Depuis deux matchs, Montréal cherche des coupables. Les deux gardiens ont été servis en premier comme de la chair à canon :
Jakub Dobeš trop jeune et trop émotif, Samuel Montembeault pas assez constant et surtout pas assez talentueux, bref, la cible parfaite. C’est le réflexe classique : blâmer les hommes masqués quand l’édifice s’écroule.
Sauf que cette fois, la critique facile ne tient pas la route. Comme l’a brillamment résumé Dany Dubé, l’un des analystes les plus respectés au Québec :
« Tu marques un but en deux matchs. Tu ne peux pas mettre ça sur le dos des gardiens. »
Et cette phrase, simple et tranchante, est en réalité une véritable leçon de coaching envoyée directement à Martin St-Louis. Dany Dubé a perdu patience avec le coach du CH.
Une leçon qui tombe au moment précis où le Canadien s’effondre dans ses détails, perd son identité et expose les lacunes tactiques que Dubé souligne depuis des semaines.
Car le problème, ce n’est pas Montembeault ou Dobeš. Le problème, c’est le jeu collectif, la structure, les décisions derrière le banc et les ajustements qui n’arrivent jamais.
Dany Dubé l’a dit avec une clarté incroyable : ce n’est pas que Matheson et Dobson jouent mal. Au contraire, ce sont les deux seuls défenseurs qui tiennent la route à cinq contre cinq. Le problème, c’est que ce duo bloque une nécessité incontournable : protéger Lane Hutson.
Dans la configuration actuelle, Hutson est laissé à lui-même, exposé, forcé de défendre des zones qu’un défenseur de 20 ans ne maîtrise pas encore, et il coule.
Struble, malgré sa volonté, n’est pas un stabilisateur de rondelle. Surtout, il n'est pas capable de posséder la rondelle. Il ne lit pas le jeu assez vite pour compenser les risques pris par Hutson. Résultat : le Canadien joue avec un trou béant en transition.
Dubé ne l’a pas dit pour être spectaculaire. Il l’a dit parce que c’est vrai.
Si Hutson joue mal, le Canadien joue mal.
C’est le cœur du système offensif. Tu ne peux pas le laisser survivre au lieu de le mettre en position de dominer.
Et donc, Dubé pointe la solution que St-Louis hésite encore à considérer :
Séparer Matheson et Dobson.
Mettre Dobson avec Hutson.
Redonner à Hutson un défenseur mobile, intelligent et capable de gérer la première relance.
Oui, ça crée un trou ailleurs. Oui, ça exige un rappel. Et Dubé va jusqu’au bout : Adam Engström doit monter, parce que lui, contrairement à Struble, sait manier une rondelle sous pression.
Kent Hughes doit l'aider... en rappelant le "stud" suédois de Laval.
Ça, c’est du coaching.
Ça, c’est s’adapter.
Et c’est exactement ce que Dubé reproche à St-Louis : être lent à ajuster, trop confiant dans des tendances qui ne fonctionnent plus.
C’est ici que la charge de Dubé devient cinglante.
Martin St-Louis a affirmé que son équipe avait perdu confiance.
Dubé dit : non.
Le Canadien joue avec trop de confiance.
Et il a raison :
Trop de passes en zone neutre
Trop de jeux compliqués
Ttrop de tentatives latérales
Trop peu de présence au filet
Trop de joueurs qui se mettent en option de passe au lieu de couper dans le corridor central
Résultat?
Contre Dallas : 0 tir à cinq contre cinq en deuxième période.
Contre LA : encore une baisse de volume alarmante.
Quand une équipe pense qu’elle peut gagner avec du talent pur, elle arrête de se battre dans les zones sales. Elle arrête de conduire au filet. Elle arrête de déranger le gardien adverse.
Et quand tu n’es pas Colorado Dallas ou un autre prétendant à la Coupe Stanley… tu ne peux pas jouer comme ça.
Dubé l’a expliqué avec la précision d’un entraîneur professionnel.
En transition, les joueurs du Canadien cherchent constamment à se libérer dans la périphérie pour recevoir une passe, au lieu d’attaquer l’axe.
Conséquence :
Aucun écran devant le gardien.
Aucun trafic.
Aucun rebond.
Aucun but « sale ».
Aucun momentum.
Tu ne peux pas gagner dans la LNH moderne quand tes tirs viennent à 80 % des cercles extérieurs.
Et Dubé n’a pas été tendre : même les pires gardiens arrêtent huit tirs sur dix quand personne n’est devant eux.
Le message à St-Louis est sans pitié :
Simplifie. Arrête de suranalyser. Reviens au hockey de base.
Le joueur dans le corridor central coupe au filet.
Toujours.
Chaque fois.
Pas juste Gallagher. Pas juste Anderson.
Tout le monde.
C’est un message clair, direct… et c’est exactement le genre de règle qu’un entraîneur établit quand il décide de reprendre le contrôle de son équipe.
Un autre point de Dubé passe presque inaperçu, mais il est essentiel.
Contre les Kings : 36 % des présences des défenseurs du CH dépassaient la minute.
Chez les Kings? 24 %.
Ça, c’est de la gestion derrière le banc.
Et c’est un domaine où Dubé a été très clair :
St-Louis doit mieux coacher.
Pas dans ses valeurs, pas dans sa vision, mais dans sa gestion réelle, pendant le match.
Une défense trop fatiguée génère des revirements.
Ces revirements deviennent des surnombres.
Ces surnombres deviennent des buts.
Et ces buts deviennent… des défaites comme celles qu’on a vues.
Quand une équipe marque 11 buts sur 48 lancers, elle pense qu’elle peut battre tout le monde sur le « skill ».
Et Martin St-Louis a laissé son équipe glisser dans ce piège.
Elle joue flashy.
Elle joue relax.
Elle joue comme si le talent suffisait.
Dubé lui rappelle la réalité :
Ce n’est pas un club élite.
C’est un club en progression.
Un club qui doit gagner avec structure, pas avec magie.
C’est une vraie leçon de coaching, livrée avec respect mais sans détour.
Et maintenant, la balle est dans le camp de Martin St-Louis.
Car le Canadien peut continuer à se bercer d’illusions…
ou il peut écouter ceux qui voient clair.
Dubé, lui, a fait son travail.
À St-Louis de faire le sien.
