures et les bureaux, devenant une partie intégrante du quotidien de milliers d'auditeurs.

Son départ est un événement majeur, aussi perturbant que lorsque le Canadien de Montréal a perdu Patrick Roy. Le CH ne s'en est jamais remis, Jocelyn Thibault n'ayant jamais été capable de chausser les patins du plus grand gardien de l'histoire du hockey. Est-ce que Patrick Lagacé va être capable de le faire?

Paul Arcand était bien plus qu'un simple animateur. Il était la référence, la boussole qui guidait les auditeurs à travers les dessous de l'actualité chaque matin.

Tout comme Patrick Roy, dont la perte a marqué une période de déclin pour le Canadien, le départ d'Arcand laisse un vide immense, difficilement remplaçable pour le 98,5 FM et l'ensemble de la radio québécoise.

Pour les auditeurs fidèles, son absence crée un sentiment de désorientation, comme si on leur avait retiré un point de repère essentiel.

Le témoignage de son collègue, L-P Guy, fait peur pour le futur de la station, mais surtout de la radio québécoise dans son ensemble.

"Je me suis discrètement installé dans la régie du 98,5 ce matin pour observer le dernier show “normal” de Paul Arcand à l’antenne.

Tous les superlatifs utilisés pour parler de sa carrière sont justifiés. C’est un modèle, un guide. Pour les gens qui suivent l’actualité, c’est l’équivalent de perdre sa boussole en plein milieu de la forêt. Ce matin, je voulais aussi souligner le travail de son équipe au micro et dans l’ombre en régie. Paul était en Cadillac!"

Au fil des années, Paul Arcand a su gagner la confiance et l'admiration de son audience grâce à sa rigueur, son intelligence et son flair journalistique.

Sa capacité à aborder des sujets variés, de la politique à l'économie en passant par les faits divers, lui a permis de toucher un public large et diversifié. Il était capable de confronter les politiciens avec fermeté tout en faisant preuve d'une empathie sincère, une qualité rare qui a fait de lui une figure respectée et aimée.

La carrière d'Arcand est jalonnée de succès, mais aussi de défis relevés avec brio. Son émission, "Puisqu'il faut se lever", accapare près de 37 % des parts de marché entre 5 h 30 et 9 h, un exploit qui témoigne de son talent et de sa capacité à capter l'attention des auditeurs.

Son secret réside dans sa capacité à ne jamais se reposer sur ses lauriers, à toujours chercher à améliorer son émission et à prendre des risques calculés pour surprendre et captiver son audience.

Par exemple, il a osé introduire des chroniqueurs aux opinions tranchées, comme Luc Ferrandez, suscitant des réactions contrastées mais enrichissant le débat public.

Au départ, Ferrandez, qui est contre l'utilisation de la voiture, a enragé les auditeurs d'Arcand qui sont pour la plupart dans leur véhicule lorsqu'ils écoutent l'émission. Il fallait du courage et un esprit culotté pour oser engager cet ancien maire du Plateau Mont-Royal.

L'une des caractéristiques marquantes de Paul Arcand est sa discrétion sur sa vie privée. Contrairement à de nombreuses personnalités médiatiques qui exposent volontiers leur intimité, Arcand a toujours gardé une barrière claire entre sa vie professionnelle et personnelle.

Son épouse et ses enfants, bien qu'évoqués de temps à autre, n'ont jamais fait partie de son plan de marketing. Cette réserve a contribué à son aura de mystère et à la perception de son intégrité.

Ceux qui ont travaillé avec lui témoignent de sa chaleur humaine et de son sens de l'humour, souvent cachés derrière la façade sérieuse qu'il pouvait afficher à l'antenne.

Le départ de Paul Arcand laisse un défi de taille pour son successeur, Patrick Lagacé. Ce dernier, bien que talentueux, devra faire ses preuves et gagner la confiance d'une audience habituée à la voix rassurante d'Arcand.

Arcand prévient tout le monde: il faudra du temps pour que les auditeurs s'habituent au changement et que la nouvelle équipe trouve ses marques.

Les premiers commentaires seront durs, mais il ne faudra pas se laisser abattre par les critiques initiales. L'histoire de la radio nous enseigne que les transitions, bien que difficiles, peuvent mener à de nouvelles périodes de succès et de renouveau. Arcand lance un vibrant message à son successeur.

« Patrick a tout ce qu’il faut pour réussir. Mais il faut laisser l’auditeur s’habituer au changement. Il ne faut pas qu’il tienne compte des commentaires au début. Moi, quand j’ai commencé à animer sur CJMS, les patrons auraient eu toutes les raisons de me renvoyer. Ce n’était pas ben bon ! Puis, ça a fini par se placer »

Le départ d'Arcand rappelle inévitablement la fin de l'ère Patrick Roy au Canadien de Montréal. Lorsque Roy a quitté l'équipe, le Canadien a perdu bien plus qu'un gardien de but exceptionnel ; il a perdu un leader, une icône, une source de stabilité et de confiance.

La franchise a mis des années à se remettre de cette perte, cherchant désespérément à retrouver son éclat d'antan. Si on est honnête. le CH ne s'en est toujours pas remis.

De même, le 98,5 FM devra naviguer sans sa boussole, trouver de nouvelles voies pour maintenir et renforcer son lien avec les auditeurs. Ce n'est pas gagné.

Paul Arcand, lui, ne disparaîtra pas complètement des ondes. Il continuera de collaborer avec le 98,5 FM pour des balados et d'autres projets.

Cependant, son absence quotidienne sera ressentie comme une perte irréparable pour ceux qui avaient fait de son émission un rituel matinal.

La retraite de Paul Arcand marque la fin d'une époque dorée pour la radio québécoise. Comme le départ de Patrick Roy a marqué un tournant pour le Canadien de Montréal, celui d'Arcand impose une période de transition et d'adaptation pour le 98,5 FM et ses auditeurs.

Il laisse derrière lui un héritage immense, une carrière exemplaire et une empreinte marquée au fer rouge sur le paysage médiatique québécois.

Le défi sera de taille pour Lagacé, mais le parcours d'Arcand montre que, avec rigueur, passion et un brin de risque, il est possible de toucher et de marquer durablement le cœur du public.

Un géant quitte les ondes...comme le soir où Patrick Roy a quitté Montréal...

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