Martin St-Louis change le ton : un message choc à ses joueurs

Martin St-Louis change le ton : un message choc à ses joueurs

Par André Soueidan le 2025-03-08

Martin St-Louis savait que cette conférence de presse allait être corsée. Il savait que les journalistes allaient foncer sur lui, le tester, analyser chaque mot, chaque soupir, chaque expression faciale.

Il savait qu’après une date limite des transactions qui a laissé tout le monde sur son appétit, il devrait répondre à la grande question : Pourquoi le Canadien n’a-t-il rien fait?

Parce que oui, le CH n’a ni vendu ni acheté. Double perdant? C’est ce que plusieurs pensent. Mais Martin St-Louis, lui, continue d’avancer, convaincu que son vestiaire est plus fort ainsi.

Et c’est là que la scène devient fascinante. St-Louis défend ses joueurs bec et ongles. Il répète que c’est une équipe en progression et qu’il fallait envoyer un message clair aux gars qui ont su s’accrocher et ramener l’équipe dans la course aux séries.

Cinq victoires de suite, un capitaine en feu, un vestiaire uni : il n’était pas question de sacrifier ça pour une poignée de choix au repêchage.

« J’avais promis aux gars que s’ils nous montraient qu’ils pouvaient rivaliser, on n’allait pas tout casser à la date limite. Ils ont relevé le défi. »

La mauvaise foi journalistique était au rendez-vous. 

Pourquoi ne pas avoir bougé pour un deuxième centre?

Pourquoi Nick Suzuki doit-il encore tout porter sur ses épaules? 

Pourquoi David Savard et Joel Armia sont-ils encore là?

Pourquoi Christian Dvorak n’a pas été échangé pour un sac de rondelles?

Les réponses de St-Louis étaient ciselées, parfois cinglantes.

« Vous pensez qu’on allait aller chercher un centre élite avec de la monnaie de Monopoly? Ce n’est pas comme ça que ça marche. »

Les journalistes ont tenté de l’amener sur le sujet Owen Beck, plongé dans un rôle ingrat. Un jeune qu’on essaye de modeler, mais qui n’est pas encore prêt à être un vrai deuxième centre dans la LNH.

Un gamin qui joue moins de dix minutes par match et qui doit avaler que Kent Hughes a jugé que Ryan Donato, Casey Mittlestadt, Brock Nelson et compagnie n’étaient pas des options viables.

« Owen, il apprend. C’est une étape importante pour lui. On ne veut pas lui mettre trop de pression trop vite. Regardez Suzuki quand il est arrivé, il a fallu du temps. »

Le non-verbal était puissant. St-Louis sait que Suzuki traîne cette équipe à bout de bras, que Kirby Dach est encore sur la touche, que Beck est loin d’être prêt à prendre le relais, et que le Canadien aurait bien eu besoin d’un deuxième centre compétent pour les séries. 

Mais il ne flanchera pas. Pas devant les caméras.

Puis, Alex Newhook a pris la parole. Lui aussi, il est dans une position délicate. Ce n’est pas un secret, il espérait une acquisition.

Il espérait que Hughes l’aide un peu, qu’on amène un centre qui pourrait équilibrer les choses. Mais non. Ce sera encore Suzuki et une loterie pour le poste de deuxième centre.

« On est une équipe qui joue avec beaucoup de cœur. On a montré qu’on peut se battre avec les meilleurs. On voulait montrer qu’on mérite cette chance. »

Les mots sont beaux, mais on sent la frustration. Newhook n’a jamais été un centre naturel, et pourtant, il sait que s’il faut combler des trous, on va lui demander de le faire.

Mais est-ce réaliste de penser qu’avec Suzuki, Beck et un Newhook improvisé, le CH peut rivaliser avec les grosses machines de l’Est?

Owen Beck, de son côté, a tenté d’être politiquement correct. Mais il n’a pas pu cacher son inconfort. Lui aussi, il sent la pression monter.

Il sait que la patience est mince, que chaque match qu’il joue avec moins de dix minutes de temps de glace est un défi pour ne pas s’effacer complètement.

On lui demande d’apprendre, d’attendre, de grandir dans un rôle défensif, mais jusqu’à quand?

« J’essaie juste de me concentrer sur mon jeu, de faire ce que je peux avec les minutes qu’on me donne. »

Traduction : « Je ne contrôle rien, je fais ce que je peux et j’espère qu’on ne va pas me larguer dans le vide. »

Et maintenant? Que doit-on penser de ce Canadien? Martin St-Louis a raison sur un point : cette équipe joue du gros hockey. 

Mais était-ce un mirage ou une vraie tendance? Parce que dans quelques semaines, si les résultats retombent, on va se poser la question qui fait mal : Kent Hughes a-t-il raté son coup en ne faisant rien?

La LNH n’attend personne. Et peu importe ce qu’on pense de la reconstruction, les joueurs veulent gagner maintenant.

Et s’ils n’y arrivent pas? Suzuki devra-t-il encore aller frapper à la porte de Kent Hughes pour exiger de l’aide?

On le saura bientôt. Mais une chose est certaine : St-Louis a peut-être gagné son vestiaire, mais Hughes a pris un sacré risque.

À suivre...