Maripier Morin sort de son silence: Mike Ward reçoit une bonne leçon

Maripier Morin sort de son silence: Mike Ward reçoit une bonne leçon

Par David Garel le 2025-06-08

Il y a des moments où la télévision ne ment pas. Il y a des instants, trop rares, où une personne tombe le masque, laisse tomber le vernis, et offre au public ce qu’il y a de plus brut : la douleur, la honte, les regrets, mais aussi l’humour noir, la tendresse inattendue et une lucidité désarmante.

C’est exactement ce qui s’est produit dans l’émission « Étienne te ramène » sur le réseau Cogeco, alors que Maripier Morin s’est présentée comme jamais auparavant. Sans filtre. Sans fausse note. Et surtout, sans riposter aux propos ignobles de MC Gilles.

Car il faut le dire. Pendant des semaines, MC Gilles s’est permis tout ce que l’humain décent s’interdit. Sur les ondes et dans les coulisses, il a vomi des commentaires sur Maripier Morin et Carey Price que peu de femmes auraient tolérés sans réplique. 

La scène est désormais tristement célèbre. Alors qu’il parlait de la « chance » de certaines personnalités d’être encore dans l’œil du public avec Mike Ward lors du baladi "Sous écoute", MC Gilles lâche, d’un ton presque blasé à propos de Maripier :

« Je pense qu’elle s’est tapée le goaler. »

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Rires gênés. La foule hésite. Mike Ward, visiblement surpris, rebondit :

« Lequel? Carey Price? »

Et MC Gilles, tentant maladroitement de se dérober :

« Non, non, j’ai jamais dit Carey Price… »

Pour ensuite confirmer en riant qu'il s'agissait bel et bien de Carey.

Mais le nom était lancé. Le malaise était énorme. L’insinuation, irréversible. Dans les secondes qui suivent, la tension grimpe, l’humour sombre vire au doute toxique. Puis vient une autre déclaration, encore plus violente, encore plus injustifiable :

« Elle va retomber dans la poudre tout à l'heure. »

C’est cette phrase-là, ce coup de poignard-là, qui transforme un moment de radio en attaque personnelle. Mariepier Morin, sobre depuis des années, mère de deux enfants, encore en reconstruction, vient d’être ramenée à ses pires démons en une seule phrase.

Mais on ne peut pas passer sous silence le rôle de Mike Ward dans ce fiasco. Après tout, Sous Écoute, c’est son balado. Son studio. Son public. Son micro.

Et sa responsabilité. Si MC Gilles a lancé les insinuations, c’est Mike Ward qui les a accueillies, nourries, et diffusées, sans jamais appuyer sur « pause ». Pire : il en a rajouté. Lorsque MC Gilles, visiblement nerveux, laissait entendre qu’un joueur du Canadien était impliqué dans la vie intime de Maripier Morin, c’est Mike Ward lui-même qui a mis le feu aux poudres :

« C’est-tu Carey? C’est Carey. »

Puis, en riant, sans retenue, sans filtre :

« Est-ce que lui est le père du nouveau fils à Maripier? »

Ce n’est plus de l’humour. C’est une atteinte publique à la dignité d’une femme et à l’intimité de deux enfants. Ward a peut-être voulu faire un gag. Mais ce gag-là, il a un nom, un visage, une famille.

Et ce qui choque encore plus, c’est que Mike Ward sait ce que c’est que de subir la diffamation, les insinuations, les procès médiatiques. Il en a fait sa marque de commerce. Il a bâti son image sur la liberté d’expression, contre vents et marées, jusqu’à la Cour suprême. Et pourtant, il n’a pas su tracer la ligne. Il n’a pas su dire : « Là, c’est trop. »

Ce qui est d’autant plus troublant, c’est que Mike Ward a déjà censuré des portions de ses propres épisodes. Comme lors de celui avec Guillaume Latendresse et Maxim Lapierre, où Ward, mal à l’aise d’avoir été ridiculisé, aurait fait couper des segments de Sous Écoute.

Parce que lui paraissait mal. Mais quand vient le temps de protéger une femme, deux enfants, et une réputation déjà fracassée ? Silence radio. La scène la plus honteuse de son balado est restée en ligne. Comme si rien ne s’était passé.

Et pourtant, dans « Étienne te ramène », elle n’a pas riposté. Pas une seule fois elle n’a évoqué MC Gilles. Pas une seule fois elle n’a répondu à la saleté. Elle a choisi l’humanité, la tendresse et l’autodérision.

« J’ai arrêté de boire, j’ai arrêté de faire de la poudre, ça fait quatre ans maintenant… »

« Mon bébé est intolérant aux protéines bovines. J’ai plus aucun bonheur. »

« Je pense que j’ai toujours été plate, mais ça me causait de l’anxiété d’être plate. Fait que je faisais de la poudre pour ne pas être plate. »

Ce n’est pas une justification. C’est un aveu. Une plongée dans le vide intérieur d’une femme qui s’est perdue dans le miroir de la célébrité, et qui tente aujourd’hui de se reconstruire entre deux biberons, une couche, et un amour sincère pour ses enfants.

Mais le plus marquant, c’est ce qu’elle n’a pas dit. À aucun moment elle ne mentionne MC Gilles. Aucun mot sur ses insultes. Aucun regard en arrière. Juste un silence. Et dans ce silence, un message plus fort que toutes les répliques : « Je ne m’abaisserai pas à votre niveau. »

Et c’est là qu’on découvre la tristesse et l'émotion de la trajectoire de Maripier Morin : plus elle s’efface du feu des projecteurs, plus sa voix devient puissante.

« Je suis à la maison. Je fais à manger. J’écoute Top Chef. Je plie du linge. J’aime ça. »

Morin refuse de rejouer le rôle qu’on lui avait imposé, dont MC Gilles s'est moqué avec Mike Ward. Celui de la fille trop sexy, trop "sale", trop controversée.

Elle choisit l’ombre douce de la maternité, les vêtements tachés de compote, les nuits sans sommeil.

« Il y a des matins où je me lève pis je me dis : j’ai aucune idée comment je vais survivre à cette journée-là. Pis je la survis pareil. » 

Elle peut bien survivre aux propos horribles de MC Gilles et du rire baveux de Mike Ward.

Et pourtant, elle ne se cache pas. Elle parle sans détour de son passé, de ses dérives, de sa honte.

« Je pense que j’ai été une mauvaise personne. J’ai blessé des gens. J’ai abusé de privilèges. »

Elle admet avoir longtemps cru que le glamour et l’ivresse étaient synonymes de bonheur, avant de comprendre que derrière les projecteurs se cachaient un vide béant.

« Je voulais que tout le monde m’aime, tout le temps. Pis c’est impossible. »

La confession est livrée dans un ton doux-amer, ponctuée de blagues salées, de souvenirs de soirées poudrées transformées en anecdotes absurdes, et d’un sens du timing comique étonnant.

Mais au fond de tout ça, il y a une douleur bien réelle. Celle d’une femme qui a flirté avec les ténèbres et qui, aujourd’hui, tente de vivre une vie à « 7 sur 10 » de bonheur. Pas plus. Parce que plus que ça, « c’est épuisant ».

« J’ai toujours été un vase fendu. Peu importe les succès, les soirées, le glam, ça ne restait pas. »

« J’ai eu des varices vulvaires. Ma vulve a voulu sortir par mon trou de c... »

Oui, c’est cru. Oui, c’est déroutant. Mais c’est réel. Et surtout, c’est infiniment plus profond que n’importe quelle insulte lancée par un chroniqueur à l’humour fatigué.

Car pendant que MC Gilles enchaîne les commentaires désobligeants, Mariepier Morin, elle, choisit la voie du récit, de l’introspection, et de la rédemption.

Elle parle de son couple avec Jean-Philippe Perras avec tendresse. Elle parle de ses erreurs avec franchise. Elle évoque même, à demi-mot, ses anciennes fréquentations et les nuits perdues avec Brandon Prust, son ex-joueur de la LNH.

Mais elle ne transforme rien en règlements de comptes.

« J’avais toujours cette idée-là de dire que ça prend de l’alcool pour que ce soit festif. Aujourd’hui, je te confirme que je suis à jeun… pis plate. »

Et si c’était ça, le message ? Que le vrai courage ne réside pas dans les paroles incendiaires ou les éditoriaux rageurs, mais dans la capacité de dire, en direct : « Je suis une mère, j’ai été une junkie, j’ai menti, j’ai survécu. »

Le contraste avec MC Gilles est saisissant. Elle offre une leçon d’humilité et de vulnérabilité. Alors que MC Gilles vise bas pour faire rire, elle vise haut pour survivre. 

Et pendant ce temps, personne n’a rappelé Maripier Morin pour s’excuser. Pas même Mike Ward. Personne n’a osé dénoncer les propos de MC Gilles. 

Mais en refusant d’attaquer, Maripier Morin a fait bien plus que se défendre. Elle a vaincu.

Et c’est là qu’on comprend.

L’émission « Étienne te ramène » n’était pas un simple moment de télé. C’était un acte de réappropriation. Une revanche douce, mais cinglante. Un grand doigt d’honneur invisible à tous ceux qui l’ont enterrée vivante dans les médias.

Et aujourd’hui, Maripier Morin ne veut plus plaire. Elle ne veut plus choquer. Elle veut juste respirer. Être mère. Être plate Et, surtout, ne plus être définie par les autres.

La poudre est loin. MC Gilles est loin derrière.

Mais la dignité, elle, est plus présente que jamais.