Marc Bergevin à New York: le pire cauchemar pour Patrick Roy

Marc Bergevin à New York: le pire cauchemar pour Patrick Roy

Par David Garel le 2025-04-23

Ce qui devait être une victoire douce-amère pour Patrick Roy est en train de se transformer en cauchemar à ciel ouvert.

Le congédiement de Lou Lamoriello, annoncé en grande pompe comme un vent de renouveau pour les Islanders de New York, plonge désormais Roy dans une tempête existentielle : son poste est en jeu, son rêve de devenir directeur général s'effondre... et un vieux fantôme refait surface : Marc Bergevin.

Oui, Marc Bergevin. L’ancien DG du Canadien de Montréal. L’homme qui, à trois reprises, a écarté Patrick Roy des plans du Tricolore.

L’homme qui a préféré Michel Therrien, Claude Julien, puis Dominique Ducharme. Trois fois, Roy a été ignoré, humilié, laissé dans l’ombre alors qu’il rêvait d’un retour triomphal dans la LNH chez lui, à la maison, alors qu'il est un dieu dans le coeur des Québécois.

Et voilà que le nom de Bergevin circule désormais comme l’un des deux principaux candidats pour prendre la tête des opérations hockey à Long Island, avec Ken Holland.

Pour Roy, c’est un cauchemar en accéléré. Un retour douloureux dans un passé qu’il aurait préféré oublier.

Depuis janvier, Patrick Roy dirige les Islanders dans une ambiance tendue, alourdie par les frictions constantes avec Lou Lamoriello.

Les deux hommes n’étaient pas compatibles. Lamoriello, homme de contrôle absolu, ne supportait pas la vision plus moderne et plus offensive de Roy.

Les désaccords étaient fréquents : sur le style de jeu, sur les choix tactiques, sur la gestion des unités spéciales.

Et pourtant, c’est Lamoriello qui a été congédié. Une surprise. Une victoire symbolique pour Roy? Pas si vite. Car le président des opérations, John Collins, a immédiatement calmé les ardeurs : le nouveau directeur général sera libre de décider du sort de Patrick Roy.

Il rencontrera Roy, ainsi que tout le personnel des opérations hockey, et fera ensuite ses choix.

Et c’est là que le nom de Marc Bergevin change tout.

Bergevin et Roy, c’est une histoire d’orgueil, de non-dits et de blessures profondes. Quand Roy s’est présenté pour le poste de coach du Canadien en 2012, c’est Bergevin qui l'a rejeté au profit de Michel Therrien. Le Québec en entier était en furie.

Roy croyait être l’élu. Il a été écarté sans même une réelle chance.  Michel Therrien a été congédié, Roy a tendu la main encore une fois.

Bergevin a préféré Claude Julien. Puis ce fut le tour de Dominique Ducharme. Roy, encore une fois, ignoré. Trois gifles publiques. Trois rejets. Trois rancunes qui ne se sont jamais effacées.

Imaginez maintenant ce scénario : Bergevin devient DG des Islanders. Et la première décision qu’il doit prendre, c’est de trancher sur l’avenir de Patrick Roy.

Peut-on sérieusement croire que Bergevin lui offrira une seconde chance, après toutes ces années à le tenir à l’écart?

Bergevin a toujours vu Patrick comme un risque, une bombe à retardement, un élément ingérable.

Peut-on croire que Roy, lui, voudra travailler pour un homme qui l’a toujours considéré comme un ennemi?

La vérité, c’est que si Marc Bergevin devient DG, Patrick Roy sera congédié. Peut-être pas immédiatement. Peut-être sous prétexte d’un nouveau cycle. Mais les deux hommes ne peuvent cohabiter. Leur passif est trop lourd. Leur vision du hockey, trop éloignée. Leur orgueil, trop grand.

Et pour Roy, c’est une tragédie.

Car Roy ne veut pas simplement coacher. Il veut bâtir. Il veut diriger. Il veut enfin être celui qui prend les décisions.

Ce rêve-là, il l’a porté pendant des années. Il en a parlé à Jeff Gorton lors de sa candidature au poste de DG du Canadien. Il l’a confié à ses proches. Il l’a même sous-entendu dans ses déclarations publiques. Roy veut façonner une équipe à son image. Pas être le pantin d’un autre.

L’annonce du départ de Lamoriello aurait pu être le début de ce rêve. Mais elle est vite devenue le signal d’alarme d’un cauchemar. Car au lieu d’une promotion, Roy est désormais « en évaluation ». Son poste est incertain. Son avenir est entre les mains d’un successeur encore inconnu.

Et plus les jours passent, plus les rumeurs pointent vers Marc Bergevin. Il est respecté dans la ligue. Il a de l’expérience. Il est libre. Et il est soutenu par plusieurs propriétaires.

Scott Malkin, le grand patron des Islanders, veut de la rigueur. Bergevin offre cela. Il est un gestionnaire rigide, structuré, défensif — tout ce que Roy n’est pas.

Le contraste est frappant. Et potentiellement fatal.

Ajoutons à cela que Roy est épuisé. Physiquement, émotionnellement. Son visage rougi, ses traits tirés, ses réponses évasives.

Tous les signes d’un homme au bout du rouleau. Depuis janvier, il vit une pression énorme. Il a tenté de relancer une équipe vieillissante, de jongler avec les blessures, de supporter la rigidité de Lamoriello. Maintenant, il doit faire face à l’incertitude. Et à l’ombre menaçante de Marc Bergevin.

Le métier d’entraîneur est déjà brutal et sans pitié. Mais devoir se battre pour conserver son poste, en sachant que celui qui pourrait décider de ton sort est un ancien bourreau professionnel, relève de la torture psychologique.

Roy a tenté d’implanter sa vision. Il a voulu donner du souffle à une équipe engluée dans une trappe défensive héritée de l’époque des Devils.

Mais le vestiaire ne l’a pas toujours suivi. Les unités spéciales ont été catastrophiques. Et malgré un camp d’entraînement prometteur, la saison s’est terminée dans le néant. Une fiche de .500, une exclusion des séries, et une confiance qui s’effondre.

Dans ce contexte, un nouveau DG cherchera à faire table rase. C’est presque une évidence. Et si ce DG est Marc Bergevin, la fin de Roy à Long Island est écrite d’avance.

Roy, lui, devra alors se poser de sérieuses questions. Reprendre une équipe ailleurs? Attendre un poste de DG dans un autre marché? Prendre du recul? Rien n’est clair. Tout est fragile.

Ce qui devait être une renaissance pour Patrick Roy est en train de devenir son chant du cygne. La trahison ultime. La revanche froide de Marc Bergevin. Et la conclusion amère d’un homme qui croyait encore, jusqu’à hier, que son heure était venue.

Elle ne l’est peut-être jamais.

Et ça, pour un compétiteur comme Roy, c’est pire que la défaite.