Il n’a pas parlé. Pas une déclaration. Pas un mot. Martin St-Louis n’a rien publié, rien commenté, rien soufflé au sujet du vote qui a fait de Spencer Carbery l’entraîneur-chef de l’année dans la LNH.
Mais dans son mutisme se cache une vérité qui blesse autant qu’elle inspire : il s’en fout. Il s’en fout vraiment.
Parce que ce n’est pas dans les trophées que Martin St-Louis trouve sa reconnaissance. C’est dans le regard de ses joueurs, dans l’évolution d’un Juraj Slafkovsky qui a fermé bien des clapets en séries éliminatoires.
C’est dans la solidité qu’il a installée dans son vestiaire, malgré les tempêtes, malgré les rumeurs, malgré les blessures.
Slafkovsky, ce Slovaque moqué par tous les pseudo-experts lors de sa sélection, est devenu cette saison un joueur clutch.
Un joueur de série. Un power forward qui simplifie son jeu, qui utilise son corps, qui joue avec une intensité mature.
Ce n’est pas un trophée qui transforme un joueur, c’est un coach.
Et c’est là que Martin St-Louis rayonne. C’est là que l’héritage se construit.
On veut parler de Nick Suzuki? On veut parler d’un capitaine de 25 ans qui n’a jamais levé la voix pour son propre ego, mais toujours pour protéger ses coéquipiers.
C’est Martin St-Louis qui lui a montré comment être un leader discret mais incontournable. Il a appris à tenir le fort sans jamais hausser le ton. Parce qu’on ne dirige pas avec les décibels. On dirige avec l’exemple.
Et que dire de Lane Hutson? Ce défenseur que plusieurs jugeaient trop petit, trop fragile pour survivre dans le circuit Bettman.
St-Louis l’a encadré, responsabilisé, placé dans des situations difficiles. Il l’a regardé fracasser des records, puis le sourire en coin, il a simplement dit : « il est encore jeune, il va être encore meilleur. »
C’est ça, le style St-Louis. Pas de pancarte, pas de trompette. Juste des résultats.
Même chose avec Kaiden Guhle, qui continue d’évoluer comme un roc défensif malgré les blessures et les responsabilités accrues.
St-Louis l’a protégé sans jamais le surprotéger. Il a gardé la même brigade défensive presque toute la saison, refusant les panique moves.
Il a misé sur la cohérence, sur la répétition, sur la confiance. Et ça a porté ses fruits.
Cette constance, cette fidélité à ses principes, c’est là qu’elle vaut son pesant d’or.
Et s’il fallait une preuve que Martin St-Louis s’en fout pas mal des trophées, regardez son banc. Regardez la façon dont il traite ses jeunes. Il ne les brûle pas. Il ne les utilise pas comme des pions. Il les élève.
Pendant que certains médias se concentrent sur qui a remporté quoi, Martin, lui, s’affaire à bâtir une culture.
Une vraie. Pas un slogan de marketing cheap. Une culture où tu peux rater un jeu, mais pas ton effort. Une culture où le respect passe avant le show. Une culture qui, tranquillement, change le visage de cette équipe.
Et ce trophée, il est où maintenant? Il est sur une tablette? Dans un bureau?
Peu importe. Il ne dira jamais ce que Slafkovsky ressent maintenant en marchant dans le vestiaire. Il ne dira jamais l’assurance nouvelle dans les yeux d’Hutson.
Il ne dira jamais la confiance que Guhle a gagnée. Ces choses-là ne se quantifient pas.
Et c’est pour ça que Martin St-Louis ne s’est pas levé pour protester. Il a compris depuis longtemps que le plus beau trophée, c’est celui que personne ne voit.
Celui qui vit dans l’évolution des hommes sous sa garde.
Spencer Carbery a remporté le trophée. Bravo à lui.
C’est d’ailleurs ce moment discret, filmé par les caméras et désormais partagé sur YouTube, qui a fait le tour du web.
Une simple annonce, sobre, pas de cérémonie pompeuse. Voici l’intégration de cette vidéo :
Mais pendant que certains se félicitent, à Montréal, on garde la tête baissée et les mains dans la glaise.
Parce que c’est là que Martin est à son meilleur. Pas sous les projecteurs. Pas devant les micros. Mais dans le feu, avec les gars, à sculpter une équipe qui va finir par exploser au bon moment.
Et quand ça va arriver… personne ne se souviendra de qui a gagné le Jack Adams en 2025.
AMEN