Martin St-Louis s’échappe en direct: le plan de Kent Hughes dévoilé

Martin St-Louis s’échappe en direct: le plan de Kent Hughes dévoilé

Par Nicolas Pérusse le 2025-09-03

Le camp d’entraînement du Canadien a à peine commencé que déjà, les dées semblent lancés.

Kirby Dach, Patrick Laine et Ivan Demidov réunis sur la même glace, dans le même trio. Pas une rumeur. Pas un fantasme. Une réalité qui dit tout haut ce que Kent Hughes n’a jamais osé dire publiquement.

Le fameux deuxième centre tant attendu, le sauveur promis depuis deux ans, ne viendra pas de l’extérieur. Pas pour l’instant. Le DG a décidé de miser sur l’interne.

Et c’est Martin St-Louis qui, en alignant ce trio, vient d’officialiser la stratégie.

Le message est clair. Le Canadien commence la saison avec Kirby Dach comme pilier du deuxième trio. Pas d’échange choc. Pas d’arrivée miraculeuse. Hughes a demandé à St-Louis de bâtir son équipe autour de ce constat, on va tester Dach, coûte que coûte.

Cette décision n’est pas anodine. Tout l’été, les spéculations allaient dans une autre direction. Avec la marge créée par le contrat de Carey Price, avec la possibilité d’un gros échange, beaucoup de partisans croyaient que le CH frapperait enfin un coup. Pavel Zacha, Casey Mittelstadt, Mason McTavish… les noms ont circulé avec insistance.

Mais Hughes a tenu bon. Pas de raccourci. Pas de sauveur parachuté.

À la place, on remet tout entre les mains d’un joueur qui n’a jamais disputé une saison complète à Montréal. Un joueur dont les genoux sont déjà un sujet de conversation tabou. Un joueur qui divise. Hughes ne veut pas l’admettre, mais il joue sa réputation avec cette décision. Parce qu’il a payé cher pour amener Dach à Montréal. Alexander Romanov, parti. Frank Nazar, laissé filer.

Et aujourd’hui, Nazar brille déjà à Chicago, jusqu’à recevoir une invitation au camp olympique américain. Chaque but de Nazar est une claque en plein visage pour Montréal.

C’est ce poids-là que porte Dach en entrant sur la glace aux côtés de Laine et Demidov. Non seulement il doit prouver qu’il peut tenir son rôle, mais il doit aussi effacer les fantômes de Romanov et Nazar.

Ce trio n’est pas une expérience banale. C’est le laboratoire de St-Louis pour tester la patience de Hughes. Kirby Dach au centre, un des meilleurs snipers de la ligue à sa gauche, et un joyau offensif russe à sa droite. Si ça ne marche pas, rien ne marchera.

Le problème, c’est qu’on sait déjà que Dach n’aura peut-être pas 82 matchs pour faire ses preuves. L’organisation prépare en coulisses un plan de « load management ». Exactement comme Anaheim l’avait fait avec Leo Carlsson. Pas deux matchs en deux soirs. Des entraînements sautés. Une gestion de minutes chirurgicale. Le Canadien se protège, et protège surtout ses genoux. Parce qu’une troisième blessure majeure pourrait être la fin.

Et c’est là que la présence de Zachary Bolduc prend tout son sens. On l’a vu testé au centre dans les derniers jours. Pas seulement pour l’expérience. Pas seulement pour voir ce qu’il peut donner. Non, c’est une préparation. Bolduc est gaucher, capable de jouer dans l’axe. Il est peut-être la roue de secours prévue par Hughes pour les soirs où Dach ne pourra pas être là.

Il y a aussi Newhook, toujours disponible pour dépanner. Mais lui aussi n’a jamais prouvé qu’il pouvait tenir un rôle de deuxième centre à long terme. Et même si certains rêvent d’essayer Kapanen au centre, ce serait un pari audacieux, voire désespéré. La vérité, c’est que Hughes n’a pas de plan B idéal. Il a roues de secours. Bolduc, Newhook, Kapanen, tous des ajustements improvisés.

Voilà pourquoi tout repose sur Dach. Et voilà pourquoi son état d’esprit est crucial. Pour la première fois depuis son arrivée à Montréal, on sent chez lui une urgence nouvelle. Comme si l’échec n’était plus une option. Comme s’il avait compris que cette saison était sa dernière chance réelle de s’imposer comme le deuxième centre que le Canadien attend depuis une décennie.

Dach n’a plus d’excuses. L’an dernier, il avait perdu Laine trop tôt, blessé. Son jeu s’était effondré sans soutien offensif crédible. On l’avait baladé d’un trio à l’autre, parfois réduit à un rôle de bouche-trou. Cette fois, ce n’est pas le cas. Demidov est là, prêt à éclore. Laine est rétabli, affamé. Tout est en place pour donner à Dach les conditions parfaites.

Mais avec Nazar qui progresse à Chicago, chaque faux pas va peser deux fois plus lourd. Dach sait que son nom sera toujours lié à Nazar. Chaque fois que Nazar marquera, les partisans se rappelleront ce qu’ils ont perdu. Et chaque fois que Dach trébuchera, c’est tout l’échange qui semblera une erreur monumentale.

C’est pour ça que son regard a changé. C’est pour ça qu’on parle d’une mentalité différente. Dach entre dans cette saison comme un joueur qui n’a plus droit à l’erreur. Comme un joueur qui doit non seulement convaincre ses patrons, mais aussi exorciser ses propres fantômes.

Le Canadien, lui, a choisi son pari. Hughes ne veut pas précipiter une transaction majeure. Il ne veut pas céder des espoirs ou des choix pour un centre établi tant qu’il n’a pas la preuve que Dach est un échec définitif.

En attendant, il prépare ses filets de sécurité avec Bolduc et Newhook. Mais la stratégie est claire : on donne à Dach les clés du deuxième trio. On lui donne les meilleurs alliés. On lui donne une dernière chance.

La saison du Canadien repose donc sur une équation fragile. Si Dach réussit, Hughes apparaîtra comme un visionnaire qui a su attendre au bon moment. Si Dach échoue, l’organisation portera longtemps la cicatrice d’avoir sacrifié Romanov ou Nazar pour un joueur qui n’a jamais pu livrer la marchandise.

C’est une bombe à retardement. Une bombe qui peut exploser dans les mains de Hughes comme elle peut faire exploser le potentiel offensif du Canadien. Tout dépendra d’un joueur qui n’a jamais encore prouvé qu’il pouvait tenir la distance.

Et c’est là toute la beauté, et tout le danger, du plan dévoilé par Martin St-Louis sur la glace du camp. Ce n’est pas qu’un trio d’entraînement. C’est la vision de Hughes qui prend forme. C’est l’avenir du Canadien qui se dessine.

Kirby Dach, Patrick Laine, Ivan Demidov. Trois noms qui font rêver. Trois noms qui pourraient transformer le CH. Mais derrière le rêve, il y a une vérité cruelle : tout repose sur un joueur fragile, pressé par le temps, hanté par Nazar, et menacé par ses propres genoux.

Et c’est pourquoi, au moment où St-Louis les a réunis, ce n’était pas seulement une combinaison de camp. C’était une déclaration.

Le Canadien a fait son choix. Le deuxième centre, c’est Dach.

Pour le meilleur… ou pour le pire.