Ivan Demidov le prodige a été réduit au silence...et tout ça est à cause de Patrik Laine...
Il faut appeler un chat un chat : ce qui s’est passé hier soir au Centre Bell est une injustice qui porte un nom. Ou plutôt, une injustice qui porte un numéro. Le 93.
Ivan Demidov, le jeune phénomène russe que tout le Québec attendait depuis des mois, a été relégué au banc pendant presque toute la troisième période du match le plus important de la saison.
Et ce, malgré une performance inspirée, malgré de belles présences, malgré une activité constante sur la glace et une efficacité sans faille dans les deux sens de la patinoire.
Et la raison de ce “benchage” ? Elle est aussi injuste qu’absurde : Patrik Laine.
Car oui, si Ivan Demidov a été effacé du match en troisième, c’est parce que Martin St-Louis a eu la malheureuse idée de le placer sur un trio avec un joueur tout simplement incapable de suivre le rythme : Patrik Laine.
Le Finlandais n’avance plus, il perd systématiquement ses batailles à un contre un, il est incapable de protéger la rondelle en zone offensive, et pire encore, il est une catastrophe en repli défensif. Il n’est plus que l’ombre de lui-même.
Dès la deuxième période, on voyait déjà que ce trio Newhook-Laine-Demidov n’avait aucune cohésion. Les séquences de possession se terminaient dès que la rondelle atteignait Laine.
Il s’en débarrassait, la perdait ou n’arrivait pas à la transporter dans la zone ennemie. Ivan Demidov, de son côté, multipliait les tentatives de relances, restait actif en échec-avant et se repliait mieux que bien des vétérans. Mais il était trop souvent isolé.
Alors pourquoi le punir lui ?
Pourquoi, en début de troisième période, avoir décidé de couper les minutes du jeune prodige au lieu de simplement briser cette combinaison désastreuse avec Laine ?
Pourquoi ne pas être revenu à ce qui fonctionnait : le trio Demidov-Newhook-Armia, qui avait été, sans contredit, l’un des plus efficaces lors du match précédent ?
La réponse est peut-être plus humaine que stratégique : Martin St-Louis a fait une erreur.
Car au fond, le travail d’un entraîneur-chef, c’est de placer ses meilleurs éléments dans les meilleures situations possibles pour qu’ils brillent et aident l’équipe à gagner.
Ce n’est pas plus compliqué que ça. Or, dans le cas de Demidov, Martin St-Louis a fait exactement le contraire. Il l’a placé avec le joueur le moins complémentaire possible – Patrik Laine.
Et pire encore, on a l’impression que St-Louis a voulu faire payer les journalistes et les partisans pour les critiques de la veille.
Comme s’il disait : « Vous vouliez voir Demidov avec Laine ? Ben regardez comment ça marche pas ! »
Le problème, c’est que ce n’est pas Demidov qui a mal joué. C’est Laine qui l’a coulé. Mais c’est Demidov qui a été puni.
C’est là qu’on sent venir l’orgueil du coach, le réflexe défensif, la peur de perdre la main sur le groupe… et cette vieille hantise de Martin St-Louis face aux prodiges qui prennent trop de place trop vite.
Il a voulu faire plaisir à Laine. Il a voulu lui redonner confiance. Il lui a offert Demidov sur un plateau d’argent. Mais la chimie n’était pas là.
Au lieu d’ajuster son plan, St-Louis a sacrifié le plus jeune, le plus explosif, le plus prometteur de ses joueurs. Et ce n’est pas passé inaperçu.
Dans le vestiaire, selon plusieurs échos, l’incompréhension était réelle. Même certains vétérans auraient été surpris du traitement réservé à Demidov.
Un jeune qui, dans un moment de pression extrême, n’a pas fui. Il a embrassé l’instant. Il a été intense, fiable, intelligent. Il ne méritait pas de disparaître du match.
Sur les réseaux sociaux, les réactions ont été immédiates :
“On bench le joueur le plus talentueux juste à cause de Laine. C’est du délire.”
“Demidov mérite mieux. Il avait la main chaude. C’est de l’auto-sabotage.”
“St-Louis a benché son avenir pour protéger son erreur.”
Et c’est exactement ça.
Car si Martin St-Louis est un entraîneur qui a amené cette équipe aux portes des séries, il reste aussi un homme d’orgueil. Un homme qui refuse parfois d’admettre qu’il s’est trompé.
Il l’a prouvé lorsqu’il a refusé de placer Demidov sur la première unité d’avantage numérique.
Il l’a prouvé quand il a ignoré les appels du public et des analystes pour donner à Demidov un rôle de premier plan, même après un match d’entrée fracassant.
Et il l’a prouvé encore une fois hier, en retirant Demidov de l’équation en troisième période, alors que chaque seconde comptait.
Cette décision a peut-être été prise dans l’émotion. Peut-être que St-Louis a paniqué. Peut-être qu’il s’est dit qu’un joueur inexpérimenté ne devait pas être sur la glace quand tout se joue. Mais ce raisonnement ne tient pas.
Car Demidov, hier, a été l’un des seuls à ne pas paniquer. Il jouait simple. Il créait. Il ne compromettait rien. Il méritait de jouer.
Et ce qui rend le tout encore plus cruel, c’est que la cause de son effacement, c’est Patrik Laine.
Laine, qui avait été méprisant envers Demidov à son arrivée. Laine, qui avait laissé entendre qu’il ne connaissait pas ce “gars de la KHL”, qu’il jouait dans une ligue où tout est plus lent.
Laine, qui n’a offert aucun effort notable depuis son retour dans l’alignement. Laine, qui mine la possession de rondelle. Laine, qui a tout simplement perdu l’amour du jeu.
Parce que St-Louis a voulu sauver son pari de le faire jouer avec le prodige russe… Demidov a payé le prix.
C’est injuste. C’est déchirant. Et c’est contre-productif.
Le pire, c’est que tout le monde le sait.
Tout le monde l’a vu. Même ceux qui n’aiment pas trop s’avancer. Même les partisans les plus modérés. Même les journalistes les plus prudents. On a tous compris ce qui s’est passé hier.
Demidov a été sacrifié pour cacher l’échec de Laine.
Ce genre de décision laisse des traces. Sur le moral du joueur. Sur la dynamique d’équipe. Sur la confiance que les jeunes peuvent avoir envers leur coach. Et sur l’opinion publique aussi.
Parce que le Québec est tombé en amour avec Ivan Demidov. Et que ce genre d’injustice, le Québec ne l’oublie pas.
Martin St-Louis devra faire attention.
Il a bâti quelque chose de beau. Il a redoré le blason du CH. Mais s’il veut que cette équipe atteigne son plein potentiel, il devra un jour apprendre à reconnaître que les statuts passés ne valent rien face au talent brut.
Et il devra, surtout, cesser de punir le talent pour protéger l’orgueil.
Car hier, c’est ce qui s’est passé.
Et c’était impardonnable.