Pierre-Karl Péladeau ne se le pardonnera jamais. Et la ville de Québec lui en voudra toute sa vie.
En 2016, l’avenir d’une ville entière et la valeur potentielle d’un empire sportif reposait sur une signature.
Un chèque de 500 millions de dollars américains, le prix d’admission fixé par la LNH pour intégrer une équipe d’expansion en même temps que Vegas.
Le monde du hockey en parlait comme d’un geste historique, presque inévitable.
Québec venait d’inaugurer un amphithéâtre ultramoderne, le Centre Vidéotron.
Les partisans vibraient déjà comme s’ils allaient accueillir les Nordiques dès l’année suivante.
Même Gary Bettman semblait apprécier l’idée de ramener une équipe dans un marché aussi passionné.
Et pourtant, contre toute attente, Péladeau a reculé.
Pas de dépôt officiel.
Pas d’offre ferme.
Pas de chèque.
Seulement un retrait discret, camouflé derrière le fait que Bettman ne voulait rien savoir des Nordiques: mais dans les coulisses... le prix était trop élevé disait-il.
Peut-être que la LNH reviendrait avec un coût plus raisonnable. Peut-être que le contexte économique allait changer. Peut-être qu’il aurait une meilleure fenêtre plus tard.
C’est ce “peut-être” qui a tué le projet.
La bombe, tout le monde la connaît. Québec n’a jamais fait d’offre. Jamais.
Gary Bettman l’a confirmé, année après année : Québec n’a pas déposé de proposition finale. Il ne s’agit plus d’une rumeur, ni d’un mythe alimenté par les médias. C’est un fait historique établi.
Et cette semaine encore, Pierre LeBrun l’a rappelé sans détour :
« Québec a eu sa chance en 2017 avec Vegas. C’était leur moment. Quand ils n’ont pas foncé, Bettman a compris que ce n’était pas sérieux. Et la fenêtre s’est refermée pour de bon. »
L’erreur la plus coûteuse de l’histoire du sport québécois En refusant de payer 500 M$, Péladeau pensait économiser.
Il imaginait sans doute qu’une équipe dans un marché comme Québec était un pari trop risqué.
Aujourd’hui, les chiffres le ridiculisent.
La valeur moyenne d’une équipe de la LNH en 2025 est de 2,2 milliards de dollars américains.
Prix d’achat en 2016: 500 M$.
Valeur actuelle : 2,2 G$.
Gain perdu : 1,7 millirads de dollars.
Dans les 12 derniers mois seulement, la valeur moyenne d’une équipe de la LNH a grimpé de 15 %. CNBC explique pourquoi : les médias nationaux continuent de s’arracher les droits du hockey, autant au Canada qu’aux États-Unis.
Rogers vient de signer un contrat canadien astronomique de 7,79 milliards sur 12 ans, qui entre en vigueur en 2026-2027. Aux États-Unis, on prévoit que les droits vont tout simplement doubler au prochain cycle. Chaque équipe, même les plus pauvres, voit son coffre se remplir grâce à ces ententes.
Ce qui frappe en lisant le rapport, c’est la vitesse de la flambée des dollars. Les Oilers, qui valaient un peu plus d’un milliard il y a trois ans, dépassent maintenant les 3 milliards. La Floride longtemps considérée comme une équipe de fond de classement financier, grimpe de 30 % en un an.
Même Columbus, l’une des plus petites organisations, approche les 1,4 milliards.
CNBC révèle également une donnée clé : la LNH est en train de devenir une ligue où les revenus garantis (droits télé nationaux, partage égal des revenus, structures financières modernisées, plafond salarial) rassurent les investisseurs les plus frileux.
Une équipe achetée il y a 8 ans, même dans un marché moyen, a doublé ou triplé de valeur.
Péladeau n’a pas seulement perdu une équipe. Il a perdu une fortune générationnelle. Quand il voit que 'Molson et le CH valent 3,4 milliards de dollars... il voit rouge...
Alors que la ville de Québec devrait voir bleu...
Le projet des Nordiques n’a jamais été celui de Pierre Karl.
C’était celui de Julie Snyder. Elle adorait le hockey. Elle croyait profondément au retour de l’équipe. Elle avait l’influence, les contacts, l’énergie, l’instinct pour pousser Québecor dans cette direction.
Elle avait convaincu la direction d’investir dans le Centre Vidéotron. Elle avait compris l’impact culturel du retour d’une équipe dans la capitale.
Et tant que Julie était dans l’équation, le projet avançait.
Quand leur divorce a éclaté, le rêve s’est écroulé. Plus de Julie. Plus de passion. Plus de vision. Plus de projet.
Et surtout :
Plus aucune envie de la part de Péladeau de mettre une cenne dans un retour des Nordiques.
Ce divorce a coûté cher émotionnellement. Mais il a aussi coûté 1,7 milliard de dollars au Québec sportif.
En 2017, Vegas valait 500 M$. Aujourd’hui, les Golden Knights valent 2,1 milliards$. Bill Foley a fait un coup de maître.
Valeur actuelle de chaque franchise, selon CNBC :
Toronto Maple Leafs : 4,3 milliards$
New York Rangers : 3,8 milliards$
Montréal Canadiens : 3,4 milliards$
Los Angeles Kings : 3,15 milliards$
Edmonton Oilers : 3,1 milliards$
Boston Bruins : 3,05 milliards$
Chicago Blackhawks : 2,75 milliards$
Philadelphia Flyers : 2,6 milliards$
Washington Capitals : 2,5 milliards$
Detroit Red Wings : 2,47 milliards$
New Jersey Devils : 2,45 milliards$
Vancouver Canucks : 2,2 milliards$
Vegas Golden Knights : 2,1 milliards$
Dallas Stars : 2,05 milliards$
Carolina Hurricanes : 2,0 milliards$
Tampa Bay Lightning : 1,95 milliard$
Calgary Flames : 1,93 milliard$
Minnesota Wild : 1,9 milliard$
Colorado Avalanche : 1,85 milliard$
New York Islanders : 1,82 milliard$
Seattle Kraken : 1,77 milliard$
Pittsburgh Penguins : 1,76 milliard$
Florida Panthers : 1,75 milliard$
Nashville Predators : 1,65 milliard$
St. Louis Blues : 1,62 milliard$
Anaheim Ducks : 1,61 milliard$
Utah Mammoth : 1,6 milliard$
San Jose Sharks : 1,55 milliard$
Winnipeg Jets : 1,46 milliard$
Ottawa Senators : 1,44 milliard$
Buffalo Sabres : 1,42 milliard$
Columbus Blue Jackets : 1,40 milliard$
Et aujourd’hui, chaque fois qu’une nouvelle évaluation sorte, chaque fois qu’une franchise grimpe de valeur, chaque fois que Gary Bettman parle d’expansion…on réalise un peu plus à quel point Péladeau a perdu 1,7 milliard$ ce jour-là.
La ville de Québec, elle, a perdu son âme...
