Martin St-Louis à deux doigts de réécrire l’histoire de la LNH

Martin St-Louis à deux doigts de réécrire l’histoire de la LNH

Par André Soueidan le 2025-01-18

Martin St-Louis, l’entraîneur qu’on a d’abord qualifié de Peewee, puis de visionnaire, est aujourd’hui à un cheveu d’inscrire son nom dans les livres d’histoire de la LNH.

Et pas de n’importe quelle façon : en menant une équipe jeune, inexpérimentée, mais débordante de potentiel aux séries éliminatoires.

Ce serait un exploit monumental, digne d’un Jack Adams. Mais pour arriver à ce point, il a fallu que St-Louis navigue à travers une tempête de critiques, de doutes, et surtout, une reconstruction qui semblait vouée à l’échec.

Revenons quelques mois en arrière, quand Montréal traversait une période sombre. Peewee, ces jeunes joueurs?

Bien sûr. Mais ce qui semblait les accabler davantage, c’était ce fameux système défensif hybride homme à homme que prône St-Louis.

À l’époque, plusieurs voix, tant des médias que des partisans, ne se gênaient pas pour tirer à boulets rouges sur cette approche.

Trop complexe, disaient-ils. Trop ambitieux pour une équipe si jeune. En novembre, après une série de défaites difficiles à avaler, il n’était pas rare d’entendre des murmures suggérant un changement d’entraîneur.

Oui, vous avez bien lu : certains voulaient déjà que St-Louis plie bagage.

Pourquoi? Tout ça à cause de ce système qui semble, pour le néophyte, aussi simple que de résoudre un Rubik’s Cube en un clin d’œil.

Le principe de base est le suivant : dans les zones basses, chaque joueur défend une portion précise de la glace, ce qu’on appelle la couverture de zone.

Mais en zone haute, chaque joueur doit suivre un adversaire désigné, ce qui demande une concentration et une coordination incroyables.

Le problème? Le moment où les joueurs doivent passer de l’un à l’autre, la fameuse transition entre le men-to-men et le système hybride.

Si un seul joueur rate son ajustement, c’est tout le château de cartes qui s’effondre, et vous pouvez déjà entendre les sirènes de but retentir dans votre tête.

Les critiques n’étaient pas infondées. Ce système est exigeant, et pour une équipe aussi jeune que le Canadien, il représentait un défi de taille.

On suggérait même, avec un brin de condescendance, de revenir à un système défensif purement de zone, beaucoup plus facile à maîtriser pour les joueurs débutants.

Après tout, quand vous débutez au hockey, on ne vous demande pas de jongler avec des concepts avancés; on vous dit simplement : “Reste dans ta zone, couvre ton espace, et ne te fais pas battre.”

Mais St-Louis, fidèle à sa réputation de têtu, a refusé de plier.

C’est là qu’on doit lui donner du crédit. Beaucoup d’entraîneurs, face à une telle pression, auraient ajusté leur approche pour calmer les critiques.

Mais St-Louis, lui, voyait au-delà des résultats immédiats. Il voulait bâtir une équipe qui ne se contente pas de jouer défensivement pour survivre, mais qui utilise cette structure pour exceller.

Et il avait raison : les meilleures équipes des dernières années ont adopté ce type de système.

Regardez les Panthers de la Floride lors de leur parcours jusqu’à la finale de la Coupe Stanley l’an dernier. Leur succès reposait sur une défense hybride efficace et disciplinée.

Et aujourd’hui, où en est le Canadien? Eh bien, non seulement ils se battent pour une place en séries, mais ils pourraient aussi devenir la plus jeune équipe de l’histoire de la LNH à y parvenir, avec une moyenne d’âge de 25,95 ans.

On parle ici d’une reconstruction menée à la perfection, où chaque jeune joueur, de Nick Suzuki à Cole Caufield en passant par Lane Hutson, a trouvé sa place dans un système qui semblait autrefois trop complexe pour eux.

St-Louis n’a pas seulement fait taire les critiques; il les a fait paraître ridicules.

Parce que ce qui était considéré comme un pari insensé il y a quelques mois est maintenant vu comme une vision avant-gardiste. “Je veux que mon équipe apprenne à gagner avec ce style-là,” disait-il.

Et aujourd’hui, cette obstination porte ses fruits. Si Montréal atteint les séries, ce ne sera pas seulement un accomplissement pour les joueurs, mais une validation du plan de St-Louis.

Mais revenons à l’histoire que cette équipe pourrait écrire.

Depuis la création de la LNH, la plus jeune équipe à avoir accédé aux séries éliminatoires était l’édition 2012-2013 des Maple Leafs de Toronto, avec une moyenne d’âge de 26,0 ans.

Les Penguins de 2006-2007, avec Sidney Crosby à la barre, partageaient ce record.

Mais Montréal, avec ses 25,95 ans, pulvériserait ce standard. Imaginez : une équipe si jeune, menée par un entraîneur qu’on disait encore novice il y a deux ans, défiant les attentes pour entrer dans les livres d’histoire.

Et si cela arrive, St-Louis ne méritera pas seulement des applaudissements; il méritera le trophée Jack Adams.

Parce que ce n’est pas simplement une équipe jeune qui performe. C’est une équipe jeune, dans une reconstruction, avec un système défensif complexe, qui réussit à surmonter tous les obstacles pour prouver qu’elle peut rivaliser avec les meilleurs.

Il reste encore du travail à faire, bien sûr. Rien n’est garanti, surtout dans une conférence Est aussi compétitive.

Mais si cette équipe, avec toutes ses faiblesses apparentes et son inexpérience, réussit à faire les séries, ce sera un moment qu’on n’oubliera pas de sitôt.

Et ce sera grâce à Martin St-Louis, qui a refusé de reculer, même quand tout semblait jouer contre lui.

Alors, à tous ceux qui doutaient, à tous ceux qui critiquaient, rappelez-vous de ce moment.

Parce que si St-Louis et ses jeunes réussissent, ils ne marqueront pas seulement l’histoire de Montréal; ils marqueront celle de la LNH.

Et ça, mesdames et messieurs, c’est ce qu’on appelle un vrai leader.

Amen