Le Canadien de Montréal n’a pas été battu. Il a perdu. Et ce n’est pas pareil. Ce n’est pas une défaite humiliante, ni une leçon de hockey.
C’est une défaite qu’on peut qualifier de frustrante… mais surtout mal digérée.
Depuis ce revers de 6 à 5 contre les Oilers, l’équipe de Martin St-Louis se livre à un concours de lamentations publiques.
Slafkovsky, Anderson, Caulfield… tous ont pointé les arbitres du doigt.
Même St-Louis y est allé de sa pique passive-agressive en disant qu’il espère que « la Ligue fasse de la vidéo comme eux le font après une mauvaise performance ».
Mais ce n’est pas que personne ne les croit. C’est pire que ça : tout le monde leur dit que ce n’est pas comme ça que ça marche.
Tu te fais refiler une mauvaise punition? Tu rentres chez toi, tu travailles ton désavantage numérique, puis tu reviens plus fort.
Tu ne te plains pas dans les médias comme un groupe de petits rois vexés.
Et c’est là que le reste de la LNH a décroché.
Josh Anderson et Juraj Slavkovsky auraient été victimes d’appels douteux, menant directement à des buts des Oilers en avantage numérique. Martin St-Louis a subtilement lancé un message en conférence de presse :
« Quand on joue mal, on retourne à la vidéo pour s’améliorer. J’espère que la Ligue fait pareil. »
Sous-entendu ? Les arbitres ont coûté le match.
Problème ? Tout le monde a vu autre chose.
Ce matin, sur les réseaux sociaux, les partisans d’un peu partout dans la LNH rient du CH. Rient de Montréal. Rient de Cole Caulfield. Rient de Martin St-Louis.
Et surtout, rient d’un groupe qui se croit déjà arrivé.
« La ville de Montréal pleure encore sa défaite contre les Oilers ! », s’est esclaffé Ryan Whitney, ex-joueur des Oilers et animateur du balado Spittin’ Chiclets.
« Dans l’histoire de la LNH, personne n’a reçu autant d’appels que le Canadien, et ces partisans n’arrivent pas à croire que les Oilers en aient eu quelques-uns en leur faveur. Travaillez votre désavantage numérique ! »
Et ce n’est pas comme si Whitney avait été anti-CH dès le départ. Au contraire. Pendant le match, il avait tweeté, découragé par la défensive des Oilers :
« Encore une couverture défensive horrible des Oilers. Je vais me coucher. Montréal est notre roi ce soir. »
Mais voilà : il s’est réveillé, il a vu le score final, il a vu les commentaires des joueurs du CH, et il a vu rouge.
Et comme lui, des milliers de partisans ailleurs dans la ligue trouvent que le CH vient de se tirer dans le pied.
Depuis le début de la saison, le CH suscite la curiosité, voire l’admiration.
Équipe jeune, combative, dirigée par un coach inspirant.
On parlait même d’eux comme d’une belle histoire de la LNH : des joueurs qui prennent moins d’argent pour bâtir quelque chose de durable, un vestiaire sain, une vision claire.
Mais en un seul match, ce capital de sympathie s’est évaporé.
À tort ou à raison, ce que les gens voient maintenant, ce sont des bébés gâtés qui blâment les arbitres au lieu de blâmer leur désavantage numérique. Et ça, ça énerve.
Surtout que… ils ont raison sur un point.
Oui, l’arbitrage a été faible. Oui, certaines décisions ont été douteuses.
Mais tu contrôles ce que tu contrôles. Et si ton équipe est incapable de tuer une punition, tu fermes ta gueule, tu rentres au vestiaire, tu regardes la vidéo, et tu travailles.
Et si tout cela est arrivé, c’est aussi parce que le ton a été donné au sommet. Martin St-Louis est adoré, charismatique, respecté.
Il incarne l’âme de cette équipe. Mais dans des moments comme ceux-là, c’est à lui de tracer une ligne claire.
Si Cole Caulfield se permet de sortir devant les caméras pour blâmer à demi-mot l’arbitrage, c’est parce qu’il a senti que l’atmosphère du vestiaire le permettait.
Que le coach ne désapprouverait pas. Et ça, c’est dangereux. Parce que les jeunes suivent le leader. Ils épousent son attitude.
Si Martin St-Louis se concentre sur les erreurs d’arbitrage, ses joueurs vont faire pareil.
Mais s’il se lève, regarde tout le monde dans les yeux et dit : « On a perdu à cause de notre PK. That’s it. », alors là, l’organisation envoie un tout autre message. Un message de responsabilité, de maturité, de focus.
Ce n’est pas à Ryan Whitney de dicter le narratif autour du CH.
C’est à Martin St-Louis de reprendre le contrôle de l’histoire, et d’élever son groupe vers la prochaine étape. Celle où tu la fermes… et tu gagnes.
Le CH est encore jeune. Il va perdre des matchs. Il va en gagner d’autres.
Mais ce qu’on a vu hier, ce n’est pas le reflet d’une équipe qui apprend. C’est le reflet d’une équipe qui pense qu’elle mérite déjà des passes-droit.
Et si Martin St-Louis ne rectifie pas ça rapidement, cette saison pourrait glisser… et tout ce qu’on retiendra, c’est la crise d’immaturité.
Ouch...
