Mario Tremblay, l'ancien joueur et entraîneur des Canadiens de Montréal, a tout simplement été cinglant lors de l'inauguration d'une murale en l'honneur de son ancien coéquipier Jacques Lemaire.
En effet, Tremblay a exprimé une vive colère envers Geoff Molson, propriétaire du club, pour ce qu'il considère être une injustice flagrante : l'absence du chandail numéro 25 de Lemaire parmi les légendes accrochées au plafond du Centre Bell.
« Je trouve ça impardonnable que le chandail de Jacques Lemaire ne soit pas au plafond du Centre Bell. J’espère que M. Molson va écouter ce que je viens de dire », a déclaré Tremblay au Journal de Montréal, visiblement frustré par ce qu'il perçoit comme un manque de reconnaissance pour l'un des piliers des glorieuses années du Canadien.
Avec huit Coupes Stanley à son actif, Lemaire est sans conteste une figure marquante de l'histoire du club, et selon Tremblay, son absence parmi les immortels du Centre Bell est une omission inexplicable.
Cependant, la situation est loin d'être simple. Le débat sur le retrait du chandail de Jacques Lemaire se heurte à une autre discussion enflammée : celle du retrait du chandail de Carey Price, le gardien étoile qui a marqué l'histoire moderne des Canadiens.
Pour plusieurs, Price mérite également cet honneur, malgré l'absence d'une Coupe Stanley à son palmarès.
Cette division entre l'ancienne et la nouvelle génération divise les fans du Canadien. D'un côté, les partisans de Lemaire rappellent les années de gloire du club, où remporter la Coupe Stanley semblait être une formalité annuelle.
Pour eux, Lemaire incarne une époque de domination sans partage de la LNH, et son numéro 25 devrait être retiré en premier lieu.
De l'autre côté, les partisans de Carey Price estiment qu'il est temps de reconnaître les héros modernes.
Pour eux, le numéro 31 de Price mérite de flotter aux côtés des légendes du club, et ce, malgré les critiques récurrentes sur son manque de succès en séries éliminatoires.
Mais ce débat va au-delà des simples statistiques. Jacques Lemaire traîne avec lui un bagage lourd : son rôle controversé dans la carrière de Guy Lafleur, une légende du Canadien.
Plusieurs fans n'ont toujours pas pardonné à Lemaire son traitement jugé injuste envers Lafleur, qui aurait précipité la retraite anticipée de ce dernier en 1985.
Ce passé trouble complique encore davantage la question du retrait de son numéro, certains craignant que cela envoie un mauvais message sur les valeurs du club.
Mario Tremblay, en défenseur ardent de Lemaire, se retrouve ainsi au cœur d'un débat complexe et passionné. Sa sortie contre Geoff Molson pourrait bien rallumer les flammes d'une discussion qui divise profondément les amateurs de hockey montréalais.
Pour Tremblay, il ne s'agit pas simplement de rendre hommage à un ancien coéquipier, mais de réparer ce qu'il considère comme une injustice historique.
Seul le temps dira si sa voix sera entendue par les dirigeants des Canadiens de Montréal.
Mais Tremblay doit comprendre que Lemaire sera à jamais lié à un mauvais traitement envers Guy Lafleur, l'une des plus grandes idoles que le Québec a connue.
L’histoire entre Jacques Lemaire et Guy Lafleur est marquée par des tensions qui ont laissé des cicatrices profondes, tant chez les partisans du Canadien que chez les deux hommes eux-mêmes.
Pour bien comprendre la controverse qui entoure le traitement de Lafleur par Lemaire, il faut revenir aux années 1980, lorsque Lemaire était entraîneur-chef des Canadiens de Montréal.
Après une carrière brillante où il a été l'une des étoiles les plus éblouissantes de la LNH, Guy Lafleur a vu son temps de jeu diminuer considérablement sous la direction de Jacques Lemaire.
Ce dernier, connu pour sa rigueur et son approche défensive, semblait avoir une vision du hockey qui ne correspondait pas au style flamboyant de Lafleur, joueur offensif par excellence.
Lemaire privilégiait une stratégie plus axée sur la défense, une philosophie qui contrastait fortement avec celle qui avait permis à Lafleur de briller durant la majeure partie des années 1970.
Lafleur, surnommé « Le Démon Blond » pour sa vitesse fulgurante et son flair offensif, a vu ses minutes sur la glace se réduire de manière drastique.
Ce qui était autrefois des matchs de vedette pour Lafleur se sont transformés en présences sporadiques. Lafleur n'avait plus qu'un rôle secondaire, pour ne pas dire inexistant.
Les tensions étaient évidentes, et il était évident que Lemaire et Lafleur ne partageaient pas la même vision du hockey.
La situation a atteint son paroxysme lors de la saison 1984-1985, où Lafleur, frustré par son rôle réduit et le manque de communication avec l'entraîneur, a pris la décision choc de prendre sa retraite à l'âge de 33 ans.
Pour de nombreux fans, cette retraite prématurée a été perçue comme une conséquence directe du traitement réservé à Lafleur par Lemaire.
Ce départ a été d'autant plus douloureux qu'il marquait la fin d'une ère pour le Canadien de Montréal, celle où Lafleur était le visage de l'équipe.
Dans une entrevue accordée quelques années plus tard, Lafleur a été sans pitié avec ses mots en parlant de cette période difficile.
Il a évoqué le sentiment d'avoir été "étouffé" par Lemaire, incapable de jouer le style de hockey qui avait fait sa renommée.
Lafleur a aussi exprimé son amertume face à la manière dont il a été poussé vers la sortie, un sentiment partagé par de nombreux partisans qui voyaient en lui une légende vivante du hockey.
La décision de Lafleur de quitter le Canadien a provoqué une onde de choc dans le monde du hockey, et beaucoup ont pointé du doigt Jacques Lemaire comme étant le principal responsable de cette situation.
Pour les fans, c'était plus qu'une simple erreur de gestion : c'était une trahison envers un joueur qui avait tant donné au club.
Cette période sombre a laissé des traces infinies dans l'esprit des partisans du Canadien. Le ressentiment envers Lemaire, qui a été perçu comme froid et inflexible, est encore présent aujourd'hui.
Pour certains, cela explique pourquoi il n'a toujours pas été honoré par le retrait de son numéro 25, une reconnaissance que beaucoup estiment pourtant méritée au vu de ses exploits sur la glace, dont Mario Tremblay qui ne pardonnera jamais à Molson d'ignorer son ami.
Le départ de Lafleur n'était pas seulement une perte pour le Canadien, mais aussi pour le hockey québécois en général.
Son retour trois ans plus tard avec les Rangers de New York et les Nordiques de Québec a montré qu'il avait encore beaucoup à offrir, ce qui a renforcé le sentiment que sa carrière à Montréal avait été écourtée de manière injuste.
L’histoire entre Lemaire et Lafleur est le parfait exemple des tensions qui peuvent exister entre un joueur vedette et son entraîneur.
Elle met en lumière les défis de gérer des personnalités fortes au sein d'une équipe et les conséquences que ces décisions peuvent avoir, non seulement sur les individus concernés, mais aussi sur l'image du club.
Le débat sur le retrait du chandail de Jacques Lemaire est directement lié à cette histoire, et pour beaucoup, il est difficile de séparer l’héritage du joueur de celui de l’entraîneur.
Le souvenir de ce qui s'est passé entre Lemaire et Lafleur continue de peser sur les discussions autour de l'héritage de ces deux grandes figures du Canadien de Montréal, créant un dilemme pour ceux qui doivent décider de l’avenir des numéros légendaires du club.
En attendant, la colère de Tremblay envers Molson fait rage. Et l'indifférence de Lemaire fait jaser.
«Je n’ai aucun commentaire là-dessus. Ça n’a aucune importance pour moi.» a affirmé la vedette du jour, qui voulait voir le verre à demi-plein, et non à demi-vide.
«Des arénas nommés en l’honneur d’anciens joueurs de hockey, il y en a plusieurs. Mais combien d’arénas au Québec et au Canada ont une murale? Sûrement pas plus de quelques-unes, a lancé la vedette du jour, visiblement émue. Je suis tellement touché qu’ils aient fait ça pour moi.»
«Je ne m’attendais pas à voir mes anciens coéquipiers, ici, aujourd’hui. On dit que quand tu as joué au hockey ensemble, ça reste pour toute la vie. On dirait bien que c’est vrai, et ça me touche».
Tant et aussi longtemps que son ami Lemaire n'aura pas son chandail retiré dans les hauteurs du Centre Bell, Tremblay enverra Molson sous l'autobus.
«Jacques, c’était un visionnaire. Tout à l’heure, Pierre Mondou a dit que Jacques avait été son meilleur entraîneur après Scotty Bowman. Pierre a été recruteur pendant plusieurs saisons. Il doit connaître un peu le hockey.»
«D’ailleurs, moi aussi, il est dans mon top 2».
La colère noire de Tremblay fait trembler le Centre Bell. Geoff Molson est averti.
Une saga à suivre.