Le Canadien gagne encore, mais gagne encore de la mauvaise façon.
Face aux Sénateurs d’Ottawa, sans Brady Tkachuk en plus, le CH menait 2-0, contrôlait le match, puis tout s’est effrité.
Comme contre Seattle, comme contre Edmonton, comme contre les Rangers.
Ce n’est plus un accident, c’est un pattern.
Et même après la victoire arrachée en prolongation, Martin St‑Louis ne s’est pas caché.
Il aurait pu sourire, dire que deux points c’est deux points, mais non. Il a préféré dire la vérité.
« C’est bon pour la confiance de gagner comme ça, mais on ne veut pas toujours jouer avec le feu. »
Parce que oui, Cole Caufield a encore marqué.
Oui, Nick Suzuki a encore amassé des points.
Oui, Lane Hutson et Ivan Demidov ont arraché l’égalisation encore une fois comme des vétérans.
Mais le Canadien joue constamment sur le fil. Il frappe vite, il prend l’avance… et il s’endort.
Et c’est là où Martin St‑Louis devient intéressant : il ne s’enfarge pas dans les fleurs.
« On sort fort, on recule, puis on se reprend… ce n’est pas une recette durable. »
C’est exactement ça. Montréal est spectaculaire, mais Montréal est fragile.
Le pire dans tout ça? Ça devient une habitude. Tu mènes 3-0 contre Seattle, tu l’échappes.
Tu mènes 5-3 contre Edmonton, tu l’échappes.
Tu mènes 2-0 contre les Rangers, tu l’échappes.
Et pendant que tout le monde applaudit les buts en prolongation, le coach, lui, pense déjà à la prochaine fois.
Parce qu’il le sait : si tu joues comme ça contre le club de Winnipeg en santé, contre les Stars, contre les Panthers ou le Lightning, tu te fais punir.
Pas de miracle, pas de prolongation, tu perds.
St‑Louis l’a dit : « On donne des chances de qualité à l’adversaire, et ça ne pardonne pas dans cette ligue. »
C’est ça, le vrai problème. Ce n’est pas un manque de talent. Pas un manque d’effort. C’est un manque de constance, de maturité et de dureté mentale.
Tu sens que ce groupe veut bien faire, mais qu’il n’a pas encore appris à gagner comme une vraie équipe de série.
Et ça, à un moment donné, ça se paie. Parce que tu ne peux pas éternellement compter sur ton trio Suzuki–Caufield–Slafkovsky pour te sortir du trou, ni sur une passe magique de Demidov ou Hutson pour masquer toutes tes failles.
Et c’est là qu’on comprend le message de St‑Louis. Il ne chiale pas. Il ne casse pas ses joueurs.
Mais il met le doigt sur la plaie. « Il y a des erreurs de jeunesse, mais il faut qu’on apprenne rapidement. »
Ça veut dire : oui, c’est normal de faire des erreurs… mais le temps des excuses commence à tirer à sa fin.
Le Canadien ne peut pas rester éternellement l’équipe sympathique qui surprend.
À un moment donné, il faut devenir l’équipe qui ferme les livres, qui étouffe l’adversaire, qui ne donne plus d’air.
Mais soyons honnêtes : si Montréal s’en tire encore, c’est parce qu’il y a du talent à revendre.
Ivan Demidov joue comme s’il était dans la LNH depuis cinq ans.
Lane Hutson a encore eu l’air du gars qui n’a pas peur de faire la différence, même à 21 ans, même quand ça compte.
Suzuki continue sa saison irréprochable. Caufield, encore une fois, a montré pourquoi il est l’un des meilleurs marqueurs purs de la ligue.
Mais même eux, tu sens qu’ils en ont marre de courir après les matchs. Ils veulent tuer le match quand ils le peuvent.
Ce qu’on retient, ce n’est pas juste la victoire.
C’est le visage de Martin St‑Louis en point de presse. Pas fâché. Pas satisfait non plus. Juste lucide.
On dirait un coach qui sait que ce genre de scénario ne tiendra pas jusqu’en avril. Et il a raison. Parce que oui, Montréal gagne.
Oui, Montréal est spectaculaire. Mais Montréal n’est pas encore une équipe complète.
Et ça, c’est peut-être la chose la plus honnête qu’on ait entendue depuis le début de la saison.
À suivre...
