Il y a des vérités qu’un directeur général ne peut pas dire à voix haute.
Il y a des moments où les mots, même les plus prudents, trahissent la pensée réelle. Et dans le cas de Kirby Dach, Kent Hughes a tout fait pour ne pas tomber dans le piège.
« Je ne dirais pas que c’est sa dernière chance… mais c’est une saison très importante pour Kirby. Il le sait. Et nous aussi. »
Traduction libre? C’est maintenant ou jamais.
Devant les journalistes, Hughes a joué la carte du soutien indéfectible. Il a répété qu’il aimait son potentiel. Qu’il n’abandonnait pas. Qu’il avait confiance.
Mais le ton était clair. L’urgence était dans les silences.
« Il va devoir connaître un gros camp d’entraînement. Il le sait. Il est motivé. »
Voilà. Loin du vernis, loin des formules de presse recyclées, cette citation contient tout.
Si Kirby Dach ne livre pas, il quitte le projet.
Pas parce qu’il est un mauvais joueur.
Pas parce qu’on l’a laissé tomber.
Mais parce que le temps, dans la LNH, est une monnaie qui s’effrite vite. Et chez le Canadien, on a arrêté d’attendre.
La reconstruction a avancé. Les jeunes explosent. Le noyau se resserre.
Et Kirby? Kirby regarde tout ça depuis la table des soigneurs.
Jeff Gorton l’a aussi dit, sans détour : « On croit en Kirby. Mais il doit jouer. Il doit nous montrer ce qu’il peut faire. »
En d’autres mots, la fenêtre est encore ouverte, mais la poignée tremble.
Tout le monde le sait. Tout le monde voit venir le scénario.
On veut y croire. Mais on prépare la sortie.
Et c’est là que l’histoire devient cruelle.
Parce que Kirby Dach n’a jamais vraiment eu sa vraie chance à Montréal. Une saison complète sans blessure. Un camp sans limitation. Une stabilité de trio.
Il n’a pas eu ça.
Et pourtant, le temps presse comme s’il l’avait eu.
C’est injuste, oui. Mais c’est aussi la réalité impitoyable du sport professionnel.
Si Dach connaît un bon début de saison, il devient un joueur d’impact ou une monnaie d’échange.
Mais s’il s’efface, il devient un poids mort dans un projet trop jeune pour le porter.
Kent Hughes n’a pas besoin de le dire.
Il suffit de lire entre les lignes. De regarder la rapidité avec laquelle il a évoqué le besoin d’un centre pour le deuxième trio.
Il a parlé d’acquisition. Il a parlé de construction. Il a parlé de renforts.
Il n’a jamais dit que Kirby était la solution.
Il a dit qu’il voulait qu’il en fasse partie.
Et c’est ça, le vrai message. Kirby Dach a encore les clés. Mais il n’y aura pas d’autre copie.
Une bonne saison, et il force la main.
Une autre éclipse… et il devient un souvenir de repêchage. Un pari perdu.
Il mérite mieux. Mais la LNH n’est pas un roman d’empathie.
C’est un rapport de force.
Et Kirby Dach est à une blessure près d’être remplacé.
Remplacé par qui?
Honnêtement, si vous êtes Kent Hughes ou Jeff Gorton… ou même simplement un partisan lucide du Canadien, c’est le moment d’exiger du sang neuf.
Des options, il y en a.
Pas besoin de courir les fantasmes irréalistes : Brock Nelson pourrait être disponible, Mikael Granlund aussi. Matt Duchene, malgré l’âge, connaît une résurgence qui ferait du bien à ce top-6.
Et si tu vises plus grand? Si tu oses rêver un peu? Il y a un certain Sidney Crosby dont l’avenir à Pittsburgh devient plus flou que jamais. Et le Canadien est l’une des rares équipes qui peut lui offrir un dernier chapitre digne d’une légende.
La vérité, c’est que le poste de centre sur le deuxième trio est une chaise musicale.
Et Kirby Dach n’a pas de coussin.
Il a l’antériorité, peut-être.
La sympathie du public, sans doute.
Mais ce qu’il n’a plus, c’est du temps.
Dans un marché où les jeunes explosent, où les vétérans déclinent, il faut des gars fiables. Solides. Disponibles.
Et tant que Kirby Dach reste un point d’interrogation, il oblige Kent Hughes à chercher ailleurs.
Ce n’est pas personnel. C’est structurel.
Et si la blessure frappe encore une fois, ou si la progression stagne… il sera trop tard pour s’excuser d’avoir attendu.
Le Canadien n’a pas à être cruel. Il a à être honnête.
Et la plus grande marque de respect qu’on peut accorder à Kirby Dach en ce moment?
C’est de lui dire que son temps est venu. Maintenant. Ou jamais.
Il y a ceux qu’on protège. Et il y a ceux qu’on pousse au bord du précipice en souriant.
Kirby Dach sait maintenant de quel côté il se trouve.
Misère...