Marc Bergevin au cœur d’une guerre froide entre Bell Media et Québecor

Marc Bergevin au cœur d’une guerre froide entre Bell Media et Québecor

Par André Soueidan le 2024-12-02

L’entrevue de Marc Bergevin avec Pierre LeBrun dans The Athletic continue de faire jaser.

Mais ce n’est pas uniquement le contenu de l’entretien qui fait parler, c’est aussi le traitement qu’il a reçu de la part des médias québécois.

Quelques jours après cette exclusivité, Renaud Lavoie, de TVA Sports, a publié un article qui semble vouloir repositionner la narrative, en mettant l’accent sur le choix stratégique de Bergevin de s’exprimer à un média anglophone affilié à Bell.

Lavoie n’y va pas par quatre chemins :

“Mettons les choses au clair, Marc Bergevin avait parfaitement le droit de donner une entrevue à un média anglophone, via Pierre LeBrun, afin d’analyser son séjour avec les Canadiens de Montréal. Il ne l’a pas fait pour vous et moi, ni pour les lecteurs de The Athletic. La seule et unique raison pour laquelle il a donné cette entrevue, c’était pour s’assurer que tous les propriétaires de la LNH connaissent sa version des faits de son séjour avec les Canadiens.”

Ces propos sont révélateurs. Plutôt que de simplement analyser les déclarations de Bergevin, Lavoie insiste sur le fait que cette entrevue avait une portée stratégique, visant un auditoire précis : les propriétaires des équipes de la LNH.

En soulignant cet aspect, il détourne le débat des enjeux soulevés par Bergevin pour recentrer l’attention sur le choix du média.

Ce commentaire de Renaud Lavoie illustre parfaitement la guerre froide médiatique qui existe depuis des années entre Bell et Québecor.

Bell, via RDS et TSN, mise sur une couverture nationale et analytique, tandis que TVA Sports privilégie une approche plus locale et émotionnelle.

En rappelant que l’entrevue a été accordée à un concurrent, Lavoie semble chercher à repositionner Québecor dans une conversation où ils ont été exclus.

Marc Bergevin, lui, n’a probablement rien laissé au hasard.

Choisir un média anglophone et une figure comme Pierre LeBrun lui permettait de s’adresser directement aux décideurs de la LNH, sans se perdre dans les débats souvent passionnés du Québec.

Ce choix, calculé, visait à rétablir sa crédibilité après un mandat qui a laissé des traces, notamment avec des dossiers controversés comme Logan Mailloux et Jesperi Kotkaniemi.

Mais en insistant sur cette stratégie, l’article de Renaud Lavoie risque de détourner l’attention des véritables enjeux soulevés dans l’entrevue.

Les amateurs de hockey québécois n’ont pas besoin d’être pris dans une lutte d’influence entre deux réseaux médiatiques.

Ils méritent des analyses objectives, qui vont au-delà des rivalités corporatives.

L’entrevue de Bergevin aurait pu être une occasion d’entamer une réflexion plus large sur son passage avec les Canadiens, sur ses succès et ses erreurs, ainsi que sur son avenir.

Mais en devenant le terrain d’une compétition médiatique, elle perd de sa substance.

Au final, l’échange entre LeBrun et Bergevin a montré un homme cherchant à se repositionner dans la LNH.

Mais l’écho de cette entrevue, amplifié par les tensions entre Bell et Québecor, risque de brouiller le message.

Les amateurs, eux, restent les spectateurs involontaires d’un combat qui, au fond, n’a rien à voir avec le hockey.

Misère ...