Ne comptez pas sur Martin St-Louis pour se lancer dans des discours flamboyants devant les caméras.
Non, ce n’est pas son style. Il ne va pas se tenir là, sourire aux lèvres, en déclarant : “On vise les séries cette année.”
Pourquoi ? Parce qu’il sait que ce genre de déclaration devient immédiatement un fardeau, un carburant pour les médias et un casse-tête pour ses joueurs.
Non, ses véritables ambitions restent soigneusement protégées, enfermées à double tour dans le vestiaire, loin des micros et des projecteurs.
Mais derrière ce calme apparent, il y a une réalité évidente : St-Louis pousse son groupe. Il veut que ses joueurs commencent à comprendre ce que signifie gagner.
Et ce n’est pas qu’une question de talent ou de systèmes. C’est une question de constance, de discipline, et d’intelligence sur la glace.
“On s’est défendu quand c’était le temps de se défendre, et on a été capables de jouer l’autre bord de pression offensivement,” a-t-il déclaré après une performance solide contre les Panthers.
Derrière ce commentaire mesuré, on devine le message qu’il envoie à ses joueurs : vous êtes capables, mais ce n’est que le début.
Et c’est là tout l’art de St-Louis. Il sait que son groupe est jeune, encore en pleine reconstruction, mais il n’est pas du genre à accepter l’excuse du développement éternel. “Je pense que c’est quelque chose que nous avons construit,” a-t-il expliqué.
“Ça ne se fait pas la nuit, parfois il y a des pas de retour. Mais quand tu as un match comme ça, ça apporte confiance au groupe et à ce que nous faisons.”
Il est clair que St-Louis voit les signes de progrès, mais il ne veut pas que cela s’arrête là.
Dans le vestiaire, le ton est probablement plus direct. Il ne s’agit pas seulement d’apprendre, mais de commencer à transformer ces leçons en victoires concrètes.
Prenez l’exemple de Kirby Dach. Après des semaines de performances mitigées, il a enfin brillé samedi soir avec deux buts.
St-Louis ne l’a pas laissé passer inaperçu : “Récemment, il commence plus à s’assembler, et c’est le fun de dire qu’il est capable de chercher du résultat pour lui, pour aider sa confiance. C’est un pas dans la bonne direction pour lui.”
Mais soyons honnêtes, ce n’est pas juste à Dach que s’adressent ces mots. C’est un rappel à tous ses joueurs que les progrès individuels ne suffisent pas. C’est le collectif qui compte.
Et ça, St-Louis le martèle. Il l’a dit lui-même : “Chaque trio, ils ont eu un impact sur le match, que ce soit offensivement, défensivement, les deux. Et c’est ça que ça prend.”
Pas de passager dans cette équipe. Chaque joueur doit contribuer, chaque ligne doit faire sa part. Et quand cela se produit, St-Louis voit les résultats : “Je trouve que cette ligne-là s’améliore beaucoup à force égale, et c’est ça qu’on a besoin. Ça te rend plus profond à 5 contre 5, et tu peux venir en vague plus souvent.”
L’un des points les plus révélateurs de St-Louis, c’est son insistance sur le contrôle. Il l’a répété après la victoire contre les Panthers : “C’est l’idée d’être en contrôle, parce qu’en avant de lui [Dobes], on était en contrôle. Quand tu as une performance comme ça devant ton gardien, ton gardien va être à l’aise.”
Tout commence là : ne pas céder au chaos, dicter le rythme, et forcer l’adversaire à jouer sur vos termes. Et ça, c’est une leçon que St-Louis veut voir gravée dans la tête de ses joueurs.
Parce que maîtriser le jeu, c’est la première étape pour apprendre à gagner.
Il l’a également souligné en parlant des duos défensifs : “En général, tous nos défenseurs ont fait une job excellente. C’est une équipe qui donne beaucoup de rondelles, de hard rim, il faut aller chercher des pocs sous pression. Les gars étaient calculés, étaient organisés, ils savaient comment on essayait de battre cette pression-là.”
Ce genre de discipline, cette organisation, c’est exactement ce qui transforme une équipe en un adversaire redoutable.
Mais ce plan, ces ambitions, ils restent enfermés dans le vestiaire. Pas question de les partager avec les médias ou les autres équipes.
Pourquoi annoncer haut et fort que le Canadien vise à rattraper les Sénateurs ou à dépasser les Rangers et Islanders dans la course aux séries ?
St-Louis sait que ce genre de déclaration ne fait que compliquer les choses. Alors il garde tout ça pour lui, entre ces murs, là où le vrai travail se fait.
Et ne vous méprenez pas, ce travail est déjà en cours. St-Louis voit des signes encourageants, mais il ne veut pas que son groupe se repose sur ses lauriers.
Comme il l’a dit après le match : “Tu dois tourner la page. Tu dois apprécier ça, mais tu dois tourner la page.”
Chaque match est une nouvelle opportunité, et chaque opportunité doit être saisie.
Alors, si le Canadien commence à grimper dans le classement, ne soyez pas surpris. Et si St-Louis refuse toujours de parler de séries devant les caméras, ne soyez pas surpris non plus.
Parce que ses ambitions, ses vrais objectifs, sont gardés entre lui et ses joueurs.
Et c’est là, dans ce silence stratégique, que cette équipe pourrait bien commencer à écrire le prochain chapitre de son histoire.
À suivre