L'entrevue que Kent Hughes a accordée à Radio-Canada était, disons-le franchement, d'un malaise absolu.
Chaque question sur David Reinbacher et Matvei Michkov semblait le piéger un peu plus, comme s'il se noyait dans ses propres justifications.
C’est simple : Hughes aura du mal à dormir tranquille en repensant à ce cinquième choix au total de 2023.
Il le regrettera toute sa vie, c’est une certitude. Et pour couronner le tout, il tente maintenant de se convaincre, et surtout de nous convaincre, que Reinbacher ne va pas sombrer dans la catégorie d'un flop.
Sérieusement, qui est-il en train de berner ici?
Déjà que Reinbacher traînait sa confiance quelque part au fond de ses patins, Hughes admet lui-même qu’il s'agit d’un jeune homme anxieux de nature.
Bravo, on a donc sélectionné un défenseur fragile, autant sur le plan physique que mental, et Hughes essaie de faire passer ça pour une stratégie réfléchie.
Ah, mais ne vous inquiétez pas, il va faire de la rééducation, il va « travailler avec Stéphane Robidas », et, soyons honnêtes, peut-être apprendre à faire de beaux dessins pendant qu'il regarde les autres jouer.
"On va essayer de trouver les moyens de le garder avec nous, de le garder autour de l’équipe. Il va travailler avec les coachs et on ne croit pas que ce sera une année complètement gaspillée au niveau du développement, parce qu’il va apprendre comment on joue et il va travailler beaucoup avec Stéphane Robidas." a-t-il affirmé au journaliste Marc-Antoine Godin. (crédit: Journal de Montréal)
"L’apprentissage va se faire hors glace, mais je crois qu’on va être en mesure de l’aider et de le faire avancer quand même."
Tout ceci transpire le flop à plein nez. Hughes peut bien essayer de nous vendre l’histoire de Victor Hedman pour calmer le jeu, mais tout le monde voit bien qu’il s’agit d’un geste désespéré.
Reinbacher n’est pas Hedman, et tout le monde le sait, y compris Kent Hughes. D'ailleurs, l’évocation de Matvei Michkov dans l'entrevue était un moment particulièrement gênant.
Le malaise se lisait dans chaque mot de Hughes, qui sait très bien qu'il a laissé passer un talent générationnel pour un défenseur qui pourrait ne jamais atteindre le niveau espéré.
Et puis, soyons sérieux, cette comparaison avec Oliver Kapanen? Vraiment? Kapanen, le "petit finlandais confiant", comme Hughes aime le décrire, a déjà montré plus de caractère en quelques matchs que Reinbacher ne l'a fait durant tout le camp.
"Il est tellement confiant, Kapanen. La personnalité de David est différente. Premièrement, la manière dont il a été accueilli à Montréal a été plus dure pour lui, vu que tout le monde voulait Matvei Michkov, tandis que Kapanen arrive tranquillement." a tenté de justifier Hughes.
Kapanen est confiant, il arrive avec l'idée de tout casser, pendant que Reinbacher, lui, doit se contenter de rester en retrait, anxieux et incertain.
Hughes le sait, et ça se sent. Il tente de masquer la réalité, mais chaque mot trahit son inquiétude. Il est bien conscient que le jeune Autrichien, qui était supposé être la pièce maîtresse de sa défense pour les dix prochaines années, n'est tout simplement pas à la hauteur.
Alors oui, Kent Hughes peut bien se concentrer sur "ne pas laisser Reinbacher tomber dans la déprime", mais qu’est-ce qu’il pense qu’il va se passer quand l’Autrichien va réaliser qu’il est le visage d’un échec monumental?
On parle d’un cinquième choix au total, pas d’un pari de fin de repêchage. Les attentes sont colossales, et pour l’instant, Reinbacher n’a rien montré qui justifie ce statut.
Hughes pourra dire tout ce qu’il veut, mais tout le monde sait que cette blessure au genou de Reinbacher ne fait que retarder l'inévitable.
Le jeune défenseur va passer la majorité de son temps à faire de la rééducation pendant que Matvei Michkov brille à Philadelphie.
Oui, Michkov. Celui-là même que Hughes a décidé d'ignorer pour des raisons que personne ne comprend. Le malaise autour de cette décision est énorme, et l'organisation elle-même semble hésiter à l'admettre.
Mais tout le monde sait ce qu’il en est : avoir sélectionné Reinbacher alors que Michkov était disponible pourrait hanter les Canadiens pendant une décennie...et plus..
L’entrevue de Hughes était une tentative désespérée de sauver les meubles, mais tout son discours a sonné creux.
On n’a pas de vision claire, pas de plan cohérent, juste des promesses vides et des comparaisons forcées. La vérité, c'est que l'avenir de Reinbacher est beaucoup plus sombre qu'il ne le laisse entendre, et il ne fait aucun doute que Hughes le sait très bien.
Mais bon, il peut toujours essayer de faire avaler la pilule aux partisans.
Après tout, il reste toujours quelques optimistes qui croient encore aux miracles.
Matvei Michkov va s'arranger pour faire revenir les gens sur terre. Les miracles, c'est pour les contes de fées.
Et en ce moment, le conte de fées se lit en russe.