Ce n’est pas le genre d’entrevue qui fait les manchettes de manière enflammée. Ce n’est pas un scoop. Ce n’est pas un rebondissement stratégique dans la saison 2025-2026 du Canadien.
Et pourtant, c’est peut-être l’un des moments les plus humains, les plus touchants et les plus révélateurs de toute la carrière d’entraîneur de Martin St-Louis.
Jeudi matin, à l’émission Salut Bonjour sur les ondes de TVA, le coach du CH s’est livré avec une sincérité qui touche droit au coeur.
Pas pour parler d’alignements, de Demidov, de power play ou de pression médiatique. Non. Il est venu parler de ce qu’il a vécu en silence depuis maintenant quatre ans : la séparation d’avec sa femme, Heather Caragol, et la solitude d’un homme qui a tout sacrifié pour coacher à Montréal… avec l’accord, mais aussi la douleur, de sa famille.
Et pour la première fois depuis longtemps, on l’a vu craquer.
« C’est la dernière année… »
Les mauvaises langues diront que c’était une entrevue “pour les matantes”. Ceux qui ne comprennent pas ce que signifie être séparé de sa famille pendant 10 mois par année n’y verront qu’un passage télévisuel banal.
Mais les autres, ceux qui suivent le parcours de St-Louis depuis 2022, ont compris. Ce jeudi-là, Martin a donné quelque chose de rare : un morceau de son intimité.
Il a expliqué que sa femme pourra enfin le rejoindre à Montréal en 2026-2027, à la fin des études secondaires de leur plus jeune fils, Mason.
« L’an prochain, elle va pouvoir me suivre », a-t-il lancé, visiblement soulagé, avec ce regard émotif qu’on reconnaît chez les hommes qui ont trop souvent retenu leurs larmes.
Pour lui, c’est la lumière au bout du tunnel. Heather, sa complice de toujours, celle qui a tenu le fort au Connecticut pendant que lui habitait seul à Montréal, pourra enfin s’installer avec lui.
Fini les FaceTime à minuit. Fini les soupers solo dans un condo impersonnel. Fini le quotidien déchiré entre deux vies. Il y aura enfin une maison. Une vraie. Un quotidien commun.
Ce moment a été précédé d’une anecdote qui en dit long sur leur dynamique. Lorsqu’il a reçu l’offre de coacher le Canadien, il avait promis à Heather qu’il ne quitterait la maison que pour un poste d’entraîneur-chef dans la LNH. Et même là, il disait : « T’en fais pas, ça n’arrivera pas. »
Et puis, c’est arrivé. Et elle a ri.
Elle savait ce que ça signifiait. Elle savait que, pour Martin, le CH représentait le sommet. Et malgré le vertige, elle l’a soutenu. Elle l’a laissé partir, en gardant les enfants, en tenant la maison, en gérant les saisons, les blessures, les émotions.
« Elle savait que je voulais coacher, mais j’acceptais seulement de partir pour être entraîneur-chef dans la LNH », a rappelé St-Louis.
Ce départ, c’était en 2022. Depuis, ils ont vécu trois saisons de séparation. Trois saisons où Heather a été la MVP de l’ombre. Trois saisons où Martin a dû apprendre à vivre loin de sa femme et de ses trois fils, dans une ville qui, ironiquement, l’avait toujours effrayé.
« Ma mère me disait : ne va pas à Montréal, c’est dangereux »
Dans la même entrevue, Martin a révélé une autre couche intime de sa vie : son rapport à Montréal.
Originaire de Laval, il a expliqué qu’il n’était presque jamais venu en ville pendant sa jeunesse, car sa mère, France St-Louis, le mettait en garde. Elle lui disait que c’était dangereux.
« J’avais 16-17 ans, l’âge de sortir, mais je n’y allais pas. J’étais un gars de banlieue. Les villes me faisaient peur. »
C’est d’autant plus ironique que c’est cette même ville qui, aujourd’hui, l’a adopté comme l’un des siens.
Et c’est aussi cette même mère, décédée subitement en 2014, qui lui disait autrefois : “Montre-leur, Marty.”
Il leur a montré. À la face du monde.
Il faut se rappeler que la saison 2025-2026 n’est pas anodine. Elle marque un tournant. Fini les années de développement. Le Canadien est maintenant vu comme un club prêt à gagner. La pression est immense. Et Martin St-Louis doit livrer.
Mais dans l’ombre de cette mission professionnelle se cache un combat personnel.
Depuis quatre ans, il mène une double vie. En public, il est l’entraîneur inspirant, le tacticien calme, le pédagogue respecté. En privé, il est un père à distance, un mari isolé, un homme épuisé.
Et tout ça, il le doit à une seule personne : Heather.
En 2026-2027, tout pourra recommencer.
Ce que l’entrevue à Salut Bonjour a révélé, ce n’est pas juste une date de réunion familiale. C’est une échéance symbolique.
Martin St-Louis pourrait vivre, pour la première fois depuis qu’il est entraîneur du CH, une saison complète avec sa femme à ses côtés.
En personne. À Montréal. Chez lui.
« C’est la dernière année de mon plus jeune à l’école secondaire », a-t-il dit. Comme s’il rayait un dernier jour sur un calendrier intérieur. Comme s’il se préparait enfin à respirer à nouveau.
Et ses trois garçons? Ils l'ont supporter à mille pour cent.
« Aimeriez-vous mieux que je reste à la maison ou que j’aille coacher le Canadien ? »
Ils ont tous répondu la même chose : « Va coacher le Canadien. »
Le père devait vivre son rêve.
Une entrevue pour les “matantes” ? Non. Une entrevue pour les humains.
Ceux qui se moqueront de cette entrevue en la qualifiant de “trop émotionnelle”, “pas de hockey”, “trop personnelle”, passent à côté de l’essentiel.
Ce que Martin St-Louis a offert, ce matin-là, ce n’est pas un moment de télé. C’est un témoignage. C’est une tranche de vie. C’est une confession d’un homme qui, malgré l’armure du coach, reste profondément vulnérable.
Et c’est ce qui fait de lui un entraîneur différent.
Un coach tellement humain.